Egypte, l’armée lance un ultimatum

L'armée égyptienne a donné, lundi, un ultimatum de 48 heures aux forces politiques égyptiennes pour satisfaire les revendications des manifestants, descendus massivement dimanche dans les rues pour réclamer la tenue d'une élection présidentielle anticipée. Dans une allocution télévisée, le chef de l'état major des forces armées égyptiennes, Abdelfattah Al Sissi a exprimé "la considération pour les revendications des manifestants", mettant en garde contre les répercussions de la poursuite de cette crise sur l'avenir du pays.

Les forces armées ont réitéré l'appel pour la satisfaction des revendications du peuple, qui ont été "exprimées d'une manière sans précédent " et que le pays ne peut plus se permettre de perdre du temps. Tout en accordant 48 heures à toutes les parties pour résoudre cette crise, le chef de l'Etat major a indiqué que l'armée présenterait sa propre "feuille de route" pour sortir de la crise si les politiques n'arrivent pas à s'entendre.

L'opposition avait appelé les Egyptiens à poursuivre les mouvements de désobéissance civile et les sit-in jusqu'à ce qu'ils obtiennent le départ du président issu des Frères musulmans. Les organisateurs des manifestations, le "Front du 30 juin", ont annoncé dans un communiqué leur intention de mener mardi soir une grande marche en direction du palais présidentiel si Mohamed Morsi, qu'ils accusent de dérive autoritaire, n'a pas démissionné avant 17h00 (15h00 GMT) ce jour-là.

Au moins 24 personnes ont été tuées dans tout le pays en marge de manifestations, dont huit dans des affrontements entre pro et anti-Morsi au Caire et lors des affrontements similaires éclatés en milieu de semaine dernière. En réaction, cinq ministres égyptiens ont présenté lundi leur démission en protestation contre les événements sanglants qui ont fait seize morts et des dizaines de blessés.

Selon la télévision d'Etat égyptienne, les ministres du Tourisme, des télécommunications, des Affaires juridiques et parlementaires, de l'Environnement et de l'Eau ont tenu une réunion d'urgence lundi matin au terme de laquelle ils annoncé avoir remis ensemble leurs lettres de démission au Premier ministre Hicham Qandil. La même source a précisé que cette démission intervient en protestation contre les événements sanglants qu'ont connus les différents gouvernorats du pays pour réclamer le départ du président Mohamed Morsi.

Pour sa part, l'institution Al-Azhar a exprimé son inquiétude face à la présence d'hommes armés dans les manifestations "pacifiques" qui secouent le pays.  "Al-Azhar suit ce qui se passe avec une profonde inquiétude, en particulier les informations sur les victimes et l'arrestation de passeurs d'armes qui semblent avoir infiltré les rassemblements pacifiques", a indiqué dans un communiqué l'institution basée au Caire, qui dit redouter un "nouveau bain de sang". "Al-Azhar ne peut pas ignorer ce qui se passe ou rester les bras croisés pendant que ces groupes infiltrent les rangs des manifestants pacifiques, apportant toutes sortes d'armes dans le but de plonger le pays dans des confrontations qui mèneront Dieu seul sait où", a poursuivi l'institution. L'institution religieuse a exhorté tous les acteurs de l'Etat à "prendre des mesures immédiates pour désarmer et arrêter ces gens" et lancé un appel général au calme. En revanche, les frères musulmans ont déclaré qu'ils ne toléreraient plus les attaques contre les institutions après la mise à sac de leur quartier général au Caire à l'issue des manifestations organisées dimanche par l'opposition. Le porte-parole de la confrérie, jihad Haddad, a ajouté que la formation de milices d'autodéfense, sur le modèle des "comités de défense populaire" formés pendant la révolution contre Hosni Moubarak en 2011, était l'une des pistes étudiées. "Il est très dangereux qu'une partie de la société utilise la violence comme un moyen d'obtenir le changement, car cela pourrait inciter d'autres à faire de même", a dit le porte-parole en critiquant l'absence des services de sécurité autour de leur quartier général alors que nombre de leurs permanences avaient déjà été attaquées au cours de la semaine écoulée dans plusieurs villes.

Dimanche, des millions de manifestants sont descendus dans les rues pour dénoncer une dérive autoritaire du chef de l'Etat et les Frères musulmans visant à accaparer tous les pouvoirs, les accusant d'avoir trahi les objectifs de la révolution, dont la justice sociale et le respect des libertés individuelles. Ils manifestent aussi pour protester contre la dégradation des conditions de vie et la détérioration de la situation économique et sécuritaire dans le pays.

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