Plasturgie. Vers une industrie locale
Pour les professionnels de la plasturgie, la crise du covid a été riche en enseignements. L’heure est la mise en place d’une industrie locale compétitive. Encore faut-il lever quelques distorsions.
Mounia Kabiri Kettani
Les professionnels de la plasturgie misent sur une industrie locale
Les professionnels de la plasturgie misent sur une industrie locale
«La crise du covid nous a fait prendre conscience de la nécessité d’avoir une industrie locale forte et compétitive », lance d’emblée le président de la fédération marocaine de plasturgie, Hicham El Haid lors d’une rencontre dédiée à l’annonce de l’organisation du forum-exposition internationale de la plasturgie. Il ajoute aussi que « cette crise sanitaire est un accélérateur de réintégration de beaucoup d’industries jusque là concurrencés déloyalement ». En effet, l’industrie porte les espoirs des états à relancer leurs économies, impactés par la crise sanitaire directement ou indirectement. Les industriels, notamment les plasturgistes veulent participer fortement à la relance. Cette dernière sera d'ailleurs le thème central du forum qui sera organisé entre le 16 et le 23 juin prochain virtuellement. 300 décideurs de la profession des plastiques nationaux et internationaux des secteurs public et privé (PDG, Directeurs Généraux, directeurs centraux, directeurs de division, plasturgistes...) seront au rendez-vous.
Freins à lever
Aujourd’hui, le secteur de la plasturgie compte plus de 600 entreprises et emploie 75.000 personnes directement et quelques 350.000 indirectement. Le Secteur pèse près de 28 MMDH et entend doubler son chiffre d’affaires à l`horizon 2023. La crise du covid a été donc une occasion pour le secteur de revoir ses fondamentaux. «Une industrie locale est nécessaire pour la souveraineté du pays. Toutes la parties prenantes travaillent aujourd’hui dans ce sens et tous les ingrédients sont là pour atteindre cet objectif », insiste Hicham El Haid. Cependant, des freins restent à lever. Selon le président de la FMP, il ne s’agit que de petites distorsions à régler. Et pour détailler il ajoute «il y a d’abord les régimes préférentiels ou il n’y a pas de neutralité de TVA entre l’importateur du produit fini et celui de la matière première qui transforme localement. Ces régimes nous portent préjudice. Ensuite il faut aussi régler la problématique des marchés publics. Nous estimons que ces marchés sont financés par l’argent du contribuable d’où la nécessité de donner la priorité aux nationaux ».
Un écosystème vert dans le pipe
Pour réduire les importations, les plasturgistes misent aussi sur le recyclage du plastique. Un gisement estimé selon Monsif Charai, le président de l’association marocaine de recyclage et de valorisation des déchets plastiques (AMRP) à quelques 700.000 tonnes de déchets banals. Or, si le pays produit 1 million de tonnes de déchets plastiques, il n’en recycle au mieux que 15 à 20% sans compter que l’informel qui continue de miner le secteur. «Nous militons pour que ce gisement soir récupéré et réintroduit dans le circuit de production et la transformation », déclare Monsif Charai avant d’ajouter que le travail est en cours e partenariat avec les pouvoirs publics pour la mise en place d’un écosystème vert qui permettra l’émergence d’une industrie de recyclage, jusque là, peu développé. « Cet écosystème devrait mettre le secteur sur de bons rails », conclut Monsif Charai.