Relance culturelle. Les professionnels veulent un allègement fiscal
Si la décision du gouvernement d’alléger à partir du 1er juin les mesures sanitaires dans les lieux de spectacle et les espaces culturels réjouit certains professionnels du secteur, d’autres dressent un tableau pessimiste quant à la reprise de ce secteur asphyxié par la pandémie après plus de 15 mois de fermeture.
Kawtar Firdaous
Plus de quinze mois de fermeture
La décision du gouvernement de rouvrir les espaces culturels à partir du 1er juin est une très bonne nouvelle pour les artistes et le public. Désormais, les théâtres, salles de cinéma, centres culturels, bibliothèques, musées, monuments et salles de fêtes pourront opérer à hauteur de 50% de leur capacité. Ceci étant, « si après plus d’un an et demi de fermeture, ces espaces reprennent vie, cela ne veut pas dire que la relance du secteur est pour demain », préviennent les professionnels.
« La culture, fondement élémentaire de notre vie et nos sociétés »
« Les portes de la culture s’ouvrent. Nous nous réjouissons de l’ouverture des lieux de vie, nous confie le Président de la Fondation Nationale des Musées du Maroc, Mehdi Qotbi. À la Fondation Nationale des Musées, nous avons gardé nos musées ouverts depuis juillet 2020, dans le strict respect des mesures sanitaires et avons permis aux Marocains de s’échapper à la morosité ambiante par l’Art et la Culture, devenues essentielles à notre quotidien. Nous célébrons cette culture comme un fondement élémentaire de notre vie et de nos sociétés ».
« C’est l’ouverture des frontières qui va changer la donne ! »
Pour ce qui est de la réouverture des galeries d’art, elle n’aura une réelle signification que si les frontières s’ouvraient. Pour Hicham Daoudi, fondateur et directeur de la galerie « Comptoir des mines » à Marrakech, la réouverture des espaces culturels est « un grand retour à la convivialité, aux gestes plus simples et aux visages amicaux. Au Maroc, dit-il, les gens ont eu la chance de continuer à voir les œuvres dans les galeries d’art en vrai pendant que la clientèle étrangère les voyait en mode digital. Mais je pense que c’est l’ouverture des frontières qui changera la donne ! ».
« L’objectif est de démarrer avec des films marocains »
Ravis d’apprendre la nouvelle de la réouverture des lieux culturels, les propriétaires des salles de cinéma précisent que le respect de la distanciation posera plus de problèmes pour les petites salles que pour les grandes salles pouvant accueillir jusqu’à 1000 places. « Remplir l’espace à hauteur de 50% dans une petite salle est un peu utopique, car espacer des couples et des familles, serait difficile à appliquer », nous confie Hassan Belkady, propriétaire d’une salle de cinéma à Casablanca qui a du mal à comprendre comment une telle décision leur a été annoncée la veille. « On aurait aimé être avertis à l’avance par le CCM pour qu’on ait au moins le temps de nettoyer et surtout de programmer les films, s’insurge En ce qui me concerne, le respect de la distanciation ne pose pas de problème parce que la salle est grande et peut accueillir jusqu’à 1000 places mais pour les petites salles, remplir l’espace à hauteur de 50% est un peu une utopie, car espacer des couples et des familles, c’est un peu difficile à appliquer ...L’exploitant qui ne compte ouvrir que dans deux semaines rappelle que les distributeurs doivent aussi être « opérationnels, car les films sont protégés par des codes d’accès surtout en ce qui concerne le principal distributeur qui est Mégarama ! »
Pour ce qui est des films programmés, Hassan Belkady nous affirme que la tendance est aux films nationaux. « Nous comptons démarrer avec un film marocain, histoire d’encourager le cinéma national, nous confie-t-il. Les gens ont déjà vu la majorité des films et séries sur Netflix. Il y a une vingtaine de films marocains qui sont en attente, on va donc jouer sur la proximité puisque même les grands films commerciaux comme James Bond ont été retardés à cause de la pandémie.
Une véritable réflexion sur « le contenu » et « la création »
Si les professionnels du domaine culturel nous font part de leur joie quant à la réouverture espaces culturels, ils ne cachent pas cependant leurs inquiétudes quant à la reprise du secteur qui risque, selon eux, d’être « très lente si une véritable réflexion sur le contenu et la création n’est pas opérée ». Brahim Mezned, acteur culturel, Directeur fondateur de Visa for Music et Directeur artistique Festival Timitar d’Agadir pense qu’au-delà de la bonne nouvelle de la réouverture de ces espaces, « la question du contenu qui va être diffusé dans ces lieux (théâtres...) doit être prise au sérieux, car n’oublions pas que ces espaces étaient fermés même pour les répétitions et pour la production, et ce pour plus de 15 mois, ce qui à mon sens, est une aberration ».
Aujourd’hui, poursuit-il, « on se retrouve avec un désert artistique. On a donc besoin de mettre en œuvre de nouveaux outils pour réfléchir au contenu qu’on va diffuser dans ces lieux, conclut Brahim Mezned qui préconise de faire une vraie réflexion pour la relance de ce secteur après 15 mois voire plus d’arrêt, » sur le partenariat public-privé, sur les questions de la création, de la production, de la diffusion, sur l’égalité des territoires... Sinon, on risque, dit-il, la relance sera plus lente et la situation plus préoccupante ! ».
