"Justice pour Nahel". La France en feu
La situation a commencé à se tendre une fois 23H00 (21H00 GMT) passées à Nanterre, à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Paris dans le département des Hauts-de-Seine, où l'adolescent a été tué par balle mardi.Plus d'une dizaine de voitures et des poubelles ont été incendiés et des barrières placées sur la route, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Les mots "Justice pour Nahel" et "Police tue" ont été tagués sur la façade d'un immeuble.Des affrontements avec la police étaient en cours vers 01H00 (23H00 GMT mercredi) dans une cité de la ville, déjà théâtre de heurts entre habitants et forces de l'ordre la veille. Des tirs de gaz lacrymogènes répondaient à des jets de pavés.Dans le même département, à Clamart, une rame de tramway a été incendiée, selon une source policière.
Une vingtaine de communes de Seine-Saint-Denis, département au nord-est de Paris, ont recensé des incidents, a indiqué une source policière selon laquelle des groupes de moins d'une centaine de personnes très mobiles sont à chaque fois actifs sur place. Des villes plutôt tranquilles sont concernées.La préfecture de police a fait état de 77 interpellations peu avant 02H00 (00H00 GMT).
Dans l'Essonne, au sud de la capitale, un groupe de personnes a mis le feu à un bus vidé de ses passagers vers 21H00 (19H00 GMT), a-t-on appris de source policière.Des heurts ont aussi éclaté dans un quartier animé de Toulouse (sud-ouest). D'épaisses fumées noires se dégageaient du secteur, en raison notamment d'un fourgon en feu, a constaté un journaliste de l'AFP.
Cette affaire a relancé la controverse sur l'action des forces de l'ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022.
Des tensions ont été rapportées dans d'autres régions des quatre coins du pays, comme à Lyon (est), où les forces de l'ordre ont été visées par des mortiers d'artifices. Parfois, comme à Saint-Etienne (est), Lille (nord) et Rennes (nord-ouest), les incidents ont eu lieu en marge de rassemblements de soutien à un mouvement écologiste récemment dissout par le gouvernement. La mort de Nahel a suscité une forte émotion en France.
Des sources policières avaient affirmé qu'un policier avait tiré lorsqu'un véhicule avait foncé sur deux motards de police mardi. Mais selon une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et authentifiée par l'AFP, un des deux policiers tenait le conducteur en joue et a tiré à bout portant quand la voiture a redémarré.
On y entend "tu vas te prendre une balle dans la tête", sans que l'on puisse identifier l'auteur de cette phrase. Atteint au thorax, Nahel M. est décédé peu après.
Le ministère de l'Intérieur a annoncé la mobilisation dans la soirée de 2.000 membres des forces de l'ordre à Paris et en proche banlieue, 800 de plus que la nuit précédente. La mère de Nahel a appelé à une marche blanche jeudi à 14H00 (12H00) devant la préfecture des Hauts-de-Seine. Cette affaire a relancé la controverse sur l'action des forces de l'ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d'obtempérer lors de contrôles routiers.
Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l'Inspection générale de la police nationale dans le cadre d'une enquête ouverte pour homicide volontaire. Sa garde à vue a été prolongée, a-t-on appris mercredi auprès du parquet de Nanterre. Le drame a également provoqué de nombreuses réactions de responsables politiques.
Avec AFP