L’Immigration, implosion de l’Europe
Ahmed Charai

Mardi dernier, Angela Merkel et Emanuel Macron, se sont réunis pour essayer de proposer une réponse unifiée au phénomène migratoire. C’est peine perdue parce que ce sujet est idéologisé, qu’il ne relève plus de la gestion responsable, mais des passions. La coalition au pouvoir en Allemagne est en train d’exploser, les Italiens ont voté en faveur d’un néo-fasciste qui trouve « malheureux » d’être obligé de garder les ROM italiens. Les peuples européens sont divisés entre l’humanisme, valeur qui a porté la construction européenne et la difficulté d’intégration des nouveaux arrivants. Et ce dans un contexte mondial où l’essentialisme est facteur de conflits quasi-génocidaires. L’Italie, la Grèce et l’Espagne sont en première ligne, pour une question de géographie. L’accord avec la Turquie a allégé la Grèce. Le Maroc encaisse le choc pour l’Espagne, mais la Libye gangrène les côtes italiennes. L’accord de Dublin est une hérésie technocratique. L’Italie ne peut pas supporter tout le choc migratoire, alors que les 26 autres pays de l’Union européenne, refusent d’accueillir quelques milliers de refugiés. Les réponses politiques actuelles en Europe, répondent d’abord aux évolutions des opinions publiques locales. Elles ne sont pas rationnelles, pas du tout tenables sur le terrain. La reconduction aux frontières par exemple, est un échec. Imposer des quotas à des pays signifierait que l’Union européenne a atteint le stade du fédéralisme, ce qui est loin d’être le cas. Les demimesures, les effets de manche, sont d’une rare inconsistance. Le problème est plus grave, les guerres, les sécheresses, vont pousser des millions d’Africains vers l’Europe. Gérer le flux, comme seule perspective, va faire imploser l’Union européenne. La solution serait de s’attaquer à la source du flux migratoire. Le co-développement n’est pas un slogan. Kabila commerce avec l’Europe, les jeunes congolais sont hyperreprésentés dans le flux des migrants. Le Niger fournit à la France l’uranium qui fait vivre son industrie nucléaire. C’est une plaque tournante du flux ‘’migratoire’’. L’Europe doit comprendre qu’il faut réagir à la racine. Aider tous les pays pourvoyeurs de migrants à installer une économie autre que vivrière est une nécessité. Mais après, il faudra maintenir une grande pression sur les questions de bonne gouvernance et du respect des droits de l’homme. Des régimes dictatoriaux sont soutenus par des Etats européens et font partie des Etats pourvoyeurs de migrants. Le co-développement c’est une approche globale qui peut être une réponse au phénomène migratoire.