Football, la communion et après ?
Ahmed Charai

Des dizaines de milliers de Marocains ont fait le déplacement en Russie. Ils ont été admirables à tout point de vue. Ils se sont montrés ouverts aux autres, et surtout ont affiché une immense fierté nationale.

Malgré les résultats, les Marocains, dans leur extrême majorité, sont fiers de leurs joueurs, de leur vaillance, de cet esprit conquérant qui a caractérisé leur parcours. Ils se sont bien battus, le peuple en est satisfait.

Cette communion, cette expression d’une fierté nationale, d’un désir très fort de joie, de célébration collective, d’une volonté collective, au-delà des classes sociales, de se retrouver autour d’un fanion, même s’il ne s’agit que de football, est la marque des grandes nations.

Le peuple marocain a prouvé son attachement à notre devenir collectif. Il a aussi montré son respect, pour ceux qui font leur possible, se donnent à fond, même si les résultats ne suivent pas. Les Marocains ne demandent pas que les coiffeurs rasent gratis, ils veulent juste que chacun fasse son boulot, au mieux possible, que l’école et l’hôpital soient aux standards internationaux. Cette faveur doit interpeller le gouvernement. Pourquoi est-ce qu’il ne suscite

aucune empathie auprès de ceux-là même qui l’ont élu ?. Pourquoi est-ce qu’un joueur, Lamrabet en l’occurrence, est élevé au rang de héros national alors que tous les ministres sont stipendiés ? C’est une vraie question. Que les Marocains aiment leur pays, qu’ils soient prêts à tous les sacrifices pour sa défense, éventuellement pour sa gloire,

cela ne fait aucun doute. Mais c’est une force, une énergie, que l’on utilise rarement, pour ne pas dire jamais. Les Marocains qui ont des difficultés immenses à accéder aux soins, qui voient que l’école n’assure plus l’éducation de leurs enfants, qui n’arrivent plus à subsister, mais qui vibrent avec l’équipe nationale, se posent la question de l’appartenance dix minutes après la fin du match.

Le gouvernement, l’opposition, l’ensemble de la classe politique doivent se poser une question unique : comment faire de cette fibre patriotique un moteur de la construction du projet marocain ? La réponse est inscrite dans la question. Il faut des services publics au niveau, une vision sociale inclusive et des objectifs clairs. Le Marocain adore le Maroc, c’est aux politiques de lui prouver que son pays fait du mieux possible pour lui, pour ses enfants.

Au moindre résultat tangible, l’adhésion sera au rendez-vous. Mais, question résultat, jusqu’à maintenant, il n’y en a pas !