Sahara. C’est maintenant que le travail commence

Aujourd’hui, au Conseil de sécurité, le Maroc peut savourer sa victoire, après une guerre qui a duré un demi siècle. Dans son briefing du mois d’avril, Staffan de Mistura, l’émissaire de l’ONU au Sahara a présenté la proposition marocaine de l’autonomie comme unique solution au conflit.
Selon Omar Hilale, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, ce briefing semestriel «est porteur d’une évolution majeure dans la gestion par l’ONU de ce dossier". Il s’agit donc d’une évolution majeure et l’ambassadeur marocain explique: « Désormais, le débat se concentre résolument sur la seule option marocaine d’autonomie comme unique solution au conflit, à l’exclusion de toutes les autres hypothèses ».
C’est tout ce que voulait le Maroc. Comment alors expliquer ce revirement? C’est Staffan de Mistura qui répond: Il y a eu les positions affirmées par des pays influents comme la France et l’Espagne et le ralliement de plus de 110 pays à la solution marocaine. Et puis plus récemment, la confirmation par les Etats-Unis de leur reconnaissance de la souveraineté du Royaume du Maroc sur le Sahara. «Les États-Unis continuent de croire que l’autonomie réelle sous la souveraineté marocaine est la seule solution envisageable», a relevé De Mistura dans son briefing.
L’émissaire onusien n’a pas manqué de faire allusion aux relations entre le Maroc et l’Algérie. Bien qu’il ait relevé que dans ses discussions avec la France, avec qui elle vit une crise diplomatique très grave, l’Algérie semblait se résigner à admettre la solution marocaine. Le sujet n’avait pas été abordé lors de la visite du ministre français des Affaires étrangères à Alger où pourtant tous les sujets de discorde avaient été traités. Or, la crise entre les deux pays avait commencé le jour où le président français avait décidé de reconnaître la souveraineté du Royaume sur ses provinces du Sud.
Le Maroc peut-il donc savourer sa victoire et célébrer le prochain anniversaire de la marche verte dans la joie et la sérénité?
Jusque là, on peut dire que tout le travail a été fait sous l’impulsion royale. Si la souveraineté est aujourd’hui acquise, puisque reconnue par plusieurs pays dont deux membres permanents du Conseil de sécurité, c’est grâce à la dynamique royale.
Or, contrairement à ce qu’on peut penser, l’affaire n’est pas terminée. Une nouvelle étape commence, et elle ne sera pas une sinécure.
Il est demandé au Maroc deux chose: Un, présenter le détail du plan d’autonomie et deux, engager des négociations avec les parties adverses pour trouver une solution acceptable par tout le monde. Et le mot acceptable doit être souligné.
La question du plan doit mobiliser les forces politiques du pays. Les partis politiques, plus spécialement, doivent s’y investir complètement. Et c’est maintenant qu’ils doivent le faire en se souvenant que la question de l’intégrité territoriale est la priorité des priorités.
Pour le moment, on ne voit personne bouger dans ce sens. Ou bien les partis s’occupent de leurs petites affaires de politique politicienne, ou bien ils mobilisent les foules pour faire la promotion de causes éloignées. Ces partis sont pourtant mandatés par les citoyens. Plus encore, ils circulent grâce à l’argent du contribuable marocain et personne d’autre.
Le citoyen veut des solutions à ses problèmes d’abord et bien entendu une mobilisation pour l’intégrité territoriale. Pour certains, il est important de le mentionner, il semble que le Hamas et le keffieh palestinien soient leurs seules préoccupations et leurs unique priorité. C’est d’autant plus grave que la propagande islamiste pro palestinienne a éloigné les esprits de certaines personnes. On peut entendre certains dire qu’ils combattraient aux côtés du Polisario contre le Maroc pour la gloire du peuple palestinien. D’autres proposent d’aller se faire exploser en Israël et gagner le martyr et le paradis. Un détournement identitaire dont sont coupables ces partis et ces groupes islamistes. Mais aussi les autres partis qui ne font rien pour contrer ce discours anti patriotique.
Autre chose, les partis politiques dirigent des régions et on peut donc supposer qu’ils ont accumulé une expérience et un savoir qui leur permettent de concevoir et proposer, lors de débats, leurs visions de l’autonomie. Pourquoi ne le font-ils pas? Qui les en empêche? Ils n’ont qu’à voir le nombre de Marocains très dynamiques sur tous les réseaux sociaux pour faire valoir les droits de leur pays et faire échec aux propagandes algérienne et séparatistes.
Enfin, les acteurs politiques marocains doivent savoir que la politique n’est pas un long fleuve tranquille. Tout bouge tout le temps. Il faut savoir exploiter les vents favorables. Et surtout, il faut du courage pour agir. Le courage de refuser de perdre ses ressources pour des combats qui ne sont pas utiles pour le pays. Pire encore, qui lui portent préjudice.