Peinture
Madrid. L’art contemporain marocain séduit les Espagnols

Articulée en trois volets qui illustrent l'évolution culturelle, historique et sociale du royaume, l’exposition fait découvrir au public espagnol plus de 200 œuvres d'artistes contemporains marocains des sept dernières décennies (Mohamed Melehi, Farid Belkahia, Chaabia, Gharbaoui, ...). « C’est une exposition extrêmement bien construite. Elle permet à travers son sens chronologique de la visite et sa grande dimension didactique d’apprécier à sa juste valeur l’importance de la création moderne et contemporaine marocaine », nous confie le galeriste et co-fondateur de la Galerie 38, Fihr Kettani.



La première partie de l’exposition s'étend des années précédant l'indépendance jusqu'à 1969. Le parcours suit les conflits civils de l’époque, l'importance que l'École préparatoire des beaux-arts de Tétouan avait dans le protectorat espagnol, la transformation de Tanger en une ville cosmopolite et l'apparition de la revue Souffles, dirigée par le poète Abdellatif Laâbi. La période se termine par la répression armée contre le soulèvement étudiant de 1965 et les conséquences que ces événements ont engendrées.
La deuxième période retrace les « années de plomb », de 1970 à 1999. Trois décennies marquées par l'arabisation culturelle, la mainmise du roi sur les pouvoirs de l'État, la répression des opposants marxistes et islamistes, ainsi que l'exil de nombreux artistes. Ce qui a débouché sur l'interdiction de Souffles en 1972 et la prolifération par la suite d'autres suppléments et gazettes, ainsi que des festivals alternatifs et des biennales qui étaient en rupture avec le cadre politico-social établi.
La dernière partie analyse le Maroc de 2000 à nos jours, vingt ans au cours desquels le pays a connu un développement technologique sans précédent, une plus grande ouverture sur le monde, la libération des médias et l'émergence de nouvelles générations d'auteurs. À cela se sont ajoutés d'autres événements importants comme la montée des partis populistes et islamistes, les attentats terroristes de Casablanca en 2003 et le Printemps arabe.
Une seconde exposition « Autour des colonnes d'Hercule » prévue en 2022
Organisée dans le cadre du programme de coopération culturelle entre le Maroc et l’Espagne dans le domaine des musées, par la FNM, le ministère espagnol de la Culture et des sports et le Musée national Reina Sofia, cette exposition n’est que la première d’une série de manifestations culturelles qui seront organisées entre les deux pays et ce, dans le cadre du mémorandum d’entente signé le 13 février 2019 devant le roi Mohammed VI et le roi Felipe VI, entre la Fondation nationale des musées (FNM) et le ministère espagnol de la Culture et des sports, sur la coopération culturelle et muséale.
Une 2ème exposition « Autour des colonnes d'Hercule » est prévue en 2022. Organisée par la FNM et le musée National d’Archéologie à Madrid, elle présentera la relation historique entre ces deux pays de la Méditerranée, dont les influences communes et les rapports sont remarquables sur les différentes collections archéologiques.