Pour « un allègement fiscal »
Les professionnels du secteur sont tous unanimes. La reprise ne se fera réellement que dans un an ou plus. « Pour relancer la machine correctement, il faut un allègement fiscal pour faire face à nos différentes charges (CNSS, impôts,...) », nous explique Hassan Belkady qui estime faire partie des « oubliés de l’Histoire ». « Les aides qui nous ont été octroyées au début du confinement ont été ridicules, de plus, elles sont imposables et attribuées sous conditions (être à jour avec la CNSS, les distributeurs, les impôts...) ! C’est une situation très difficile, je pense qu’on va perdre beaucoup de salles, et ceux qui prévoient d’ouvrir de nouvelles salles dans villes du royaume ont probablement des financements extérieurs ! », conclut-il.
« La culture, fondement élémentaire de notre vie et nos sociétés »
« Les portes de la culture s’ouvrent. Nous nous réjouissons de l’ouverture des lieux de vie, nous confie le Président de la Fondation Nationale des Musées du Maroc, Mehdi Qotbi. À la Fondation Nationale des Musées, nous avons gardé nos musées ouverts depuis juillet 2020, dans le strict respect des mesures sanitaires et avons permis aux Marocains de s’échapper à la morosité ambiante par l’Art et la Culture, devenues essentielles à notre quotidien. Nous célébrons cette culture comme un fondement élémentaire de notre vie et de nos sociétés ».
« C’est l’ouverture des frontières qui va changer la donne ! »
Pour ce qui est de la réouverture des galeries d’art, elle n’aura une réelle signification que si les frontières s’ouvraient. Pour Hicham Daoudi, fondateur et directeur de la galerie « Comptoir des mines » à Marrakech, la réouverture des espaces culturels est « un grand retour à la convivialité, aux gestes plus simples et aux visages amicaux. Au Maroc, dit-il, les gens ont eu la chance de continuer à voir les œuvres dans les galeries d’art en vrai pendant que la clientèle étrangère les voyait en mode digital. Mais je pense que c’est l’ouverture des frontières qui changera la donne ! ».
« L’objectif est de démarrer avec des films marocains »
Ravis d’apprendre la nouvelle de la réouverture des lieux culturels, les propriétaires des salles de cinéma précisent que le respect de la distanciation posera plus de problèmes pour les petites salles que pour les grandes salles pouvant accueillir jusqu’à 1000 places. « Remplir l’espace à hauteur de 50% dans une petite salle est un peu utopique, car espacer des couples et des familles, serait difficile à appliquer », nous confie Hassan Belkady, propriétaire d’une salle de cinéma à Casablanca qui a du mal à comprendre comment une telle décision leur a été annoncée la veille. « On aurait aimé être avertis à l’avance par le CCM pour qu’on ait au moins le temps de nettoyer et surtout de programmer les films, s’insurge En ce qui me concerne, le respect de la distanciation ne pose pas de problème parce que la salle est grande et peut accueillir jusqu’à 1000 places mais pour les petites salles, remplir l’espace à hauteur de 50% est un peu une utopie, car espacer des couples et des familles, c’est un peu difficile à appliquer ...L’exploitant qui ne compte ouvrir que dans deux semaines rappelle que les distributeurs doivent aussi être « opérationnels, car les films sont protégés par des codes d’accès surtout en ce qui concerne le principal distributeur qui est Mégarama ! »
Pour ce qui est des films programmés, Hassan Belkady nous affirme que la tendance est aux films nationaux. « Nous comptons démarrer avec un film marocain, histoire d’encourager le cinéma national, nous confie-t-il. Les gens ont déjà vu la majorité des films et séries sur Netflix. Il y a une vingtaine de films marocains qui sont en attente, on va donc jouer sur la proximité puisque même les grands films commerciaux comme James Bond ont été retardés à cause de la pandémie.
Une véritable réflexion sur « le contenu » et « la création »
Si les professionnels du domaine culturel nous font part de leur joie quant à la réouverture espaces culturels, ils ne cachent pas cependant leurs inquiétudes quant à la reprise du secteur qui risque, selon eux, d’être « très lente si une véritable réflexion sur le contenu et la création n’est pas opérée ». Brahim Mezned, acteur culturel, Directeur fondateur de Visa for Music et Directeur artistique Festival Timitar d’Agadir pense qu’au-delà de la bonne nouvelle de la réouverture de ces espaces, « la question du contenu qui va être diffusé dans ces lieux (théâtres...) doit être prise au sérieux, car n’oublions pas que ces espaces étaient fermés même pour les répétitions et pour la production, et ce pour plus de 15 mois, ce qui à mon sens, est une aberration ».
Aujourd’hui, poursuit-il, « on se retrouve avec un désert artistique. On a donc besoin de mettre en œuvre de nouveaux outils pour réfléchir au contenu qu’on va diffuser dans ces lieux, conclut Brahim Mezned qui préconise de faire une vraie réflexion pour la relance de ce secteur après 15 mois voire plus d’arrêt, » sur le partenariat public-privé, sur les questions de la création, de la production, de la diffusion, sur l’égalité des territoires... Sinon, on risque, dit-il, la relance sera plus lente et la situation plus préoccupante ! ».
Pour « un allègement fiscal »
Les professionnels du secteur sont tous unanimes. La reprise ne se fera réellement que dans un an ou plus. « Pour relancer la machine correctement, il faut un allègement fiscal pour faire face à nos différentes charges (CNSS, impôts,...) », nous explique Hassan Belkady qui estime faire partie des « oubliés de l’Histoire ». « Les aides qui nous ont été octroyées au début du confinement ont été ridicules, de plus, elles sont imposables et attribuées sous conditions (être à jour avec la CNSS, les distributeurs, les impôts...) ! C’est une situation très difficile, je pense qu’on va perdre beaucoup de salles, et ceux qui prévoient d’ouvrir de nouvelles salles dans villes du royaume ont probablement des financements extérieurs ! », conclut-il.