Maroc-Israël. La mémoire n’est pas négociable
Nous sommes toujours dans le contexte de l’échange de lettres entre le Roi Mohammed VI et Benjamin Netanyahou qui reconnaît la marocanité du Sahara et Sa Majesté qui l’invite à effectuer une visite au Maroc. C’est un événement de ceux qui scindent l’histoire en deux. Il y a un avant et un après.
Il y a eu plusieurs commentaires suite à cette nomination et presque partout on relève l’origine marocaine de Sharon Itah, qui parle bien, dit-on le darija. Une sorte de retour aux sources pour quelqu’un qui sera à l’aise en travaillant pour l’intérêt des deux pays. Et il y a beaucoup à faire. Mais c’est une autre histoire.
Si les Marocains d’Israël sont toujours aussi à l’aise dans leur rapport à leur pays d’origine c’est qu’il y a une raison à cela. Le Maroc croit fermement à des valeurs profondément humaines. L’humain d’abord, le reste ensuite. Aucune personne ne peut être arrachée au pays de ses ancêtres. C’est un droit humain que rien ne devrait restreindre ni amputer. C’est aussi simple que cela.
Aucune personne ne peut être arrachée au pays de ses ancêtres.
Techniquement cela se traduit par la nationalité marocaine éternelle. Elle ne se perd pas. Les Juifs ont quitté le Maroc à partir des années 50 et 60. Nous en sommes à la quatrième génération aujourd’hui et le nouvel attaché militaire est sans doute de la troisième.
Et pourtant, ils sont restés marocains. Parce que personne ne les empêche de l’être. Et parce que, surtout, leur mémoire est conservée. Ce n’était pas un calcul politique, c’était juste humain. Les enfants qui ont quitté le Maroc dans les années 60 sont des séniors aujourd’hui. Toute personne aime revenir au lieu de sa naissance et de son enfance. C’est là qu’on a les meilleurs souvenirs. Et les souvenirs c’est un patrimoine. Interdire le retour de quelqu’un à son lieu de naissance c’est lui voler son patrimoine.
Et donc, pour ceux qui se demandent encore pourquoi Israël a reconnu définitivement et de manière irréversible la souveraineté entière du Maroc, il n’y a pas de mystère. Les Marocains d’Israël ont si bien travaille, étudié, milité qu’à la fin ils sont devenus des citoyens influents, politiquement, économiquement, socialement, culturellement…
Interdire le retour de quelqu’un à son lieu de naissance c’est lui voler son patrimoine.
Une preuve? Il n’y a pas un Premier ministre qui raterait la fête judéo-marocaine de la Mimouna. C’est devenu une célébration nationale. Et elle a été instaurée par les Marocains. Il n’y a pas un gouvernement sans Marocains et la Knesset en accueille plusieurs. Ils sont dans tous les partis politiques. Bref, ils sont puissants.
On imagine bien l’effort qu’il a fallu consentir sur des décennies pour gagner cette place face à des communautés très puissantes, notamment originaires d’Europe. C’est l’avantage de vivre dans un pays démocratique. Et Israël l’est. Le Maroc l’est aussi, sinon nous ne serions pas là en train de débattre d’un sujet qui mènerait à la case prison dans plusieurs pays arabes et musulmans.
Il n’y a pas un gouvernement sans Marocains et la Knesset en accueille plusieurs
Le Maroc n’a jamais utilisé la carte de la terre dans ses rapports internationaux. Il ne le fera jamais, c’est un des principes qui font sa force et sa notoriété. Au Maroc, on ne comprend pas qu’un citoyen soit empêché de venir se recueillir sur la tombe de ses parents ou effectuer un pèlerinage à un lieu saint ou à une synagogue.
Des Juifs du monde entier se retrouvent au Maroc pour célébrer des fêtes religieuses ou simplement faire du tourisme. Quand ils arrivent, ils expriment leur joie dès leur descente d’avion, ils chantent, dansent et communiquent leur bonne humeur à tout le monde.
Alors, se demander pourquoi les Juifs d’Israël et d’ailleurs aiment le Maroc n’a plus aucune raison d’être. Ils sont chez eux. C’est tout.
