Prévisions économiques. Ce n’était pas évident mais le Maroc l’a fait

Alors, donc, en juin dernier, les prévisions tablaient sur un taux de croissance de 5,3%. C’était déjà bien, dans ce contexte de crise pandémique pleine d’incertitudes et de volatilité des prix des transports et des intrants. Quatre mois plus tard, nous sommes en octobre, et là les prévisions sont plus optimistes. Désormais on attend 6,2%. On avance encore de quelques mois et on refait les calculs. Santé tout le monde! La croissance sera de 6,7%.
Nous sommes dans une zone confortable. L’agriculture nous y a beaucoup aidé avec l’augmentation de sa valeur ajoutée de 18,8%. Mais les activités non agricoles ont aussi bien contribué avec un taux de croissance de 5,3%. Dans ce contexte croyez-moi c’est une véritable performance. On pourrait même dire un exploit.
L’économie marocaine a du faire face à une multitude de phénomènes anti-croissance: Augmentation des prix des matières premières et des prix des transports; des dépenses sociales énormes liées à la pandémie et pour ajouter au panier, la fermeture du gazoduc qui transportait le gaz algérien vers l’Espagne.
Il y a une règle d’or chez les stratèges qui dit qu’un handicap peut souvent être transformé en avantage. Bien sûr cela ne marche que chez les bosseurs qui ne connaissent ni week-end ni jour férié ni problème de coeur et qui restent mobilisés, munis de leurs lances et de leurs boucliers pour bloquer toute incursion d’éléments économiquement subversifs (concept nouveau dont il faudra prendre compte désormais) .
C’est de cette manière que le Maroc n’a pas senti l’arrêt du gazoduc. Comme s’il ne s’était rien passé. Il n’a pas non plus senti la fermeture de l’espace aérien de son voisin de l’est. Là encore la RAM a poursuivi ses vols sans dommage pour les voyageurs. C’est cela la capacité d’un pays à faire face aux chocs extérieurs tout en étant très ouvert sur le monde. D’autres par exemples ferment leurs frontières à certaines produits pour limiter la casse au niveau de la balance commerciale. Rien de cela au Maroc.
Cela veut dire que le pays a les moyens d’équilibrer les forces de son économie avec celles du reste du monde. Et c’est très bien. Lorsque nous voyons comment dans certains pays, les citoyens font la queue pour un demi-litre de lait (Algérie) ou une baguette de pain (Turquie), on peut être satisfait des performances marocaines. Sans triomphalisme évidemment. L'économie c'est comme la locomotive à vapeur, il faut toujours alimenter la chaudière.
Pour 2022 et 2023, on va doucement sur les prévisions, nous en sommes encore loin. Mais si la tendance se poursuit, les 2,9% prévus pour 2022 et les 3,4% prévus pour 2023, ce qui n'est pas mal non plus, seront revus, eux aussi, au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’échéance. Pour y arriver, il ne faut surtout pas baisser la garde.
Ce n’était donc pas évident au départ, mais le Maroc l’a fait. Nous l’avons fait.