Agences de voyages. Une nouvelle loi controversée
Le secteur des agences de voyages au Maroc fait face à une période de profonds bouleversements, entre l'entrée en vigueur d'une législation controversée et la montée en puissance des plateformes numériques. Explications de Mohamed Semlali, président de la Fédération nationale des associations des agences de voyages du Maroc (FNAVM).
Mounia Kabiri Kettani
Les professionnels du secteur des agences de voyages sont inquiets face à une législation controversée et à la montée des plateformes numériques.
La loi 11-16, présentée comme une tentative de modernisation du secteur, suscite aujourd'hui une levée de boucliers parmi les professionnels. Ces derniers dénoncent un texte déconnecté des réalités du terrain et porteur de risques pour la pérennité de leur activité.
Une loi sous le feu des critiques
Adoptée après plusieurs années de gestation, la loi 11-16 impose de nouvelles exigences aux agences de voyages, avec une date limite de conformité fixée au 2 décembre 2024. Toutefois, les professionnels du secteur, à l’image de Mohamed Semlali, président de la Fédération nationale des associations des agences de voyages du Maroc (FNAVM), estiment que cette réforme a été imposée sans consultation véritable. « Cette législation ne reflète ni les besoins, ni les défis auxquels sont confrontées les agences de voyages. Elle risque de fragiliser davantage un secteur déjà vulnérable », déclare-t-il.
Semlali rappelle que ce projet de loi remonte à 2015 et qu’il n’avait dès le départ obtenu qu'un faible consensus parmi les acteurs du secteur. Les promesses d’impliquer les professionnels dans l’élaboration des textes réglementaires qui en découlent n’ont pas été tenues, renforçant le sentiment d’exclusion.
Ces dispositions qui dérangent
Parmi les points les plus controversés de la loi 11-16 figure l’assouplissement des critères d’accès à la profession. Aujourd’hui, il suffit de disposer d’un simple diplôme et d’une caution de 200 000 dirhams pour obtenir une licence d’agent de voyage. Une simplification qui inquiète les professionnels. « Nous sommes passés d’un modèle favorisant la compétence et la qualité à une situation où n’importe qui peut ouvrir une agence, sans qualifications réelles », déplore Semlali. Sous l’ancien cadre législatif, les agences étaient tenues d’employer un minimum de cinq salariés déclarés à la CNSS, une obligation qui a été désormais supprimée.
En outre, les mécanismes de protection contre la concurrence internationale ont été affaiblis. « Dans le passé, un agent de voyage étranger était obligé de passer par une agence locale pour traiter directement avec des prestataires marocains, une règle supprimée par la nouvelle loi. Cette évolution pourrait diluer la qualité de l’expérience touristique au Maroc », selon Semlali, et nuire à l’image du pays à l’international.
L’ubérisation du secteur, opportunité ou menace?
La réglementation n’est pas le seul enjeu auquel font face les agences de voyages marocaines. La numérisation du marché, portée par des plateformes étrangères comme Booking ou Expedia, redéfinit les attentes des consommateurs. Ces plateformes, qui opèrent souvent sans entité fiscale ni registre de commerce au Maroc, captent une part importante du marché sans contribuer directement à l’économie locale. « Il est inacceptable qu’un Marocain réserve une chambre dans son propre pays via une plateforme étrangère, avec des commissions entre 17 et 30 % envoyées en devises hors du pays », dénonce Semlali.
Cette concurrence déloyale s’ajoute aux marges déjà réduites des agences traditionnelles, qui peinent à rivaliser avec la simplicité et la rapidité offertes par les outils en ligne. Cependant, Semlali insiste sur la valeur ajoutée des agences locales : « En cas de problème, nous sommes là pour accompagner nos clients. C’est une sécurité que les plateformes numériques ne peuvent pas offrir. »
Vers une sortie de crise
Face à ces multiples défis, les professionnels appellent à un dialogue ouvert avec les autorités pour repenser la réglementation et protéger la profession. Parmi les propositions avancées figurent un encadrement plus strict de l’accès à la profession. « Nous avons besoin d’une réglementation qui valorise la compétence et qui protège les agences qualifiées », affirme Semlali.
Les professionnels réclament également une évaluation rigoureuse des impacts de la loi 11-16 après deux ans de mise en application. Cette étude pourrait servir de base à des ajustements législatifs nécessaires pour répondre aux besoins réels du secteur. Semlali préconise également un dialogue inclusif entre les autorités et les acteurs du secteur. « La réglementation doit être co-construite avec les professionnels, car ce sont eux qui connaissent les défis du terrain », plaide-t-il.
