Espagne
Justice espagnole. Ce que révèle l’affaire Ghali

L'exfiltration et la rapidité avec lesquelles le dossier de Brahim Ghali a été clos, laisse planer des doutes, en tous les cas chez nombre de victimes, sur le déroulement du processus judiciaire, où d’après ces mêmes victimes, la passivité du procureur et du juge d’instruction était manifeste.
Dans sa description du déroulement de l'interrogatoire, le plaignant met en évidence la violation programmée des droits de la défense, en contradiction avec les principes fondamentaux d'un procès équitable. Plus encore, les avocats des parties civiles ont été empêchés d’accéder à l’interrogatoire. Ils ont été carrément réduits au silence car ils n'étaient pas autorisés à poser des questions à l'accusé Brahim Ghali.
Selon des sources proches du dossier, le juge d’instruction, se serait abstenu de poser des questions à la personne mise en examen.
Le procureur s’est limité, d’après cette même source, à quatre questions, à travers lesquelles il a pris la décision de ne pas adopter de mesures préventives sur la base d'une prétendue absence de charges contre l’accusé.
Cette manœuvre, jugée politique par les détracteurs de Ghali, ne s'explique que par une volonté d'« exfiltrer » l'accusé avec un argument judiciaire et permettre au gouvernement de sortir de l'impasse qu'il a créée en collaboration avec des pays tiers.
Toutefois, il y a toujours des questions auxquelles le gouvernement de Sanchez n’a pas encore donné de réponse. Le simple fait que l’accusé soit entré sur le territoire espagnol de manière frauduleuse sape sa crédibilité et justifierait l'adoption de mesures conservatoires. Le procureur n’ayant pas retenu cette charge compromettante, toute possibilité de poursuite pour un fait avéré, un flagrant délit, s’est évanouie.
Pourtant, les garanties d'un procès équitable imposent au juge d'instruire l'accusation et la défense. L'omission de ces garanties réduit l'interrogatoire à une simple simulation d'instruction à sens unique, au détriment de l'indépendance de la justice.
Le chef du gouvernement Pedro Sanchez est violemment attaqué par les plaignants qui l’accusent de frilosité et d’incompétence. Pire encore, les Espagnols qui avaient porté plainte contre B. Ghali le pointent du doigt et lui imputent la responsabilité des actes de torture dans les camps de Tindouf. Les camps vers lesquels Ghali a été exfiltré.