Société
Le groupe facebook anti-femmes actives « hacké » et fermé !
Un groupe facebook antiféministe appelle au boycott du mariage avec les femmes actives et provoque un débat social houleux…
Hayat Kamal Idrissi
Femme et travail, l'équation impossible pour Cheikh Sar et ses amis
En moins de trois jours, ce groupe facebook intitulé « Des Marocains contre le mariage avec les femmes actives » a réussi à attirer plus de 60.000 membres. Un succès phénoménal pour un groupe qui a pour objectif principal : Le boycott des femmes fonctionnaires et employées en général.
« Une femme active n’est nullement qualifiée pour le mariage. C’est juste une égoïste aveuglée par son ambition et sa cupidité qui n’est pas apte à prendre soin de son mari, de sa famille et de son foyer », c’est en ces termes que les administrateurs du groupe et à leur tête Ilias Lakhrissi, alias Cheikh Sar, présente leur philosophie. Une vision longtemps défendue par Sar sur sa propre page facebook aux milliers de followers.
« Mauvaise influence »
« Maintenant que le Mondial a pris fin, revenons à nos moutons : Ne te marie jamais avec une femme active, surtout pas ! », conseille-t-il dans un nouveau post, en fin de la semaine dernière. Ce qui n’était d’ailleurs pas juste des paroles en l’air car l’influenceur connu pour ses idées ultraconservatrices va aussitôt lancer un groupe à l’intitulé franchement hostile aux femmes marocaines actives. Son contenu n’échappe guère à cette tendance.
Attirant plus de 56.000 membres en un temps record, le groupe provoquera aussitôt un débat houleux sur sa philosophie et sa manière de la défendre. « Je suis marié à une fonctionnaire depuis deux ans. Ma vie est depuis un véritable enfer. Je ne sais plus si je suis marié ou célibataire. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé à faire la vaisselle, à cuisiner et faire le ménage comme une femme car ma respectable épouse est occupée par sa carrière. Conseil : Il ne faut jamais se marier avec une femme active même si c’est une « sirène » ! », partage un membre du groupe.
Un autre va raconter les déboires de son frère avec sa jeune épouse infirmière. « Après l’avoir soutenu jusqu’à obtention de son diplôme, ma belle sœur l’a fait chanter pour travailler en le menaçant de divorce. Puisqu’il l’aime, il accepté mais au bout de quelques mois il découvre qu’elle le trompe avec un médecin. Aujourd’hui, il est anéanti », raconte un autre internaute. Des récits qui ne manquent pas de provoquer des centaines de réactions pour la plupart condamnant les femmes actives en général.
Ferme-la !
Pire lorsque d’autres membres s’avisent de défendre la cause féminine et d’appeler les autres internautes à plus de retenue et d’éviter toute généralisation, ils sont vite lynchés, stigmatisés et accusées d’être de potentiels « entremetteurs de leurs femmes ». Pour les femmes membres du groupe qui osent répondre aux accusations, le traitement est encore plus hargneux voire injurieux. « Tu veux faire l’intelligente celle qui réfléchis et qui raisonne ! On sait très bien que tu es aussi superficielle et aussi cupide que tes semblables. Ton ultime ambition est de te procurer du maquillage et des fringues à la mode ! », attaque un internaute dans un excès de zèle.
Utilisant le hashtag #laisse-la-réaliser ses rêves #Ne-te-marie-pas-avec-une-fonctionnaire, les détracteurs des femmes actives et à leur tête Lakhrissi invoquent les préceptes de l’Islam, qui d’après eux, obligent les épouses à rester chez elles et ne tolère guère leur travail. Poussant leur argumentaire plus loin, ils expliquent que la nature et l’instinct humain dictent à la femme de se contenter de « sa vocation noble » d’épouse et de mère. « Car le foyer familial est sa seule et véritable place, et non pas dans les bureaux mixtes avec des hommes étrangers qui ne ratent pas les occasions pour la draguer », argumentent-ils en appelant les femmes marocaines « à rejeter la pensée féministe entièrement intruse t inadaptée à notre société ».
Anticonstitutionnel
Des idées et des préjugés qui ont d’ailleurs provoqué une vague d’indignation parmi les internautes marocains. « C’est une poignée de chômeurs et de loosers qui n’ont pas de carrière attaquant des femmes qui ont réussi leur vie », répond une internaute en colère dans le groupe mixte Howa et Hywa. Mais au-delà de cet échange d’accusations et d’injures, le groupe controversé a été accusé de mener une « campagne anti-constitutionnelle » comme le soutient Loubna El Joud, activiste féministe et défenseuse des droits humains.
« Alors que l’Etat marocain s’ingénue de protéger les droits et la dignité des femmes, nous avons été surpris par les agissements de gens qui menacent de plomber tous ces efforts en s’attaquant à l’esprit même de la Constitution marocaine », écrit El Joud sur sa page officielle avant d’ajouter : « En tant qu’activistes et organisations féministes croyant profondément à la Constitution de 2011, nous exhortons le procureur général de poursuivre en justice les initiateurs de ce groupe et à leur tête Ilias Lakhrissi », réclame Loubna El Joud.
Piratage
S’attaquant aux femmes actives en les stigmatisant, le groupe de Cheikh Sar a en effet porté atteinte au principe d’égalité entre hommes et femmes institué au Maroc par la constitution de 2011. Avec ces appels au boycott et à l’exclusion des femmes travailleuses, il a enfreint l'article 19 de la constitution stipulant que « L'homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental... ».
Un post qui aurait peut être inquiété Lakhrissi et ses amis, comme le soutient Loubna El Joud. Car quelques heures après, le groupe a été apparemment « piraté » en changeant de nom et en s’appelant désormais « Le groupe a été fermé ». « J’ai piraté le compte de Ilyass Lakhrissi et j’ai fermé ce groupe. Cher Ilyass reste sur tes œuvres de charité ça te réussis mieux que les débats polémiques de ce genre. Tu m’es toujours aussi cher », explique un post anonyme hier sur le même groupe. En parallèle, l’intégralité des publications et des commentaires a été effacée.
La page a été réellement hackée ou c’est juste un subterfuge ? D’après El Joud, c’est juste une manigance des administrateurs pour échapper aux poursuites en justice tout en gardant leur dignité.
« Une femme active n’est nullement qualifiée pour le mariage. C’est juste une égoïste aveuglée par son ambition et sa cupidité qui n’est pas apte à prendre soin de son mari, de sa famille et de son foyer », c’est en ces termes que les administrateurs du groupe et à leur tête Ilias Lakhrissi, alias Cheikh Sar, présente leur philosophie. Une vision longtemps défendue par Sar sur sa propre page facebook aux milliers de followers.
« Mauvaise influence »
« Maintenant que le Mondial a pris fin, revenons à nos moutons : Ne te marie jamais avec une femme active, surtout pas ! », conseille-t-il dans un nouveau post, en fin de la semaine dernière. Ce qui n’était d’ailleurs pas juste des paroles en l’air car l’influenceur connu pour ses idées ultraconservatrices va aussitôt lancer un groupe à l’intitulé franchement hostile aux femmes marocaines actives. Son contenu n’échappe guère à cette tendance.
Attirant plus de 56.000 membres en un temps record, le groupe provoquera aussitôt un débat houleux sur sa philosophie et sa manière de la défendre. « Je suis marié à une fonctionnaire depuis deux ans. Ma vie est depuis un véritable enfer. Je ne sais plus si je suis marié ou célibataire. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé à faire la vaisselle, à cuisiner et faire le ménage comme une femme car ma respectable épouse est occupée par sa carrière. Conseil : Il ne faut jamais se marier avec une femme active même si c’est une « sirène » ! », partage un membre du groupe.
