Massod Ahmed: "La moitié des pays africains font face à une dette alarmante"
« Les institutions financières internationales doivent s'adapter rapidement pour résoudre les défis émergents », souligne le président du centre pour le développement mondial, Massod Ahmed. Selon lui, les institutions, telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire, se retrouvent aujourd'hui confrontées à un monde radicalement différent de celui dans lequel elles ont été créées il y a 75 ans, à l'issue de la Deuxième Guerre mondiale.
Tout d'abord, il met l’accent sur le changement substantiel du poids économique des pays. « Des pays tels que la Chine, l'Inde et d'autres en développement sont bien plus importants aujourd'hui qu'il y a 75 ans. Cela doit être reflété dans la gouvernance de ces institutions’, relève t-il ajoutant qu’il est « impératif qu'elles se réinventent pour tenir compte de cette nouvelle réalité, en intégrant une représentation équitable des pays émergents dans leurs structures décisionnelles ».
Ensuite, l’expert insiste sur les défis contemporains tels que le changement climatique et les pandémies, qui n'étaient pas prédominants lors de la création de ces institutions. Il plaide pour une adaptation plus rapide et dynamique de leur mode de travail. Selon lui, Les institutions doivent accompagner des nations comme le Maroc en proposant des financements attractifs, mais cela doit s'accompagner d'une assistance technique appropriée. « Cette approche proactive favorisera une transition réussie vers des systèmes énergétiques plus durables et résilients », ajoute t-il.
La pression actuelle pour accélérer le rythme de travail et réduire les délais de concrétisation des projets est perçue comme nécessaire et bénéfique. Cependant, cela soulève, de l’avis de Massod Ahmed, des questions sur la gouvernance, compte tenu de la complexité de décision impliquant 190 pays membres. « Une réflexion sur la rationalisation de ces processus décisionnels pourrait permettre une réactivité accrue face aux enjeux actuels », admet-il.
Un autre défi critique évoqué par Massod Ahmed est la question croissante de la dette en Afrique. « Près de la moitié des pays africains sont confrontés à des niveaux de dette alarmants, exacerbés par des taux d'intérêt mondiaux en augmentation », alerte t-il ajoutant que « la charge de la dette compromet sérieusement l'avenir des jeunes générations, entraînant des coupes budgétaires dans des secteurs vitaux tels que la santé et l'éducation ». L’expert plaide ainsi pour des solutions immédiates pour résoudre les problèmes de liquidité et de restructuration de la dette afin de préserver les opportunités d'investissement dans les secteurs cruciaux pour les futures générations africaines.