Erdogan a gagné…mais sans la Palestine

Ces dernières années, le président turc avait rétabli les relations de la Turquie avec Israël. Les échanges sont nombreux dans tous les domaines, diplomatique, économique, financier, sécuritaire, culturel, touristique…
La Turquie est le sixième partenaire commercial d’Israël et, en 2018, le volume des échanges était estimé à 6,2 milliards de dollars. Et encore plus aujourd’hui.
Le réchauffement des relations entre Jerusalem et Ankara a été couronné par la visite d'État, le 9 mars 2022, du président israélien Isaac Hrzog en Turquie. C’était la première depuis quatorze ans. A cette occasion, le président turc Recep Tayyp Erdogan a déclaré qu’il attachait une grande importance à la coopération en matière de sécurité et de sécurité énergétique avec Israël.
Tout le monde était d’accord pour la reprise des relations diplomatiques dès le 17 août 2022.
Fait intéressant à retenir, le président turc était prêt à travailler avec Israël quelque soit les partis au gouvernement.
En novembre 2022, il avait déclaré à une radio turque, que « quel que soit le résultat des élections, nous voulons maintenir les relations avec Israël sur une base durable, fondée sur le respect mutuel et des intérêts communs ».
Le président turc était prêt à travailler avec Israël quelque soit les partis au gouvernement. -
C’est dans cette ambiance que le président islamiste sortant avait mené sa campagne présidentielle face à un rival fort et déterminé, Kemal Kilicdaroglu, qu’il a pu battre d’un très léger score.
Enfin! on aurait pu craindre le pire pour Erdogan qui a rétabli les relations avec Israël et accueilli Isaac Herzog. Les Turcs auxquels, il a lui-même vendu la question palestinienne comme la cause suprême de tous les musulmans, n’allaient certainement pas laisser passer un candidat ami des israéliens et donc ennemi des Palestiniens.
Eh bien, ils l’ont laissé passer. Certes avec difficulté, mais qu’importe, il a gagné ce qui veut dire que les Turcs qui ont voté pour lui, sont d’accord avec sa politique israélienne. Elémentaire.
Tout ceci nous explique clairement que la question palestinienne n’est pas une cause absolue. Ce n’est qu’un levier politique destiné à cadrer les populations et à les mobiliser pour le combat permanent contre l’ennemi sioniste, le fameux ennemi extérieur.
Tout ceci nous explique clairement que la question palestinienne n’est pas une cause absolue. -
La preuve, qu’ont gagné les Palestiniens depuis le début de leur revendication territoriale? Rien. Au contraire, aujourd’hui, ils sont divisés avec deux autorités et deux territoires séparés qui se livrent bataille entre eux.
Erdogan devait savoir pertinemment que le rétablissement des relations entre Ankara et Jérusalem n’allait pas l’empêcher de remporter un troisième mandat. Sinon il ne l’aurait pas fait.
C’est une leçon de réalisme politique pour certains pays toujours suspendus à leur combat contre « l’entité sioniste » et à l’objectif de « jeter les juifs à la mer ».
C’est une leçon de réalisme politique pour certains pays toujours suspendus à leur combat contre « l’entité sioniste ». -
Mais on a fini par les comprendre. Sur le terrain, ils n’ont rien réalisé pour leurs peuples; leurs économies sont moroses; leurs citoyens souffrent quotidiennement pour acheter les produits de première nécessité et leur tissu industriel est insignifiant alors que l’industrie turque a conquis tous les marchés arabes et musulmans avec des produits très diversifiés.
Erdogan calcule vite et bien. Il a une grande vision pour la Turquie qu’il veut placer parmi les grandes puissances et il y met les moyens et les relations.
Il a été réélu pour la troisième fois parce que, même si le pays a beaucoup souffert, ses électeurs ont apprécié ce qu’il a fait pour eux. Ni l’inflation, ni le chômage, ni la gestion des effets du tremblement de terre, ni la baisse de la valeur de la Lire n’ont eu prise sur lui.