Les adlistes tiennent toujours à leur revendication d’un tourisme conforme à ses critères religieux. Le sheikh de la Jamaa veut qu’il y ait des plages réservées aux islamistes et fustige le ministère de l’Intérieur qui obéit, selon un membre de l’association à une minorité qui veut imposer sa loi. Pour les idéologues de la Jamaa, les femmes et les hommes qui revendiquent des plages « halal » sont donc plus nombreux que ceux qui veulent la liberté. Ce qui n’est conforté par aucune étude. Mais comme d’habitude Al Adl Walihssan s’autorise à faire les déclarations qui correspondent à ses orientations. D’un point de vue purement humain, c’est vrai, chacun peut revendiquer un morceau de plage, où il pourra se rafraîchir à sa manière. Par contre, on ne peut pas se réserver un bien public et exclure les autres d’un plaisir qui fait partie de leurs droits les plus élémentaires. En 1998, la Jamaa avait perturbé les plages, en organisant des campings halal, avec prières et chants religieux. Aujourd’hui, elle y pense, mais, devant la fermeté des autorités, le Sheikh affirme que son association n’a pas que cette forme de manifestation et qu’elle dispose d’un ensemble d’actions tout aussi efficaces. Quoi qu’il en soit, la Jamaa a une idée très spéciale sur le corps. Alors que les femmes doivent se couvrir et nager, vêtures de la tête aux pieds, les hommes, eux, peuvent mettre le maillot. Ce qui veut dire que les corps nus des hommes ne créent pas l’envie chez les femmes. Seul le corps de la femme excite l’homme. Le diable est dans le corps de la femme, pas dans celui de l’homme. La Jamaa fonctionne ainsi avec une série d’interdits, toujours au bénéfice des hommes. Premièrement, elle interdit aux femmes de mettre le maillot et deuxièmement tend à interdire les plages halal aux femmes qui mettent la tenue de plage. Situation qui a donne lieu à des créations vestimentaires pour le moins drôles. Ainsi, les femmes peuvent mettre un maillot halal, une sorte de tenue qui cache tout le corps, y compris la tête. Une tenue drôle et qui, malgré tout, laisse deviner le corps qu’on a voulu si violemment cacher. Les idées de l’association de Sheikh Yacine auraient pu paraître normales si elles n’étaient aussi totalitaires. Tout le monde doit se comporter de la même manière, se vêtir de la même manière et chanter les mêmes chants, au rythme des seuls bendirs (percussions halal). Or, le Maroc s’est engagé dans le respect de droits de l’homme tels qu’ils sont universellement reconnus et poursuit son avancée dans ce domaine. Il n’y aura donc pas de recul. La mode de l’islamisme universaliste passera, comme ont passé toutes les idéologies qui se sont opposées aux libertés de base des femmes et des hommes.