HCP. Zoom sur le secteur des institutions sans but lucratif au Maroc
Les ISBL au Maroc, se démarquant par leurs objectifs sociaux, ont connu une croissance exceptionnelle ces dernières années. Selon une enquête menée par le HCP, en 2019, le nombre d'ISBL actives s'élevait à près de 187 834 unités, contre 44 771 en 2007, démontrant un taux de croissance annuel moyen de 12,7%. Le taux d’activité de ces institutions se situe, suivant les résultats de l'enquête, aux alentours de 89% parmi les 210.000 ISBL répertoriées. En rapportant le nombre des ISBL actives à la taille de la population marocaine de la même année, il en ressort un taux de 528 ISBL pour 100.000 habitants contre 145 unités par 100.000 habitants en 2007 avec une évolution annuelle moyenne de 11,4%.
Adhésion et diversité des domaines d'action
L’enquête révèle que plus de la moitié des ISBL (54%) ont été créées entre 2011 et 2019, soulignant la jeunesse dynamique de ce secteur. L'âge moyen des ISBL en 2019 était de 10 ans, contre 7 ans en 2007. Ces institutions sont présentes sur l'ensemble du territoire marocain, avec des concentrations notables dans les régions de Casablanca-Settat, Marrakech-Safi, Rabat-Salé-Kenitra, Fès-Meknès et Souss-Massa.
Le HCP note également que le secteur des ISBL a réussi à mobiliser une impressionnante adhésion citoyenne, dépassant les 41 millions d'adhésions en 2019. La région de Rabat-Salé-Kenitra se démarque avec le nombre moyen le plus élevé d'adhésions par institution, soit 463 adhésions. Ces adhésions, principalement constituées de personnes physiques (99,5%), reflètent l'implication significative des citoyens, dont 41% sont des femmes.
La diversité des domaines d'action couverts par ces institutions reflète leur engagement envers des causes variées. L’enquête souligne ainsi que la culture, le sport et les loisirs (30,9%), le développement et le logement (27,6%), ainsi que l'éducation et la recherche (14,4%) se démarquent comme les domaines d'action privilégiés. Près d'une adhésion sur trois est enregistrée dans le domaine de la culture, du sport et des loisirs.
Défis rencontrés
Selon le HCP, bien que le secteur des ISBL ait connu une croissance significative, son fonctionnement est souvent entravé par des conditions peu propices à la réalisation efficace de ses activités. L’enquête révèle ainsi que , plus de la moitié d'entre elles (54,7%) opèrent sans locaux dédiés, tandis que seulement 15,3% font partie d'un réseau. Les défis incluent la gestion financière, avec 96,7% des ISBL ne tenant pas de comptabilité selon les normes. Cette lacune est particulièrement frappante dans certains domaines d'activité, avec seulement 1,8% des ISBL de la catégorie "Congrégations et associations religieuses" disposant d'une comptabilité formelle, comparé à 51,4% pour le domaine des "Activités internationales".
En ce qui concerne les partenariats, un constat inquiétant émerge, avec près de trois quarts des ISBL (28,5%) opérant sans relations de partenariat avec d'autres agents économiques pour la réalisation de leurs actions. Pour celles qui établissent des partenariats, les partenaires publics sont les plus sollicités, avec 10,7% des ISBL établissant un partenariat avec l'État et 1,9% dans le cadre de l'Initiative Nationale du Développement Humain (INDH). De plus, l'adhésion à une ISBL n'est pas une condition nécessaire pour bénéficier de ses services, 56,4% des ISBL offrant leurs services à tout public. Cependant, 35,5% servent exclusivement leurs adhérents, et 8,1% réalisent des actions exclusivement au profit des non-adhérents. Les bénéficiaires varient en termes d'âge, avec 45,2% des ISBL au service des enfants.
Côté ressources financières, l’enquête montre que plus de 80% des ISBL fonctionnent avec un budget annuel inférieur à 100 000 DH. Les recettes totales du secteur s'élèvent à près de 34,4 milliards de dirhams, avec 33,8% provenant de cotisations, 22,2% de dons et transferts courants, et 11,1% de subventions de fonctionnement. Les dépenses totales des ISBL en 2019 ont dépassé les 26,2 milliards de dirhams.