Les soupçons sur la présence du Hezbollah en Amérique du Sud portent surtout sur la région de la triple frontière entre Argentine, Brésil et Paraguay, trois pays où résident de nombreux habitants d'origine libanaise.

La plus grande ville de cette région est Ciudad del Este, métropole paraguayenne à la réputation sulfureuse. Située dans une zone franche où les touristes viennent acheter de l'électroménager détaxé, elle est aussi un pôle du commerce illégal, des DVD piratés aux armes.

Selon le Bureau anti-terrorisme des Etats-Unis, la région est utilisée comme une base par le Hezbollah pour lever des fonds.

L'ambassadeur américain au Paraguay a affirmé en janvier que le Hezbollah y tenait "régulièrement" des événements où le mouvement islamiste libanais graissait la patte de politiciens paraguayens, y compris l'ex-président Horacio Cartes (2013-2018), en échange de tous types de faveurs. L'entourage de M. Cartes réfute ces accusations.


Le Hezbollah est accusé de lever des fonds en aidant des gangs locaux à blanchir de l'argent, via des maisons de change tenues par des personnes d'origine libanaise, selon l'agence anti-drogue américaine (DEA).

En 2014, le quotidien brésilien O Globo a affirmé, en citant des rapports de police ayant fuité, que le Hezbollah avait aidé l'un des principaux groupes du crime organisé au Brésil, le PCC, à acheter des armes et vendre des explosifs volés.

En 2006, des procureurs argentins ont accusé le Hezbollah d'avoir perpétré l'attentat à la bombe le plus meurtrier du pays, en 1994, contre une mutuelle juive (Amia), faisant 85 morts et 300 blessés.

Ces procureurs ont accusé de hauts responsables iraniens d'avoir ordonné l'attentat, mais l'affaire n'a toujours pas été élucidée.

Le gouvernement des Etats-Unis a accusé plusieurs citoyens sud-américains de financer le Hezbollah, dont le Libano-Paraguayen Assad Barakat, condamné pour blanchiment.

En juin, l'Argentine a demandé à Interpol de lancer une notice rouge pour l'arrestation de quatre Libanais soupçonnés d'être liés au Hezbollah, trois d'entre eux ayant la double nationalité, brésilienne ou paraguayenne.

L'Argentine et le Paraguay qualifient le mouvement chiite libanais d'"organisation terroriste".