Le Monde s’intéresse aux vidéos «dégoûtantes» de Bouachrine

L’affaire Bouachrine fait du bruit, même à l’international. Le quotidien français Le Monde a fait paraître aujourd’hui un long article sur le sujet. Son auteur évoque à la fin de cet article le climat de suspicion et de confusion qui aura empêché les questions de fond d’être posées, notamment celle du harcèlement sexuel dans les rédactions marocaines, une réalité répandue mais toujours taboue.

Une problématique qui mérite de faire autant de bruit que l’affaire Bouachrine.

Au préalable, l’auteur explique le fond de ce dossier dont une cinquante de vidéos «dégoutantes » constituent les pièces à conviction. Ce faisant, il revient sur le témoignage de Ouidade Melhaf. Pourquoi cette plaignante en particulier parmi une quinzaine d’autres. «Elle est pratiquement la seule qui accepte de témoigner dans la presse, à visage découvert», souligne l’auteur de l’article du Monde, avant de reprendre son récit :

«Jeune journaliste, Ouidade Melhaf a collaboré avec Akhbar Al-Youm comme pigiste dès 2013, jusqu’à ce qu’un poste fixe lui soit proposé. Ce 26 janvier 2015, elle a rendez-vous à 17h30 dans le bureau de M. Bouachrine pour discuter de son contrat. « Il a fermé les portes, raconte-t-elle, attablée dans un restaurant de Casablanca. Il s’est assis sur le canapé, m’a dit que je lui plaisais et a commencé à me toucher. Je lui ai dit non, j’ai essayé de prendre mes affaires, mais il m’a forcée à l’embrasser. » Au bout d’un moment, Ouidade Melhaf explique avoir été sur le point de tomber dans les pommes. « Là, il m’a donné une bouteille d’eau, m’a demandé de lui pardonner, expliquant qu’il n’arrivait pas à se contrôler.»

…«Ouidade Melhaf sera appelée par la police judiciaire le dimanche 25 février 2018, soit deux jours après l’arrestation de M. Bouachrine. Les policiers lui montrent deux courtes séquences vidéo. « J’ai confirmé que c’était bien moi sur les images », explique-t-elle avant de répondre à la sempiternelle question : « Je n’ai rien dit avant, car, en 2015, je n’avais pas de preuves, et personne ne m’aurait crue. » Comme elle, quatre autres femmes se sont présentées à la barre pour dénoncer des agressions de la part de l’éditorialiste.

Le Monde rappelle que le directeur d’Akhbar Al-Youm a été arrêté le 23 février dans les locaux du journal et aussitôt incarcéré. Il est accusé de « traite d’êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol ».