Echanges extérieurs. Le déficit commercial se creuse
A fin novembre 2022, la DEPF révèle une hausse du déficit commercial suite à une augmentation importante des importations dépassant l’évolution des exportations.
Mounia Kabiri Kettani
Balance commercial. le gap frôle les 287 MMDH au cours des onze premiers mois de l’année 2022.
Selon la DEPF, le déficit commercial du Maroc s’est établi à 287 MMDH au cours des onze premiers mois de l’année 2022, en hausse de 56,9% par rapport à la même période de l’année précédente avec un repli du taux de couverture de 3,9 points résultant d’une hausse des importations (+42,3%) plus importante que celle des exportations (+33,1%).
Renchérissement de la facture énergétique
Dans le détail, on note qu’à fin novembre 2022, les importations de biens ont affiché un accroissement de 42,3%, s’élevant à 676,8 milliards de dirhams. Cette évolution fait suite à l’augmentation des achats de la totalité des groupes de produits, principalement, les produits énergétiques, les demi-produits, les produits alimentaires et les biens d’équipement. Avec une valeur de 141,6 MMDH, la facture énergétique s’est renchérie de 110,7%, contribuant à hauteur de 37% à la hausse des importations totales. Cette évolution s’explique, pour l’essentiel, par l’appréciation des approvisionnements en gas-oils et fuel-oils (+121,9%), en raison de l’accroissement des prix qui ont plus que doublé (10.311DH/T à fin novembre 2022 contre 5.093DH/T un an auparavant). Elle revient également, bien que dans une moindre mesure, à l’augmentation du volume des importations de gas-oils et fuel-oils de 9,6%. Cette hausse de la facture énergétique est, en outre, due à la forte progression des importations des houilles, cokes et combustibles solides similaires (+152%) et de celles de gaz de pétrole et autres hydrocarbures (+52,2%).
Concernant les demi-produits, ils représentent le premier poste d’importations avec une part de 23%. Ils ont affiché un accroissement de 49,1% pour atteindre 155,9 milliards de dirhams. Par ailleurs, les achats de biens d’équipement se sont accrues de 20,8% pour un montant de 134,9 milliards de dirhams, en lien avec la hausse des acquisitions des parties d’avions et d’autres véhicules aériens (+60,4%), des moteurs à pistons (+35%) et des fils, câbles (+39,8%). Pour leur part, les importations de produits bruts se sont raffermies de 54,1% à 40,9 milliards de dirhams, recouvrant la hausse conjointe des achats de soufres bruts et non raffinés (+86,7%) et de l’huile de soja brute ou raffinée (+44,3%). Enfin, les importations des produits finis de consommation ont aussi concouru à la hausse de la valeur globale des importations, avec une hausse de 10,3% à 123,1 milliards de dirhams, suite à la hausse des achats des parties et pièces pour voitures de tourisme (+26,4%) et de ceux des tissus et fils (+29,3%).
Bonne performance les exportations du phosphate
Concernant les exportations, la DEPF note un accroissement de 33,1% pour ressortir à 389,8 milliards de dirhams à fin novembre 2022. Cette bonne performance a concerné la totalité des secteurs, plus particulièrement les phosphates et dérivés, l’automobile, l’agriculture et agro-alimentaire et le textile et cuir. Hors OCP, les exportations se sont renforcées de 26,4% pour atteindre 281,7 milliards de dirhams. Les ventes de phosphates et dérivés ont augmenté de +54,8% à plus de 108 milliards de dirhams, suite, exclusivement, à un effet prix. Ainsi, la valeur des exportations de phosphate brut et de l’acide phosphorique s’est fortement accrue (+ 55,9% et +21,6% respectivement). Pour les exportations des engrais naturels et chimiques, elles ont affiché une hausse de 68,1%, due à l’effet prix qui a presque doublé. Toutefois, leurs quantités exportées sont en baisse de 12,1%. En conséquence, la part du secteur des phosphates et dérivés dans l’ensemble des exportations s’est accrue, atteignant 27,7% contre 23,8% un an auparavant. Ce secteur conserve ainsi, sa place de premier secteur exportateur du Maroc. Par ailleurs, les ventes du secteur de l’automobile se sont inscrites en hausse de 35% franchissant pour la première fois la barre des 100 milliards de dirhams. Cette forte progression a été réalisée grâce à ses deux principaux segments, en l’occurrence la construction (+46,2%) et, dans une moindre mesure, le câblage (+27,6%). La part de ce secteur dans le total des exportations (25,4%) reste assez semblable à celle enregistrée à fin novembre 2021 (25,8%).
En parallèle, les exportations du secteur de l’agriculture et agro-alimentaire se sont raffermies de 18,3% à 73,8 milliards de dirhams, en raison de la hausse simultanée des ventes de l’industrie alimentaire (+21,8%) et de celles de l’agriculture, sylviculture et chasse (+13,7%). La part de ce secteur dans le total des exportations se situe à 18,9% contre 21,3% à fin novembre 2021. Sur le plan du textile et cuir, les exportations de ce secteur se sont accrues de 22,2% à 40,9 milliards de dirhams. Cette évolution est imputable à la hausse des ventes des principaux segments de ce secteur en l’occurrence, les vêtements confectionnés (+23,2%), les articles de bonneterie (+14,4%) et les chaussures (+33,2%). Néanmoins, la part des ventes de ce secteur, dans le total des exportations, a reculé de 0,9 point (10,5% à fin novembre 2022 contre 11,4% à fin novembre 2021). Quant aux exportations du secteur de l’aéronautique, elles se sont renforcées de 39,8% pour atteindre 19,5 milliards de dirhams, dépassant ainsi leurs niveaux enregistrés durant la même période entre 2018 et 2021. Cette évolution recouvre une hausse des exportations relatives à l’assemblage de 42,2% et de celles de l’EWIS de 35,2%. Il est à noter, également, que les exportations du secteur de l’électronique et électricité se sont accrues de 38,3% à 16,8 milliards de dirhams, sur fond de hausse significative des ventes des composants électroniques (+64,9%) et des fils et câbles (+36,5%). Quant aux exportations des autres industries, elles ont atteint 25,5 milliards de dirhams, en hausse de 13,5%.