Un secteur à réinventer
En dépit des obstacles, Semlali reste optimiste quant à l’avenir des agences de voyages marocaines. Selon lui, le devenir des agences de voyages dépasse les simples considérations économiques. Ce secteur joue un rôle clé dans la promotion de la destination Maroc et dans l’attraction des événements internationaux. En protégeant les agences locales et en renforçant leur compétitivité, c’est l’ensemble de l’industrie touristique marocaine qui pourrait bénéficier d’un nouveau souffle.
Une loi sous le feu des critiques
Adoptée après plusieurs années de gestation, la loi 11-16 impose de nouvelles exigences aux agences de voyages, avec une date limite de conformité fixée au 2 décembre 2024. Toutefois, les professionnels du secteur, à l’image de Mohamed Semlali, président de la Fédération nationale des associations des agences de voyages du Maroc (FNAVM), estiment que cette réforme a été imposée sans consultation véritable. « Cette législation ne reflète ni les besoins, ni les défis auxquels sont confrontées les agences de voyages. Elle risque de fragiliser davantage un secteur déjà vulnérable », déclare-t-il.
Semlali rappelle que ce projet de loi remonte à 2015 et qu’il n’avait dès le départ obtenu qu'un faible consensus parmi les acteurs du secteur. Les promesses d’impliquer les professionnels dans l’élaboration des textes réglementaires qui en découlent n’ont pas été tenues, renforçant le sentiment d’exclusion.
Ces dispositions qui dérangent
Parmi les points les plus controversés de la loi 11-16 figure l’assouplissement des critères d’accès à la profession. Aujourd’hui, il suffit de disposer d’un simple diplôme et d’une caution de 200 000 dirhams pour obtenir une licence d’agent de voyage. Une simplification qui inquiète les professionnels. « Nous sommes passés d’un modèle favorisant la compétence et la qualité à une situation où n’importe qui peut ouvrir une agence, sans qualifications réelles », déplore Semlali. Sous l’ancien cadre législatif, les agences étaient tenues d’employer un minimum de cinq salariés déclarés à la CNSS, une obligation qui a été désormais supprimée.
En outre, les mécanismes de protection contre la concurrence internationale ont été affaiblis. « Dans le passé, un agent de voyage étranger était obligé de passer par une agence locale pour traiter directement avec des prestataires marocains, une règle supprimée par la nouvelle loi. Cette évolution pourrait diluer la qualité de l’expérience touristique au Maroc », selon Semlali, et nuire à l’image du pays à l’international.
L’ubérisation du secteur, opportunité ou menace?
La réglementation n’est pas le seul enjeu auquel font face les agences de voyages marocaines. La numérisation du marché, portée par des plateformes étrangères comme Booking ou Expedia, redéfinit les attentes des consommateurs. Ces plateformes, qui opèrent souvent sans entité fiscale ni registre de commerce au Maroc, captent une part importante du marché sans contribuer directement à l’économie locale. « Il est inacceptable qu’un Marocain réserve une chambre dans son propre pays via une plateforme étrangère, avec des commissions entre 17 et 30 % envoyées en devises hors du pays », dénonce Semlali.
Cette concurrence déloyale s’ajoute aux marges déjà réduites des agences traditionnelles, qui peinent à rivaliser avec la simplicité et la rapidité offertes par les outils en ligne. Cependant, Semlali insiste sur la valeur ajoutée des agences locales : « En cas de problème, nous sommes là pour accompagner nos clients. C’est une sécurité que les plateformes numériques ne peuvent pas offrir. »
Vers une sortie de crise
Face à ces multiples défis, les professionnels appellent à un dialogue ouvert avec les autorités pour repenser la réglementation et protéger la profession. Parmi les propositions avancées figurent un encadrement plus strict de l’accès à la profession. « Nous avons besoin d’une réglementation qui valorise la compétence et qui protège les agences qualifiées », affirme Semlali.
Les professionnels réclament également une évaluation rigoureuse des impacts de la loi 11-16 après deux ans de mise en application. Cette étude pourrait servir de base à des ajustements législatifs nécessaires pour répondre aux besoins réels du secteur. Semlali préconise également un dialogue inclusif entre les autorités et les acteurs du secteur. « La réglementation doit être co-construite avec les professionnels, car ce sont eux qui connaissent les défis du terrain », plaide-t-il.
Un secteur à réinventer
En dépit des obstacles, Semlali reste optimiste quant à l’avenir des agences de voyages marocaines. Selon lui, le devenir des agences de voyages dépasse les simples considérations économiques. Ce secteur joue un rôle clé dans la promotion de la destination Maroc et dans l’attraction des événements internationaux. En protégeant les agences locales et en renforçant leur compétitivité, c’est l’ensemble de l’industrie touristique marocaine qui pourrait bénéficier d’un nouveau souffle.