
Taux élevé de décrochage scolaire, inégalités socio-spatiales dans l’accès à l’éducation, faible maîtrise des langues, taux de chômage alarmant parmi les jeunes diplômés... Les maux de l’enseignement ne manquent pas. Les stratégies mises en place tardent à porter leurs fruits.
Selon les données du Haut-commissariat au plan (HCP) publiées en Février dernier, au Maroc, le chômage touche plus de quatre jeunes urbains sur dix. A la fin de 2017, le pays a enregistré un taux de chômage de 10,2% contre 9,9% une année auparavant. Surtout, celui-ci touche principale- ment les jeunes âgés de 15 à 24 ans (26,5%), avec un taux qui culmine à 42,8% en milieu urbain. Entre les premiers trimestres 2017 et 2018, le taux a baissé relativement de 10,7% à 10,5%. Toutefois, cette baisse ne concerne aucunement les jeunes (âgés de 15 à 24 ans) surtout ceux habitant dans les villes. Ces derniers ont vu leur taux de chômage grimper de 2 points ! En dépit d’un meilleur taux de croissance observé en 2017 (4%) par rapport à 1,2% l’année précédente, l’économie nationale n’a pas créé suffisamment d’emplois par rapport au nombre de jeunes arrivés sur le marché du travail. En chiffres, la création d’emplois au Maroc a considérablement baissé, passant de 30.000 postes par point de croissance à 10.500 entre les périodes 2000/2008 et 2009/2017. À cela s’ajoutent le ralentissement de la croissance et la baisse continue du taux d’activité qui ne dépasse pas, en 2017, 46 %, contre 54 % dans les années 2000.
Inadéquation offre Vs demande
Selon les données du HCP, les diplômés sont, par ailleurs, davantage exposés que les personnes n’ayant suivi aucune formation. Ici se pose un para- doxe. D’un côté, les établissements d’enseignement supérieur et de formation professionnelle sortent des milliers de diplômés au marché de l’emploi. Et de l’autre côté, plusieurs entreprises ont du mal à trouver des profils et des compétences qui corres- pondent à leurs besoins en ressources humaines. Une inadéquation qui ne fait qu’aggraver le pro- blème du chômage des jeunes. Il augmente d’en- viron 21 % parmi les diplômés d’initiation profes- sionnelle, à 26 % parmi les diplômés spécialisés, à 29 % parmi les qualifiés et à près de 27 % parmi les techniciens spécialisés. En termes de déclas- sement, les diplômés de la formation professionnelle enregistrent un taux global de déclassement trois fois supérieur à celui affectant les diplômés de l’enseignement général, avec respectivement 33,6 % et 11,6 %.
Selon le HCP, ce déclassement est dû à la faible adéquation des diplômes avec les offres d’emploi du marché, et la faiblesse du niveau des diplômés. Le déclassement touche particulièrement les secteurs comme l’agriculture, la sylviculture, la pêche, l’industrie extractive et manufacturière, et le BTP. Inversement, les déclassements baissent dans les professions qui recrutent sur la base d’un référentiel strict de compétences tels que la santé, le système financier, la sécurité, ou encore l’administration publique. L’une des solutions préconisées par le HCP est la spécialisation dans les études. Selon le Haut commissariat, plus le diplôme de l’enseignement général est élevé, plus le taux de chômage est faible sur deux phases de diplôme. Du diplôme de secondaire collégial jusqu’au diplôme des études universitaires, le taux de chômage passe de 22,4 % à 15,1 % respective- ment. La seconde phase démarre avec la licence et va jusqu’au diplôme de doctorat, avec 18,9 % pour les licenciés, 15,9 % pour les diplômés du DEA/ DES/Master, 7,7 % pour les ingénieurs/cadres supérieurs et 3,9 % pour les docteurs. Aujourd’hui, le gouvernement est appelé à revoir en profondeur les spécialités de la formation pro- fessionnelle pour qu’elles répondent aux besoins des entreprises et du secteur public, et à mettre en place, au niveau de chaque établissement, un programme obligatoire pour la mise à niveau des étudiants et des stagiaires en langues étrangères.