Société
« Moulate sourate whiskey » effondrée après le dur verdict
Baptisée « Moulate sourat whiskey », la jeune femme qui a écopée d’une peine de prison ferme de 3 ans et demi est « effondrée et brisée psychiquement » selon son père. S’insurgeant contre les « gardiens de la religion », ce dernier juge le verdict comme « trop dur »…
Hayat Kamal Idrissi
Le débat sur la liberté de conscience reprend avec cette nouvelle affaire
La sentence est tombée mardi 29 juin 2021. La cour de première instance de Marrakech a tranché rapidement dans l’affaire de « Moulate Sourate whiskey », une MRE d’Italie accusée d’humiliation et de dérision de la religion islamique à travers des publications numériques et audiovisuelles diffusées sur les réseaux sociaux. Trois ans et demi de prison ferme et une amende de 5 millions de centimes, c’est le dur verdict qui est tombé comme un couperet mardi dernier.
Début et suite
Agée de 23 ans, l’accusée est une immigrée qui a la double nationalité maroco- italienne et qui poursuit ses études en Droit en France actuellement. Cette affaire remonte à 2019. La jeune femme, I.N, a en effet diffusé sur sa page facebook un contenu déviant la sourate coranique Al Kawter, sous l’intitulé « sourat whiskey ». Une sorte de « parodie » avec des « versets » ironiques prônant la boisson alcoolique. Deux ans après, à son retour au Maroc pour fêter laid Adha et passer les vacances en famille, l’accusée a été interpelée à l’aéroport Rabat-Salé. Elle faisait l’objet d’un avis de recherche suite à la plainte déposée par une association religieuse, à Marrakech.
Ignorant qu’elle est poursuivie en justice comme l’a affirmé son père, la jeune femme a été surprise par son arrestation. « On a détruit l’avenir de ma fille par cette sentence trop dure. Elle est complètement effondrée et brisée psychiquement. De quel droit, ces gens se constituent gardiens de la religion et détruisent ma fille de la sorte ? », déclare son père, à l’AFP, suite à une visite à la prisonnière. Ne baissant pas les bras, la famille de la jeune femme compte faire appel.
Liberté de conscience
Une nouvelle affaire qui remet au gout du jour le grand débat autour des libertés individuelles et spécialement la liberté de conscience. Sur les réseaux sociaux, les réactions et les avis se multiplient. Accusant les tribunaux de prononcer des jugements « inquisiteurs », les défenseurs de libertés individuelles insistent sur l’aspect « inoffensif » de la publication de « sourate whiskey » qui ne représente aucun danger pour la communauté. Notant l’effet négatif et la mauvaise publicité pour l’islam par un tel jugement, d’autres font valoir la liberté de conscience qui est un droit humain à respecter absolument.