Nasser Bourita: "Le Maroc n'est ni le gendarme, ni le concierge de l'Europe" (Audio)
Dans une interview accordée, ce dimanche, à la chaine radio française Europe1 dans le cadre de l'émission d'"Europe Soir week-end", le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a expliqué les raisons profondes de la crise qui a ébranlé les relations maroco-espagnoles et a répliqué aux arguments avancés par Madrid.

Nasser Bourita
Nasser Bourita n'a pas mâché ses mots en répondant aux questions d'Europe1sur l'actuelle crise maroco-espagnole. Concernant la crise migratoire dont Madrid veut faire assumer l'entière responsabilité à Rabat, Bourita affirme: "pour moi, c'est d'abord une crise migratoire née d'une crise politique entre deux partenaires". Une crise dont la responsabilité impute à l'Espagne, tranche le ministre.
Chiffres à l'appui, le haut responsable marocain montre les efforts colossaux consentis par le Maroc pour endiguer les flux migratoire. "Durant quatre ans, le Maroc a démantelé 8.000 cellules de trafic d'êtres humains, 14.000 tentatives de migration clandestines, dont 80 sur la ville de Ceuta", indique-t-il. Et le ministre d'ajouter: "le Maroc n'a pas l'obligation d'agir, le Maroc n'est ni le gendarme, ni le concierge de l'Europe. Il le fait en partenaire".
"Madrid a créé une crise et veut la faire assumer à l'Europe", insiste-t-il, en soulignant qu'on ne peut pas manigancer le soir contre un partenaire, et lui demander le lendemain d'être loyal.
Le ministre insiste sur le "problème de confiance" qui se pose aujourd'hui entre le Maroc et l'Espagne, en déplorant l'"attitude hostile" des autorités espagnoles. Cependant, il assure que la crise de la Ceuta ne change pas les relations marocaines avec l'Union européenne."L'Espagne n'a pas consulté l'Union européenne avant d'accueillir sous un faux nom Brahim Ghali, l'Espagne n'a pas consulté le Maroc. Madrid a créé une crise et veut la faire assumer à l'Europe", poursuit Nasser Bourita.
Pour ce qui est des perspectives d'avenir, Nasser Bourita interpelle une nouvelle fois l'Espagne : "C'est à eux de trouver la solution." Et de prévenir : "Si l'Espagne pense que la crise pourrait être résolue en exfiltrant le monsieur [Brahim Ghali Ben Battouche, ndlr] par les mêmes procédés, c'est qu'ils cherchent le pourrissement, l'aggravation de la crise, voire même la rupture."