Fès. Un souffle d’espoir pour ressusciter l’alliance des civilisations sous le signe de la confiance et de la pluralité
Eu égard à sa qualité de capitale spirituelle du Royaume, Fès vient d’abriter, à l’initiative de l’Université Euromed, d’intenses échanges entièrement dédiés à la recherche de nouvelles idées pour le rétablissement de la confiance, dans le respect de la pluralité, dans un monde que certains estiment plus chaotique que jamais.
«C’est dans les moments les plus difficiles comme ceux que traverse le monde aujourd’hui que la voix de la raison et du juste milieu du Royaume prend tout son sens», a précisé le président de l’Université Euromed de Fès (UEMF) en lançant la première phase de l’évènement, vendredi soir, pour bien marquer la rationalité de la démarche. Et Mostapha Bousmina d’ajouter devant un auditoire réunissant des personnalités et des experts venus des quatre coins du monde ainsi que de plusieurs centaines d’étudiants de l’UEMF originaires d’une cinquantaine de pays : «Le Maroc, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ne se contente pas de discourir sur l’Alliance des civilisations. Il l’incarne et la déploie concrètement par des actions tangibles». Reliant le présent du Royaume à son passé, l’orateur a expliqué que cette exception marocaine résulte de l’histoire millénaire du pays et de sa monarchie «qui est le ciment de notre identité et de notre diversité culturelle et qui rassemble avec sagesse tous les Marocains autour des valeurs d’altérité et de l’acceptation de l’autre».
Bousmina a souligné également que le Maroc «agit comme rempart contre toute forme d’obscurantisme, de radicalisme, de terrorisme et de séparatisme en mettant la notion de projet face aux idéologies du rejet, en valorisant la diversité face à l’adversité et en promouvant l’esprit de concorde au lieu de la discorde».
De son côté, s’exprimant à l’ouverture des Rencontres de l’Université Euromed de Fès le Conseiller de SM le Roi, André Azoulay a mis en exergue, l’ouverture du Maroc au monde et son enracinement dans la culture du dialogue, de la paix et de l’écoute de tous les narratifs, faisant du pays l’incarnation de «l’Alliance de toutes nos civilisations».
En outre, Azoulay a mis en relief «le respect dont jouit le Maroc au sein de la Communauté des Nations, un respect forgé par la réponse que notre pays a su apporter aux défis de la fracture, aux illusions mortifères du déni et de l’exclusion quand tout autour de nous s’évapore, ou sont mis en équation les acquis les plus fondamentaux de nos sociétés et de nos civilisations qu’à tort nous avions crus irréversibles».
S’arrêtant sur le contraste qui ressort de l’observation objective de la marche du monde, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences Younes Sekkouri a mis en relief le modèle marocain, qui n’est «ni utopique ni théorique », en lançant cette question qui constitue en elle-même une réponse : «Les pays, les Etats, les sociétés que nous avons en face, sont-ils en paix avec eux-même?».
Avant que des réponses soient apportées à cette question et à bien d’autres, le long de la journée du samedi 7 décembre, trois temps forts ont marqué la soirée inaugurale. Le premier est l'inauguration officielle de la Chaire des Civilisations en présence notamment du haut représentant des Nations unies pour l'Alliance des civilisations (UNAOC), Miguel Ángel Moratinos. Le deuxième : la remise des prix de la Fondation Méditerranéenne. Enfin, un concert œcuménique inspiré du patrimoine spirituel des trois religions monothéistes a été donné avec la participation et sous la direction de sa créatrice, Françoise Atlan. Cette dernière a reçu le prix Méditerranée 2024 dans la catégorie «Art et Créativité». Dans cette délcaration livrée à chaud à L'Observateur du Maroc et d'Afrique, la chanteuse réitère sa reconnaissance à SM le Roi Mohammed VI pour lui avoir accordé la nationalité marocaine.
Le président de la Fédération Royale Marocaine de Football, Fouzi Lekjaa a reçu le prix dédié aux «Institutions» avec Miguel Ángel Moratinos. Mostapha Bousmina, lui, a été primé dans la catégorie « Culture » pour son brillant pilotage de l’UEMF.
En remettant les trophées à Atlan, Lekjaa, Moratinos et Bousmina, le secrétaire général des États-Unis du Monde, Michele Capasso a affirmé que ces lauréats, choisis par un jury international composé de quarante membres, «incarnent l’âme profonde de notre époque par leur capacité à réconcilier équité, créativité et coexistence pacifique». Autant de qualités dont le monde a grand besoin en ce moment.
