Quatre ans de prison pour les interprètes de " Kbi atay "
La sentence est tombée lundi 29 avril, quatre mois après la sortie fracassante de la chanson. La Chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Fès a condamné les auteurs de " Kbi Atay " à 4 ans de prison, deux ans pour chacun d'eux assortis d'une amende de 500 dirhams. Les deux chanteurs ont été poursuivis pour incitation de mineurs à la débauche et à la prostitution, incitation à un crime ou un délit par le biais d'un moyen électronique public.
Controverse
À sa sortie, cette chanson rap controversée a provoqué l'ire des féministes et des associations de protection de l'enfance. Plusieurs appels ont été lancés pour sa suppression des plateformes et des réseaux sociaux. Motif ? Ses paroles méprisantes et son contenu jugé immoral, encourageant le viol des mineures et leur exploitation sexuelle, ainsi que l'incitation à la violence physique et morale contre les filles et les femmes marocaines.
Malgré la polémique, " Kbi atay " a enregistré des millions de vues en quelques semaines. Le tube a été un véritable " succès " auprès du jeune public. C'était d'ailleurs l'une des chansons les plus regardées au Maroc sur les différentes chaînes youtube, avant d'être supprimée suite à la campagne de signalements la ciblant. Signée par le duo marocain Youss 45 et Men Grave, ses paroles grivoises et franchement sexistes sont rapidement devenues matière à trolls, gags et autres mems lubriques à volonté.
Fortes réactions
En réaction, l'Organisation marocaine des droits de l'Homme et de la lutte contre la corruption a adressé une lettre ouverte à El Hassan Daki, procureur général du Roi près de la Cour de cassation et Président du ministère public et à Abdellatif Hammouchi, Directeur général de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire. L'organisation y appelait les deux responsables à intervenir en urgence pour mettre fin à ce " crime ", comme elle qualifie la chanson .
De son côté, l'association " Mat9ich Weldi" a annoncé dans un communiqué sa détermination à poursuivre les interprètes de "Kbi atay " en justice en condamnant " le contenu toxique truffé de messages dangereux adressés aux jeunes et au moins jeunes ". La même requête a été formulée par l'Association Espoir pour l'Enfance au Maroc.
Cette dernière a demandé aux autorités judiciaires compétentes d'intervenir en urgence " pour préserver la sécurité numérique et protéger les bonnes mœurs". Ceci tout en condamnant le contenu de la chanson incitant au viol, à la déviance sexuelle, la consommation de drogues et l'encouragement de la migration clandestine.