Drogues de synthèse. superpuissantes et mortelles
Dans son rapport mondial sur les drogues 2023, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) met en garde contre un nouveau groupe de drogues de synthèse superpuissantes et mortelles. Dans son rapport publié ce mercredi 26 juin, l’organisation mondiale évoque une vague de décès liés à ces substances extrêmement nocives.
Drogue superpuissante
Le coupable ? Les nitazènes, 500 fois plus forts que la morphine, c’est une classe de substances chimiques qui incluent des dérivés de benzodiazépines synthétiques. Principalement utilisés comme sédatifs, hypnotiques et anxiolytiques, l’usage médical des nitazènes reste toutefois limité. Ils sont prescrits dans certains pays pour traiter des troubles tels que l'insomnie sévère, l'anxiété sévère ou d'autres conditions nécessitant un contrôle rapide des symptômes.
La puissance pharmacologique des nitazènes rend peu prévisible l’intensité des effets ressentis, même si prises à faibles doses. Cette drogue hautement nocive entraine des graves conséquences cliniques telles que des syndromes toxiques sévères avec mise en jeu du pronostic vital, des dépressions respiratoires, voire des décès.
Détournés de leur usage médical, les nitazènes " sont apparus récemment dans les pays à hauts revenus, provoquant une augmentation des morts par overdose", note l’ONUDC. Une expansion que les experts de l’office expliquent par la chute de la production d’opium en 2023 après l’interdiction par les talibans de la culture du pavot en Afghanistan. Premier producteur mondial de la matière première de l’héroïne, cette interdiction en Afghanistan a induit une baisse de 74% de la production de l’opium dans le monde.
Drogue de substitution
« Les consommateurs d'héroïne se tournent ainsi vers des opioïdes de synthèse tels que le fentanyl, les traitements de substitution aux opiacés (méthadone, subutex) et les nitazènes posant de graves risques pour la santé» ; s’inquiète l’ONUDC dans son rapport. Qualifiée de « la plus grande menace actuellement », cette drogue de synthèse provient principalement de Chine. L’ONUDC nous apprend qu’elle a été identifiée aux Etats-Unis et au Canada, en Grande-Bretagne, en Belgique, en Estonie, en Lettonie et en Slovénie.
Une alerte a déjà été lancée en 2022 par le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de ces substances. « Cette alerte aborde le risque accru de surdose accidentelle associé aux nitazènes détectés dans les drogues illicites non réglementées au Canada. Les nitazènes sont des opioïdes synthétiques très puissants que l’on trouve généralement de façon inattendue dans des substances censées être d’autres opioïdes, comme le fentanyl », explique alors le centre canadien. Même inquiétude du côté de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) qui mettait en garde contre les ravages de cette drogue dans son rapport annuel publié début en juin.
Peu chère
Une expansion rapide que les auteurs du rapport expliquent par le caractère « facile », « peu cher » et « rapide » de la production des drogues de synthèse et en particulier des nitazènes. « Le fentanyl a radicalement modifié le marché des opioïdes en Amérique du Nord, avec des conséquences désastreuses. En 2021, la majorité des quelques 90.000 décès par overdose liés aux opioïdes dans ces contrées impliquaient des fentanyls fabriqués illégalement », alerte le rapport de l’ONUDC.
Ce dernier note toutefois " l'essor continu" de la cocaïne, dont l'offre a atteint des niveaux record en 2022, avec plus de 2.700 tonnes, soit 20% de plus qu'un an auparavant. Si la cocaïne reste très prisée en Europe et aux Etats-Unis, elle « conquit » désormais de nouveaux marchés tels l'Afrique et l'Asie. Le cannabis reste cependant la drogue la plus largement utilisée. Plus de 292 millions de personnes ont consommé des drogues à travers le monde en 2022 avec une hausse de 20% en une décennie.