Genève sent le gaz
Vincent HERVOUET

Langueur d’une soirée d’été (enfin !) sur les bords de Seine. Le quai d’Orsay est désert mais le cabinet du ministre s’agite. Laurent Fabius vient d’annoncer publiquement à la télévision que la France détient la preuve que des gaz chimiques ont été utilisés en Syrie. Son équipe étale les preuves en question devant quelques journalistes. Ils sont méfiants : tout le monde se souvient du numéro de Colin Powell exhibant des fioles au nez du Conseil de sécurité pour prouver au monde que Saddam Hussein représentait une menace de destruction massive… Les diplomates français racontent comment des prélèvements ont été opérés sur des victimes, combien, où, à quelle date… Ils relatent l’acheminent des échantillons, leur analyse par un laboratoire habilité dépendant du ministère de la Défense. Les renseignements sont assez précis, le récit crédible. Reste une question : pourquoi ? Pourquoi Bachar El Assad utiliserait-il cette arme interdite alors que les Américains en ont fait une ligne rouge à ne pas franchir, sous peine de les forcer à intervenir ? Les Français prétendent que le régime teste ainsi la communauté internationale et vérifie jusqu’où il peut aller trop loin. L’explication peine à convaincre. Même malaise quand il s’agit de comprendre pourquoi Paris tient à tout prix à révéler au monde l’emploi de ce gaz sarin. Les haut-fonctionnaires mettent en avant le souci de vérité. Il est louable mais anime si rarement les diplomates qu’on doute de leur sincérité. Cacher des crimes avérés relève bien de la complicité mais uniquement devant un tribunal, genre Cour pénale internationale et il semble prématuré de mettre au frais le champagne à sabler pour fêter le transfert à La Haye de Bachar el Assad. En attendant ce jour béni, le quai d’Orsay désespère de la Coalition de l’opposition syrienne qui s’avère impossible à raisonner, impuissante à s’organiser, incapable de s’entendre sur une délégation à envoyer à Genève. L’espoir d’une solution politique s’estompe. Russes et Américains avaient fait le pari d’une conférence internationale. Moscou a fait sa part de chemin en obligeant le régime syrien à accepter la négociation d’un nouveau partage du pouvoir et c’est d’autant plus facile que Bachar n’est pas forcé d’annoncer son retrait et que son armée enchaine les victoires. A la France revenait le fardeau de convaincre ses protégés de la Coalition syrienne de former une délégation dotée des pleins pouvoirs. Après deux semaines de palabres, le fiasco est patent. En sonnant le tocsin sur le Sarin, Paris tente de changer le rapport de forces. En mettant la pression sur le régime. En mettant aussi au pied du mur le conseil de sécurité, les Russes et les Américains. Les militaires diraient que la manœuvre est habile mais désespérée. En tout cas, quand Laurent Fabius martèle que toutes les options sont sur la table, on comprend qu’il n’y en a plus aucune et que la conférence de Genève est mort née.

L’Unesco n’a pas d’odeur

François Hollande aux anges sur l’estrade de l’Unesco. A ses côtés, les chefs d’Etat africains qui ont fait le voyage pour assister à la remise du prix Houphouët-Boigny pour la recherche de la Paix. Les discours sont trop longs, certains en profitent pour consulter leurs courriels sur leurs téléphones ! C’est en faisant la guerre aux salafistes du Mali que F. Hollande a mérité un prix pour la paix. Illustration imaginative et paradoxale du vieil adage romain : « si tu veux la paix, prépare la guerre » ! La vraie curiosité, c’est de voir le président se couler dans ces habits qui n’ont pas été taillés pour lui et dans lesquels il ne s’imaginait pas. Mais il encaisse tant de critiques à l’intérieur qu’il prend goût aux horizons lointains. Il a si peu d’amis en Europe, qu’il en vient à apprécier les flatteries de ses pairs africains. L’an dernier, il n’avait encore jamais mis les pieds en Afrique noire. A Noël, il continuait de tordre le nez en recevant ses homologues à l’Elysée et évitait de les raccompagner au perron. Aujourd’hui, il les accueille jovial avec sa compagne comme s’il recevait des présidents de conseils généraux à un banquet républicain et ensemble, ils gagnent l’Unesco en grand équipage ! Son entourage dénonçait les réseaux, les vieilles habitudes héritées de la colonisation, tout ce qu’on met sous le vocable « France-Afrique » et prétendait qu’il n’y aurait plus d’exception africaine. On parlait même de fermer les bases militaires sur le continent. On promettait la traque des biens mal acquis. Un an plus tard, on réalise que cette rupture était sémantique. Au fait, le prix d’un montant de 150 000 euros que parraine l’Unesco est entièrement financé par la Fondation Houphouët-Boigny. Se demander d’où vient l’argent et d’où vient la fortune léguée par l’ancien président ivoirien serait sans doute déplacé. Il ne manquerait plus qu’un juge ait l’idée saugrenue d’y chercher la trace de biens mal acquis ! как готовить пасту с беконом