Cinema
‘’Quelques événements sans signification” de Mustapha Derkaoui enfin projeté au Maroc


Du vendredi 16 au 19 Juillet, dans le cadre du Musée collectif de Casablanca et du projet de recherche ‘’Les invisibles” - projet de l’atelier de l’observatoire mené par Léa Morin (2014-2018) et soutenu par AFAC -, qui retrace l’histoire visuelle marocaine oubliée, le film ‘’Quelques événements sans signification’’ a été projeté au cinéma Rialto à Casablanca, avec la présence du réalisateur Mustapha Derkaoui et les acteurs du film.
Le film est une réflexion sur quel cinéma pour le Maroc de 1974 ? En s'inspirant du film « Quelques événements sans signification », cinq jeunes cinéastes ont pu élaborer un scénario, où la réalité se croise avec l’imaginaire ; une réalité vue par leurs yeux. Un regard extérieur qui chasse l’originalité d’un péri-urbain marginalisé.
« Quel cinéma pour le Maroc d’Aujourd’hui ? Comment protéger l’archive cinématographique
Marocaine ? Comment créer un lien visuel entre cinéma d’hier et d'aujourd'hui ? ... », des questions qui ont été débattues juste après la projection du film et à lesquelles ont tenté de répondre les frères Derkaoui, les acteurs du film ainsi que les cinq jeunes cinéastes lauréats des écoles d’arts et du cinéma.
Restauré, le film censuré de Mustapha Derkaoui renait de ses cendres
Réalisé en 1974, « Quelques événements sans signification » de Mustapha Derkaoui raconte l’histoire d’une équipe de cinéastes qui cherchent un thème pour leur nouveau film. Désireux de prendre en charge le cinéma de leur pays, ils parcourent les rues de Casablanca, interrogent les passants sur ce que pourrait et devrait être le cinéma marocain. Les réponses fusent, contradictoires, à l’image des personnes interrogées. Les membres de l’équipe de tournage discutent : ils s’efforcent de construire la théorie d’un cinéma national indépendant, entre expérimentation formelle et représentation sociale, exemples cosmopolites et rejet de l’écrasant regard français. Soulignant les apories du cinéma national aussi bien que la violence qu’engendre la misère sociale, le film après une unique projection parisienne en 1974, fut immédiatement censuré et longtemps cru disparu. Derkaoui y construit une esthétique de la focale longue, habituellement propre au documentaire, pour brouiller les repères entre les niveaux de réalité de son film ; la bande-son, avec son free-jazz virevoltant en contrepoint aux rares images de violence du film, achève de confondre toute lecture univoque. Car « De quelques événements sans signification » n’est qu’une critique des ambitions du cinéma par les armes mêmes du cinéma, un film qui n’a de cesse de relancer la question qu’il pose : que peut véritablement faire la caméra ?