Manuel Valls donne Aziz Akhannouch et le RNI grands favoris

«L'été vient d'être marqué par les événements d'Afghanistan et la débâcle américaine. La victoire éclair des Talibans va donner incontestablement une nouvelle force aux groupes terroristes islamistes qui opèrent partout, en Asie, en Afrique, en Europe. Vingt ans après les attentats du 11 septembre 2001, nous avons le sentiment de vivre un immense recul. À quoi donc ont servi 20 ans de présence en Afghanistan, les guerres d'Irak et de Syrie ou les printemps arabes?
Pourtant dans le monde arabo-musulman il existe au moins une raison d'espérer. Au Maroc, le 8 septembre, se tiendront le même jour - et c'est une première dans l'histoire du pays - des élections législatives, municipales et régionales. L'enjeu est de taille car les 'islamistes' du PJD (Parti de la Justice est du Développement), qui ont dirigé deux coalitions gouvernementales depuis 10 ans, peuvent perdre les élections législatives. Le Maroc pourrait donc écrire une nouvelle page de son histoire politique post-printemps arabes.»
TRIBUNE. Manuel Valls : "La France a besoin d'un Maroc stable" https://t.co/pUX5e4cE21pic.twitter.com/Gp0dynhzuM
— Le JDD (@leJDD) September 5, 2021
Après avoir ainsi contextualisé l’importance du triple scrutin du 8 septembre, Manuel Valls a mis en exergue les avancées du Maroc, avec notamment son apport considérable pour le dénouement de crise libyenne, son ouverture envers Israël et la récente sortie de crise avec l’Espagne.
A contrario, note l’ancien chef du gouvernement français, les relations avec l'Algérie se sont détériorées de manière qu’il a qualifiée d’inquiétante, en rappelant qu’Alger a décidé de rompre, de manière unilatérale, ses relations diplomatiques avec le Maroc le 24 août.
«Les avancées démocratiques tranchent avec la situation de ses voisins du Maghreb», insiste-t-il.En prenant en considération tout ce qui a précédé, Manuel Vals souligne que L'Europe et donc la France ont besoin d'un Maroc stable, coopérant et porté par la croissance.
Pronostics de Manuel Valls
«Pour l'ancien Premier ministre français, les élections du 8 septembre sont à suivre attentivement. Voici son décryptage les concernant :
Les sondages sont interdits au Maroc mais les élections des chambres professionnelles tenues le 6 août 2021 ont vu la victoire du RNI (Rassemblement National des Indépendants). Ce parti se définissant comme social-libéral/social-démocrate est dirigé par Aziz Akhannouch depuis 2016. Il a obtenu 638 sièges sur les 2.230 qui étaient à pourvoir, soit 28.61%. Nombres d'observateurs politiques y voient donc les prémices d'un possible succès le 8 septembre.
Depuis la révision constitutionnelle votée par référendum en juillet 2011, c'est la formation politique arrivée en tête lors des législatives qui dirige le gouvernement. Le chef du gouvernement est choisi par le roi qui continue d'avoir un rôle essentiel.
Aziz Akhannouch devient un candidat privilégié pour le poste de Premier ministre.
Ministre de l'Agriculture depuis octobre 2007, il a mis en œuvre le plan "Maroc Vert" lancé en 2008 par Mohamed VI. Faisant de l'agriculture une priorité nationale, ce plan affiche de véritables succès avec notamment une augmentation nette du PIB agricole (de 65 milliards en 2008 à 125 milliards de dirhams en 2018), une forte hausse des exportations agricoles (2,4 fois) et 2 milliards de m3 d'eau d'irrigation économisés et valorisés annuellement - ce qui se retrouve dans la croissance du PIB qui est passée de 7% (1998-2008) à 17% (2008-2018).
Devant ces réussites et face aux enjeux du réchauffement climatique, le roi lui a confié également en février 2020 la stratégie de développement agricole du royaume jusqu'en 2030 avec le plan "Génération Green", un nouveau programme clé pour l'avenir du pays. Les enjeux sont d'importance, car le Maroc, qui a subi de plein fouet la crise du Covid, malgré une bonne gestion sanitaire, vient de lancer un grand chantier de réformes économiques et sociales, avec l'ambition de devenir un pays émergent d'ici à 2030. Parmi les priorités fixées figurent l'éducation, la santé, la réduction des inégalités ou la lutte contre l'économie de rente.Nous aurions tout à gagner que le gouvernement du Maroc soit dirigé par un stratège
Le 8 septembre, 18 millions d'électeurs marocains pourront faire leur choix. Le jeu politique marocain peut relever de nombreuses surprises. Les partis traditionnels (le PJD, le PAM ou le parti de l'Istiqlal) sont loin d'avoir dit leur dernier mot. Et dans toutes les hypothèses, le mode de scrutin à la proportionnelle implique un gouvernement de coalition.
Mais nous aurions tout à gagner que le gouvernement du Maroc soit dirigé par un stratège, un entrepreneur moderne, avec une véritable vision économique et sociale, capable de relever les défis du Maroc.»

Le JDD confirme
Dans un article signé par son rédacteur en chef, François Clémenceau, le JDD abonde dans le même sens. En reprenant des extraits de la tribune de Manuel Valls et en se basant sur les déclarations du politologue Mohamed Tozy ainsi qu’un constat de l’auteur et éditorialiste Abdelmalek Alaoui l’hebdomadaire annonce que le PJD va payer le prix de «l’usure du pouvoir», ce qui profitera au RNI, au vu des derniers résultats du parti de la colombe aux récentes élections des Chambres professionnelles, et et à son homme fort Aziz Akhannouch, au vu notamment de ses résultats ministériels.