Assurances. De nouveaux risques, de nouvelles opportunités
Sur deux jours, cette rencontre a vu converger des experts et des professionnels mondialement reconnus pour discuter et partager leurs idées sur les multiples défis et opportunités qui façonnent le paysage de l’assurance.
Dans son mot d’ouverture, Nadia Fettah, ministre de l’économie et des finances a relevé que « le secteur de l'assurance joue un rôle crucial dans l'inclusion financière, notamment en matière de financement, ce qui contribue au développement économique et social du Royaume ». Elle a mis l’accent aussi sur la récente création d'une commission regroupant les acteurs de l'assurance pour explorer de nouvelles pistes et repousser les frontières de ce secteur, surtout dans un monde marqué par l'incertitude. « Une telle avancée nécessitera une vision claire, mobilisant tant les pouvoirs publics que les acteurs privés et publics », a-t-elle indiqué.
De son côté, le président de la fédération marocaine de l’assurance, Mohamed Hassan Bensalah a noté que « ces dernières années, de nouveaux risques émergent ou s’accentuent, mettant à rude épreuve nos modèles classiques » ajoutant qu’au-delà du risque, c’est l’incertitude du monde dans lequel nous vivons qui pose des défis majeurs à notre industrie.
De nouveaux risques émergent
Selon de nombreux experts, la gestion des risques et la réduction de l'incertitude sont des défis majeurs du 21ème siècle. Le dernier rapport du World Economic Forum prévoit une détérioration des risques mondiaux dans les deux prochaines années, avec une tendance à l'aggravation au cours de la décennie à venir. La désinformation est identifiée comme le principal risque, surpassant même les événements climatiques, en raison de son potentiel de manipulation grâce à l'intelligence artificielle. Parallèlement, les catastrophes naturelles, telles que les inondations, les ouragans et les tremblements de terre, se multiplient en fréquence et en intensité, touchant les quatre coins du globe en 2023.
Au-delà des risques climatiques et des catastrophes naturelles, l’activité de l’assurance doit faire face à une multitude d'incertitudes, telles que les tensions géostratégiques, les risques de pandémies et l'accélération des innovations technologiques, rendant la gestion du risque cyber encore plus complexe. « Face à ces défis, il est évident que beaucoup reste à faire. L’ensemble de ces défis représentent, pour nous, des sources d’opportunité. Et il est impératif de répondre en adoptant une approche prospective », a insisté le président de la FMA.
Elargir la couverture au niveau local
Sur le marché local, le professionnel met l’accent sur le défi de l’élargissement de la couverture au plus grand nombre. « Avec un taux de pénétration légèrement supérieure à 4% du PIB, nous faisons, certes, mieux que la plupart des pays africains et arabes, mais notre marge de progrès reste très grande. Nous devons être plus créatifs et plus inclusifs », a-t-il souligné.
Au-delà des actions menées dans le cadre de la stratégie nationale de l’inclusion financière, une étude stratégique a été lancée, en collaboration avec l'autorité de supervision, afin d'identifier les leviers de développement du secteur financier et d'élaborer une feuille de route pour leur mise en œuvre. Des leçons sont également tirées de la gestion du séisme d’Al Haouz, soulignant la nécessité d'instaurer certaines couvertures obligatoires pour garantir une meilleure protection, notamment en matière de Multirisque Habitation. Par ailleurs, selon Mohamed Hassan Bensalah a noté qu’il est temps d'adopter l’obligation de couverture des risques pour le voisinage, à l'instar de nombreux pays développés. Bien que plusieurs sujets importants soient en cours de mise en œuvre, leur caractère transversal rallonge leur processus. Cela inclut notamment la dématérialisation de l’attestation d’assurance automobile et la refonte du livre 4 du Code des Assurances, qui devrait entraîner une réforme significative de la distribution. Il est crucial aussi d’après le président de la FMA, de renforcer la résilience et l'entrepreneuriat des réseaux d'agents, d'organiser plus efficacement les courtiers et d'élargir la gamme de produits proposés par les banques. De plus, « l'exploration de nouveaux canaux de distribution, parfois disruptifs, capables de cibler de nouvelles clientèles, est essentielle », a-t-il ajouté.