Un autre va raconter les déboires de son frère avec sa jeune épouse infirmière. « Après l’avoir soutenu jusqu’à obtention de son diplôme, ma belle sœur l’a fait chanter pour travailler en le menaçant de divorce. Puisqu’il l’aime, il accepté mais au bout de quelques mois il découvre qu’elle le trompe avec un médecin. Aujourd’hui, il est anéanti », raconte un autre internaute. Des récits qui ne manquent pas de provoquer des centaines de réactions pour la plupart condamnant les femmes actives en général.
Ferme-la !
Pire lorsque d’autres membres s’avisent de défendre la cause féminine et d’appeler les autres internautes à plus de retenue et d’éviter toute généralisation, ils sont vite lynchés, stigmatisés et accusées d’être de potentiels « entremetteurs de leurs femmes ». Pour les femmes membres du groupe qui osent répondre aux accusations, le traitement est encore plus hargneux voire injurieux. « Tu veux faire l’intelligente celle qui réfléchis et qui raisonne ! On sait très bien que tu es aussi superficielle et aussi cupide que tes semblables. Ton ultime ambition est de te procurer du maquillage et des fringues à la mode ! », attaque un internaute dans un excès de zèle.
Utilisant le hashtag #laisse-la-réaliser ses rêves #Ne-te-marie-pas-avec-une-fonctionnaire, les détracteurs des femmes actives et à leur tête Lakhrissi invoquent les préceptes de l’Islam, qui d’après eux, obligent les épouses à rester chez elles et ne tolère guère leur travail. Poussant leur argumentaire plus loin, ils expliquent que la nature et l’instinct humain dictent à la femme de se contenter de « sa vocation noble » d’épouse et de mère. « Car le foyer familial est sa seule et véritable place, et non pas dans les bureaux mixtes avec des hommes étrangers qui ne ratent pas les occasions pour la draguer », argumentent-ils en appelant les femmes marocaines « à rejeter la pensée féministe entièrement intruse t inadaptée à notre société ».
Anticonstitutionnel
Des idées et des préjugés qui ont d’ailleurs provoqué une vague d’indignation parmi les internautes marocains. « C’est une poignée de chômeurs et de loosers qui n’ont pas de carrière attaquant des femmes qui ont réussi leur vie », répond une internaute en colère dans le groupe mixte Howa et Hywa. Mais au-delà de cet échange d’accusations et d’injures, le groupe controversé a été accusé de mener une « campagne anti-constitutionnelle » comme le soutient Loubna El Joud, activiste féministe et défenseuse des droits humains.
« Alors que l’Etat marocain s’ingénue de protéger les droits et la dignité des femmes, nous avons été surpris par les agissements de gens qui menacent de plomber tous ces efforts en s’attaquant à l’esprit même de la Constitution marocaine », écrit El Joud sur sa page officielle avant d’ajouter : « En tant qu’activistes et organisations féministes croyant profondément à la Constitution de 2011, nous exhortons le procureur général de poursuivre en justice les initiateurs de ce groupe et à leur tête Ilias Lakhrissi », réclame Loubna El Joud.
Piratage
S’attaquant aux femmes actives en les stigmatisant, le groupe de Cheikh Sar a en effet porté atteinte au principe d’égalité entre hommes et femmes institué au Maroc par la constitution de 2011. Avec ces appels au boycott et à l’exclusion des femmes travailleuses, il a enfreint l'article 19 de la constitution stipulant que « L'homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental... ».
Un post qui aurait peut être inquiété Lakhrissi et ses amis, comme le soutient Loubna El Joud. Car quelques heures après, le groupe a été apparemment « piraté » en changeant de nom et en s’appelant désormais « Le groupe a été fermé ». « J’ai piraté le compte de Ilyass Lakhrissi et j’ai fermé ce groupe. Cher Ilyass reste sur tes œuvres de charité ça te réussis mieux que les débats polémiques de ce genre. Tu m’es toujours aussi cher », explique un post anonyme hier sur le même groupe. En parallèle, l’intégralité des publications et des commentaires a été effacée.
La page a été réellement hackée ou c’est juste un subterfuge ? D’après El Joud, c’est juste une manigance des administrateurs pour échapper aux poursuites en justice tout en gardant leur dignité.