M. Sadiki: "La coopération agricole Sud-Sud se concrétise au SIAM 2024"

L'Observateur du Maroc et d'Afrique: Comment évaluez-vous cette 16ème édition du SIAM ? Quels ont été les temps forts selon vous ?
La 16ᵉ édition du Salon International de l'Agriculture du Maroc, qui s'est déroulée cette semaine, revêt une importance particulière. En premier lieu, elle se distingue par sa thématique, mais également par plusieurs améliorations apportées à l'organisation dans son ensemble. Comme pour chaque édition, cet événement est placé sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l'assiste. L'inauguration par Son Altesse Royale, le prince héritier Moulay El Hassan, ainsi que la présence de son Altesse Royale le prince Moulay Rachid, qui a présidé le dîner Royal de jeudi, ont contribué à relever le prestige de cette édition. Celle-ci a mis l'accent sur la relation essentielle entre le climat et l'agriculture dans une conjoncture particulièrement critique.
Cette édition a également été marquée par l'organisation de la réunion ministérielle de l'initiative Triple A, visant à adapter l'agriculture africaine au changement climatique, avec une forte participation des ministres africains et la présence du ministre français en tant qu'invité. Des échanges importants ont eu lieu avec les opérateurs espagnols, en présence du ministre espagnol, portant sur les approches de l'Espagne en matière d'adaptation. De plus, cette édition a accueilli des experts, des chercheurs et des scientifiques internationaux lors d'une conférence sur le rôle de la recherche agricole dans la lutte contre le changement climatique, la gestion de l'eau et l'adaptation des systèmes agricoles et de production.
Quels sont les principales technologies présentées lors de cette édition, et comment peuvent-elles contribuer à renforcer l'adaptation et la résilience des systèmes agricoles face aux défis climatiques?
Les expositions de nouvelles technologies ont présenté des approches techniques visant à renforcer l'adaptation et la résilience des systèmes de production agricole face aux chocs et aux changements climatiques, notamment en ce qui concerne la maîtrise de l'eau d'irrigation. De nouvelles technologies ont été dévoilées pour favoriser l'économie d'eau et mettre en œuvre des approches de télégestion de l'eau, contribuant ainsi à une meilleure gestion de cette ressource précieuse. Cette édition a également accordé une importance considérable au domaine numérique, avec la création d'un pôle dédié au digital et une forte présence de start-ups soutenues par le pôle digital du ministère.
Actuellement, nous assistons à l'émergence d'un écosystème favorable à l'intégration des technologies numériques dans le secteur agricole. Cette année, les technologies liées à l'intelligence artificielle ont été particulièrement mises en avant. Nous avons pu observer l'automatisation de certaines pratiques agricoles grâce à des techniques telles que l'utilisation de drones pour la fertilisation et le traitement foliaire. Ces outils permettent également une gestion à distance de l'irrigation des cultures, en fournissant la quantité d'eau nécessaire au bon moment. De plus, des solutions telles que les chatbots ont été mises en place pour atteindre les petits agriculteurs et les éleveurs, même dans les régions montagneuses. Cette approche permet de transmettre des informations importantes sur les marchés, les prix, etc., sous forme de messages vocaux pour une meilleure compréhension. Ces exemples illustrent une avancée significative dans l'utilisation des technologies numériques dans l'agriculture, estimée à une amélioration de la croissance économique agricole de 30 à 35%
Pouvons-nous obtenir un résumé des coopérations discutées lors de cet événement, notamment celles concernant la coopération Sud-Sud ?
Le salon représente un point de convergence crucial pour la coopération dans le secteur agricole et les secteurs connexes, en particulier en ce qui concerne la question de l'eau avec les pays africains. L’initiative Triple A est une initiative africaine majeure. C'était déjà un événement important. Durant toute la semaine, nous avons tenu des réunions bilatérales avec les pays africains pour discuter des axes de coopération en fonction de leurs demandes et spécificités respectives. En substance, cela concerne en premier lieu l'adoption du modèle marocain en matière de développement agricole, en mettant en avant les meilleures pratiques que nous avons développées. Nous avons également abordé les questions liées au changement climatique, à la formation, à la recherche dans les domaines de l'eau et de la chaîne de valeur, ainsi que la valorisation des chaînes de valeur, la transformation agricole, l'éducation, et la valorisation à travers les industries agroalimentaires, notamment le modèle des agropoles que nous avons développé au Maroc. Nous avons également discuté des aspects relatifs aux engrais et à la fertilisation des sols, qui suscitent une forte demande.
En substance, ce qui revêt une importance capitale, c'est que cette coopération adopte aujourd'hui une approche pratique et pragmatique. Nous ne nous contentons pas de discours généraux, mais nous mettons en œuvre des actions concrètes et spécifiques pour transférer les meilleures pratiques vers ces pays partenaires. De plus, il est crucial de reconnaître que nous avons également beaucoup à apprendre de ces pays, notamment en ce qui concerne leurs ressources en eau, en sol et en fertilité, qui sont souvent considérables. Par ailleurs, il existe des opportunités économiques importantes pour les opérateurs marocains, que ce soit en termes d'exportation vers ces pays ou même de production sur place. Tout cela dépend bien sûr des spécificités de chaque pays. Nous avons identifié des axes de coopération, certains sont déjà établis dans des accords signés, d'autres seront formalisés dans un avenir proche.