
prospéctive Pour l'Association marocaine de l'intelligence économique, une démarche nationale d'intelligence économique s’impose. L’avenir du pays en dépend. L’organisation a présenté les pistes à suivre…
L’association marocaine de l'intelligence économique (AMIE) a présenté, le 24 juin dernier à Casablanca, les principaux axes de ce que pourrait être « une stratégie nationale de l'intelligence économique ». En présence de nombreuses personnalités, le président de cette association, Abdelmalek Alaoui, a détaillé à l’occasion 16 propositions pratiques pouvant mettre le Maroc à niveau dans ce domaine.
La stratégie proposée repose sur quatre axes majeurs qui permettent de faire converger toutes les options et stratégies de conquêtes à l’international en matière d’intelligence économique. La mise en place d’une plateforme de veille nationale unique de type « big data » a été vivement recommandée pour la maîtrise l'information.
La difficulté aujourd’hui n’est plus d’obtenir l’information mais de la gérer et de la protéger. Par ailleurs, L’AMIE propose d’effectuer un diagnostic des pratiques liées à l’intelligence économique au sein des PME marocaines afin d’orienter les futures actions de formation et d’accompagnement.
Pour commencer par le commencement, le président de l’AMIE se montre pédagogue. Ainsi, il incite les acteurs qui ne se communiquent pas aujourd'hui, au sein du gouvernement notamment, à commencer à partager les études, par exemple. Alaoui insiste également sur la sécurité de l’information, estimant que les données sont aujourd’hui en situation de précarité. « Lorsqu'on a aujourd'hui des membres de cabinets ministériels qui utilisent une adresse Gmail c'est quelque chose qui n'est pas normale, et que nous voulons dénoncer », a-t-il souligné. C’est tout dire !
Préalables nécessaires
« Le Maroc produit 80% de la connaissance en Français (dans sa production internationale) alors que 80% du monde parle Anglais », constate Alaoui. Une évidence dont l’AMIE a bien pris conscience et veut mettre en cohérence les dis positifs de collecte d’information avec les dynamiques linguistiques mondiales, en développant l’utilisation de l’Anglais, de l’Espagnol, de l’Allemand et du Portugais. Par ailleurs, selon les études menées par l’Association pour l’élaboration de sa feuille de route, le Maroc n’aurait pas réussi à valoriser les réformes tous azimuts menées au cours des vingt dernières années, en terme de bénéfice d’image à l’international. Abdelmalek Alaoui insiste aussi sur l’implication de tous les acteurs concernés pour la réussite d’une démarche nationale d’intelligence économique. Là encore, il reste beaucoup à faire !
carte de visite de l’amieAMIE Center (Association Marocaine d’Intelligence Economique) est un Think-Tank généraliste créé en 2006 et basé au Maroc qui a pour objectif de constituer un cercle de réflexion et un levier d’impulsion à la disposition de toutes les organisations : pouvoirs publics, entreprises, administrations, associations professionnelles, communauté de chercheurs.
Centre de réflexion régional à l’ambition globale, AMIE Center produit de la connaissance, de l’accompagnement et de l’assistance en matière de stratégie économique et de formulation de politiques publiques impactant la compétitivité, en axant plus particulièrement ses travaux sur les thématiques liées à l’émergence, la veille stratégique ainsi que la gouvernance compétitive.
AMIE Center se fixe également comme objectif de fédérer les efforts des acteurs et des structures d’intelligence économique au Maroc. Pour cela, AMIE Center vise le développement et la promotion des formations en intelligence économique au Maroc à travers un programme de labellisation des entreprises et de certification et agit comme fédérateur des professionnels de l’IE
les 16 recommandations de l’amie
Proposition 1 : favoriser l’intégration numérique des acteurs de veille nationale à travers l’utilisation d’une plateforme de veille nationale unique de type « big data » intégrée et sécurisée : ce dispositif numérique permettra à tous d’accéder à tout.
Proposition 2 : conditionner graduellement l’attribution des budgets à la mise en ligne, au sein du système national de veille, des études, analyses et autres prestations intellectuelles à caractère économique et stratégique.
Proposition 3 : structurer un plan national de veille stratégique pour les acteurs existants afin d’organiser une couverture sectorielle transverse destinée à mettre à profit leur complémentarité à travers un effort de spécialisation.
Proposition 4 : lancer une mission de réflexion indépendante visant à déterminer l’image réelle du Maroc dans le monde qui permettrait de sélectionner les capteurs pertinents à surveiller.
Proposition 5 : mettre en cohérence les dispositifs de collecte d’information avec
les dynamiques linguistiques mondiales, développer l’utilisation de l’anglais, de l’espagnol, de l’allemand et du portugais.
Proposition 6 : créer une chaire d’analyse stratégique transversale d‘intelligence économique ouverte aux civils au sein du Collège Royal de l’Enseignement Militaire Supérieur (CREMS) ».
Proposition 7 : rééquilibrer les cellules de veille existantes au plan national entre veilleurs et analystes et favoriser la co-construction d’information enrichie
Proposition 8 : créer un poste de chargé d’intelligence économique au sein de chaque cabinet ministériel et favoriser la création d’un poste de délégué à l’intelligence économique au sein des grandes entreprises.
Proposition 9 : organiser les chargés de veille publics et privés autour d’une logique de réseau avec planification de réunions périodiques permettant de coordonner leur action.
Proposition 10 : effectuer un diagnostic des pratiques liées à l’intelligence économique au sein des PME marocaines afin d’orienter les futures actions de formation et d’accompagnement.
Proposition 11 : créer une agence nationale de la cyber-sécurité chargée de proposer des dispositifs visant la protection des systèmes d’information de l’Etat et permettant d’en contrôler l’application.
Proposition 12 : créer une habilitation « défense » et « secret défense » pour les prestataires en intelligence économique nationaux qui seront dorénavant seuls habilités à traiter des sujets à caractère sensible et/ou stratégique pour l’état.
Proposition 13 : créer une filière nationale de recherche sur l’intelligence économique, la guerre commerciale et la cyber-délinquance, ayant pour vocation de former des compétences conscientes de l’importance des enjeux de l’IE qui mettront a profit leur talent au service de l’Etat.
Proposition 14 : lancer une mission indépendante permettant de cerner l’image du Maroc dans le monde, les attentes des médias et les mediums à investir pour assurer une meilleure efficacité médiatique.
Proposition 15 : créer une « task force » indépendante de communication politique et publique du Maroc à l’international, chargée de l’ordonnancement des priorités et de leur exécution par le déploiement de compétences et de talents sur le terrain informationnel.
Proposition 16 : réserver 10% de la publicité des annonceurs du Maroc au numérique et subventionner les éditeurs de presse à hauteur de 500.000 DH afin qu’ils effectuent leur transition numérique.