La résistance du cash. Quels impacts sur l'économie?
Les chiffres récents publiés par Bank Al-Maghrib (BAM) révèlent une utilisation record de l'argent liquide, atteignant 400 milliards de dirhams à la fin de mars dernier, soit une croissance de 10,2 % par rapport à l'année précédente. « Cette tendance ascendante de l’utilisation de liquidités présente le risque d’exacerber les dangers d’inflation monétaire, car le volume de la masse monétaire en circulation augmente plus rapidement que la croissance du produit intérieur brut », alerte le rapport de BAM.
Informel et évasion fiscale
La prédominance de l'utilisation de l'argent liquide au Maroc peut être attribuée à plusieurs facteurs. L’économiste Rachid Sari met l’accent sur la persistance du secteur informel et de l'évasion fiscale dans l'économie nationale. Selon lui, le secteur informel représente près de 30% de l'activité économique du pays. Il souligne que certaines personnes préfèrent éviter d'être sous la surveillance fiscale, ce qui maintient une demande élevée d'argent liquide. De plus, l'argent liquide reste souvent le moyen le plus pratique pour effectuer des transactions quotidiennes dans un pays où l'accès aux services bancaires peut être limité pour certaines populations.
Un problème plutôt culturel
Les traditions culturelles et les pratiques commerciales ont également contribué à maintenir la prédominance de l'argent liquide. « Dans de nombreux secteurs, les paiements en espèces sont préférés, notamment dans le commerce informel et les transactions commerciales traditionnelles », ajoute l’expert précisant que cette dépendance à l'argent liquide n'est pas sans conséquences. « Outre les risques d'inflation monétaire et les défis logistiques pour les institutions financières, l'utilisation excessive de l'argent liquide peut également favoriser l'évasion fiscale et les activités illicites, en rendant les transactions moins traçables et transparentes », prévient-il.
Le Cash a un coût
Si pour l'utilisateur, payer en espèce est gratuit, pour les banques c'est un coût. La circulation de l'argent liquide engendre des coûts considérables, estimés à plus de 10 milliards de dirhams par an, selon les données de Bank Al-Maghrib (BAM). Ces coûts comprennent divers frais tels que la production de pièces et de billets, la recherche et le développement de mesures de sécurité, ainsi que la logistique de distribution. Ces dépenses représentent environ 0,8% du PIB du pays.
Des incitations financières
Pour promouvoir une utilisation plus équilibrée des espèces et encourager l'adoption de solutions de paiement numériques, des incitations financières peuvent être mises en place. D’après R.Sari, Cela pourrait inclure des remises en espèces ou des programmes de fidélité pour les utilisateurs qui optent pour les paiements électroniques, ainsi que la simplification des procédures et l'utilisation d'applications numériques. La sensibilisation du public sur les avantages des paiements électroniques en termes de sécurité, de commodité et d'efficacité peut également contribuer à changer les mentalités et les comportements.