L’ex détenu islamiste Brahim Akrach : «Je vais poursuivre en justice le faux torturé Ali Arras»
Brahim Akrach connait bien Ali Arras puisqu’il était détenu en 2012, comme lui, à la prison de Salé II pour terrorisme. Libéré en 2015, Akrach vient de publier une vidéo montrant comment Arras a fait de lui son complice involontaire. Voici sa version des faits sur la base desquels il veut demander réparation auprès de la justice.
Brahim Akrach a passé trois ans derrière les barreaux de la prison de Salé II. Emprisonné le 23 novembre 2012, il en est sorti le 18 décembre 2015. Durant ses interminables années, ce jeune d’origine rifaine avait côtoyé Ali Arras, entre autres détenus pour terrorisme, comme lui. Arras est ce belgo-marocain qui a été extradé par la justice espagnole pour avoir été suspecté d’appartenir à un réseau terroriste et impliqué dans un trafic d’armes en lien avec les attentats perpétrés à Casablanca le 16 mai 2003. Il a été condamné à 12 ans de prison et tente par tous les moyens de faire parler de lui, depuis sa libération en 2020, après avoir purgé la totalité de sa peine. Il multipliait les sorties pour crier à l’injustice et pour accuser ses geôliers de torture en utilisant, en particulier, une vidéo filmée dans sa celulle où il montre ce qu'il prétend être des traces de tortures.
Déjà démentie par d’autres anciens détenus, ces allégations font aujourd’hui réagir Brahim Akrach. Il affirme qu’il croyait sur parole Ali Arras jusqu’à ce qu’il découvre la fameuse "démonstration".
«Je vous jure que cette vidéo c’est du faux puisque c’est moi qui ai aidé, involontairement, Arras à la réaliser», témoigne-t-il en assurant ne l’avoir visionnée pour la première fois sur Facebook que cet été.
Le jeune témoin parle bien de la vidéo où l’on voit Arras, ne portant qu’une bermuda, montrant des ecchymoses dans ce qui semble être une cellule malpropre. Brahim Akrach affirme que c’est lui-même qui avait dessiné ces traces bleues sur le dos du prétendu torturé, à la demande de ce dernier, au moyen d’un chiffon imbibé légèrement d’encore bleue.
«Je croyais bien faire en aidant Arras qui m’avait menti en me faisant croire qu’il allait présenté ces traces factices au procureur du Roi. Il m’avait encore berné en exploitant ma sympathie lorsqu’il m’avait convaincu de lui apporter un smartphone sous prétexte qu’il voulait juste parler un peu à sa fille, restée en Belgique. Or, c’est cet appareil qui lui avait servi à l’enregistrement de la vidéo, comme les morceaux de savon que je lui avait apportés lui avaient servi de matière première pour salir la partie de sa cellule lui ayant servi de décor à son scénario», confie le jeune homme.
Akrach assure que Arras disposait de l’une des meilleures cellules, l’une des plus équipées qui plus est, de tout le quartier B de la prison de Salé II. Selon son témoignage, celui qu’il considérait lésé, avait tiré profit d’une manière diabolique de sa bonne foi et de sa facilité de mouvement au sein de la prison pour monter sa fiction dans le seul but d’accuser le Maroc d’injustice et de torture.
«Je me rends aujourd’hui compte que je suis, involontairement, partie prenante d’un complot et je veux faire éclater la vérité», poursuit-il en faisant savoir qu’il compte porter cette affaire devant la justice. «Je refuse d’être, malgré moi, un complice de Arras. Je le savais menteur puisqu’il sait lire et écrire l’arabe, et l’a fait devant moi, contrairement à ce qu’il affirmait devant la justice, mais je ne savais pas qu’il était à ce point manipulateur», conclut-il.
Autre témoin accablant
Abderrezak Soumah est une autre vieille connaissance de Ali Arras. En étant l’un des fondateurs du mouvement terroriste des «Moujahidines» au Maroc, il avait lui aussi fréquenté le «torturé imaginaire», pendant de longues années.
Soumah a déjà publié une vidéo où il révèle que Arras collectait des fonds pour acheter des armes qu’il expédiait au Maroc, depuis la librairie islamiste «Ennour» qu’il tenait dans le quartier tristement célèbre de Molenbeek.
Soumah a révélé aussi qu’en 2005, même après la dissolution du «Mouvement des Moujahidines au Maroc», Arras était venu à Salé où il lui avait proposé des armes.