La multilatéralité dans le respect de la souveraineté
Les Rencontres de l’UEMF sur les alliances des civilisations ont proposé une série de plénières thématiques abordant des sujets cruciaux pour l’avenir de l’humanité, tels que les impacts de l’intelligence artificielle, les politiques migratoires et la gouvernance mondiale durable. Le tout avec la lucidité nécessaire face aux réalités terrifiantes du monde, comme l'a préconisé le Directeur Général de l'Institut Royal des Etudes Stratégiques, Mohammed Tawfik Mouline, dans son intervention.
Lors de la rencontre axée sur la gouvernance mondiale durable, les échanges ont été justement marqués par la lucidité. Ces échanges ont d'ailleurs attiré de nombreux jeunes de l’UEMF qui ont écouté attentivement à cette occasion l’ancien ministre de l’emploi, Abdeslam Seddiki, l’ancien ministre tunisien de la Culture et actuel chef du Bureau sur la Culture et la Communication de l’ICESCO, Mohammed Zine Alabidine ainsi que par l’Administrateur directeur général de Bank of Africa et président du Conseil d’Administration de la Bourse de Casablanca, Brahim Benjelloun Touimi. Ce dernier s’est illustré en présentant l’Initiative Royale Atlantique comme exemple concret de ce que propose le Maroc au monde comme projet ayant pour objectif suprême une «communion humaine». «Visant à désenclaver les pays du Sahel, comme le Niger, le Burkina Faso et le Mali, en leur donnant accès à l’océan atlantique, cette Initiative annoncée par SM le Roi Mohammed VI dans son discours de la Marche Verte du 6 novembre 2023 ouvre un espace de sécurité et de prospérité partagées en faveur de 23 pays, soit 46% de la population et 55% du PIB du continent», a détaillé l’orateur.
Outre cette Initiative Royale qui permettra aux pays concernés d’accéder à l’océan atlantique et donc à s’ouvrir sur l’espace américain grâce aux infrastructures portuaires, logistiques, routières, ferroviaires du Maroc, et plus particulièrement de Dakhla ; Brahim Benjelloun Touimi a aussi évoqué le projet du gazoduc Maroc-Nigéria devant relier 11 pays et 343 millions d’habitants, et le port Dakhla Atlantique présentant une formidable opportunité de développer l’économie bleue. L’Administrateur directeur général de Bank of Africa et président du Conseil d’Administration de la Bourse de Casablanca a bien montrer ainsi le rôle moteur que joue le Maroc comme «pont entre les continents et point de liaison entre eux», dans le strict respect de sa souveraineté et celle des autres pays.
Au préalable, Brahim Benjelloun Touimi a rappelé les principaux défis auxquels la communauté internationale est confrontée et les 17 objectifs du développement durables fixés par l’ONU à l’horizon 2030, marqués par leur densité et leur interconnectivité. Il a souligné également l’impérieuse nécessité pour les secteurs public et privé d’avoir en perspective ces objectifs.
En parlant des organes supranationaux comme le Conseil de sécurité de l’ONU, qui sont appelés à revoir leur structure pour que le Nord tienne compte des réalités du Sud, l’économiste et le banquier qu’est l’intervenant a appelé à leur préservation en les réformant, au lieu de chercher à en créer d’autres.
Brahim Benjelloun s’est aussi arrêté sur la dizaine de systèmes qui «gouvernent» notamment les banques, les assurances et les fonds d’investissement. Il a cité comme exemple de ces systèmes résultant de fora internationaux, les règles édictées à Bâle en Suisse, qui contribuent à une meilleure gouvernance des banques internationales, tout en améliorant la transparence et en permettant de prévenir les crises. Pour l’intervenant, de tels bienfaits ne doivent surtout pas faire oublier qu’une gouvernance mondiale durable doit nécessairement passer par le continent africain.
Lors de son intervention, Brahim Benjelloun Touimi s’est plusieurs fois adressé directement aux nombreux étudiants venus de différents pas africains étudier à l’UEMF et qui constituait l’essentiel de l’auditoire. Il leur a rappelé que l’Afrique regorge de richesses en citant la richesse humaine avant celle naturelle. «Nous devons œuvrer à la réalisation de regroupements régionaux», leur a-t-il lancé en inscrivant son appel dans les préconisation de l’Agenda 2063 de l’Union africaine pour une Afrique prospère, un continent intégré, une Afrique en paix et en sécurité, une Afrique dotée d’une bonne gouvernance, une Afrique d’identité forte, une Afrique de développement humain centrée sur les peuples, les jeunes et les femmes, et un continent influent sur la scène mondiale.