SIAM 2025. L’agriculture contre la montre climatique
La 17ᵉ édition du salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM), s’est ouverte ce mardi avec un message clair : l’agriculture marocaine, frappée par sept années de sécheresse, est toujours debout, et mieux, elle reprend des couleurs.
Mounia Kabiri Kettani
Le ministre de l'agriculture, Ahmed El Bouari, a annoncé une campagne céréalière estimée à 44 millions de quintaux, soit une hausse de 41 % par rapport à l’an passé.
Au centre des travées du site d’exposition du SIAM, entre les stands aux effluves de terroirs et les démonstrations high-tech d’irrigation de précision, un mot revenait dans toutes les conversations : eau. Et pour cause, le thème de cette édition 2025 est sans équivoque : « Agriculture et monde rural : l’eau au cœur du développement durable ».
Prenant la parole devant un parterre de professionnels, d’agriculteurs, d’investisseurs et de partenaires internationaux, Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, n’a pas cherché à enjoliver la réalité. « Le Maroc vit l’une des périodes les plus longues de sécheresse de son histoire récente. Les zones rurales ont été particulièrement frappées », a-t-il reconnu, le ton grave. Mais l’heure n’était pas à la résignation.
44 millions de quintaux, la promesse d’un rebond
Le ministre a annoncé une campagne céréalière estimée à 44 millions de quintaux, soit une hausse de 41 % par rapport à l’an passé. Une embellie inattendue, nourrie par les précipitations providentielles de mars et d’avril, qui ont redonné vie aux cultures d’automne dans les régions les plus fertiles du Royaume.
« Ce chiffre, ce n’est pas seulement un indicateur. C’est un signal fort de résilience », a insisté El Bouari. Portée par une meilleure tenue des cultures de printemps, une reconstitution du cheptel en cours et un regain de dynamisme dans les autres filières, la croissance agricole pour 2024-2025 est attendue à +5,1 %, contre -4,8 % l’an dernier. Une inversion de tendance saluée par les professionnels présents.
Une stratégie hydrique tous azimuts

Mais cette reprise reste fragile, conditionnée à une gestion avisée de l’eau, martèlent les responsables. El Bouari a ainsi mis l’accent sur un système d’irrigation d’urgence en préparation pour l’été, en étroite coordination avec son collègue Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau. Ce dispositif intégrera un soutien ciblé aux agriculteurs et aux éleveurs, dont certains pans de l’activité restent en convalescence.
La décision royale d’éviter le sacrifice de l’Aïd Al-Adha, jugée courageuse mais salutaire, a également été soulignée. « Ce geste garantira le repeuplement progressif du cheptel national et nous permettra de revenir aux niveaux d’avant 2020 », a affirmé El Bouari.
Dans les couloirs du SIAM, les discussions sur le climat alternaient avec celles sur les financements, les techniques de goutte-à-goutte, ou encore les panneaux solaires pour pompes agricoles. Une prise de conscience semble désormais partagée : l’agriculture du futur se fera avec moins d’eau, mais plus d’intelligence.
Stress hydrique. La riposte marocaine
À son tour, Nizar Baraka a pris la parole pour détailler les grands chantiers hydriques du Royaume. « Aujourd’hui, 19 barrages sont en construction. D’ici 2030, nous visons une capacité de stockage de 20 milliards de mètres cubes », a-t-il énuméré. Le Maroc mise également sur une montée en puissance du dessalement de l’eau de mer, avec une capacité qui passera de 140 millions à 1 milliard de mètres cubes d’ici cinq ans.
Parmi les projets-phares, la station de dessalement de Dakhla, attendue d’ici fin 2025, fournira 300.000 m³ d’eau destinés exclusivement à l’agriculture. Celle de Casablanca injectera autant d’eau, dont 150.000 m³ pour l’irrigation de 8.000 hectares. L’objectif ? Soulager les nappes phréatiques, sécuriser les récoltes et garantir un accès équitable à l’eau, y compris pour les zones rurales enclavées.
Dans l’arrière-plan des discours, une autre dynamique était à l’œuvre : celle de la coopération Sud-Sud. Baraka a insisté sur l’importance du SIAM comme plateforme de dialogue et d’échange d’expériences. « C’est dans cette solidarité régionale que se joue aussi l’avenir de nos agricultures », a-t-il lancé, appelant à mutualiser les savoir-faire pour « préserver l’eau au profit de nos nations ».
Lors de cette édition, la France est le pays partenaire d’honneur. Le pays a été représenté par le ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des affaires Etrangères, chargé de l’Europe. Dans son discours, Benjamin Haddad a mis l’accent sur la profondeur du partenariat bilatéral, renforcé récemment par l’honneur accordé au Maroc lors du Salon de l’Agriculture de Paris. La coopération franco-marocaine, déjà exemplaire dans des domaines comme l’irrigation de précision, le dessalement ou l’innovation agricole, est appelée à se renforcer. Le représentant français a plaidé pour des stratégies d’adaptation ancrées dans les territoires, salué les efforts marocains, et appelé à une action européenne ambitieuse en Méditerranée.
Deux conventions signées

En marge de la cérémonie d’ouverture su SIAM, deux conventions majeures ont été signées pour renforcer la résilience hydrique et climatique du Maroc. La première, conclue entre le ministère de l’équipement et de l’eau et celui de l’agriculture, vise à intégrer les services climatiques dans les politiques agricoles, à travers le partage de données météorologiques, la recherche appliquée, la formation et l’appui à la stratégie nationale du secteur. La seconde porte sur la gestion durable et participative de la nappe phréatique du Saïs, ressource stratégique pour la région de Fès-Meknès. Ce contrat innovant prévoit la régulation des prélèvements ainsi que la promotion de pratiques agricoles durables.
Prenant la parole devant un parterre de professionnels, d’agriculteurs, d’investisseurs et de partenaires internationaux, Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, n’a pas cherché à enjoliver la réalité. « Le Maroc vit l’une des périodes les plus longues de sécheresse de son histoire récente. Les zones rurales ont été particulièrement frappées », a-t-il reconnu, le ton grave. Mais l’heure n’était pas à la résignation.
44 millions de quintaux, la promesse d’un rebond
Le ministre a annoncé une campagne céréalière estimée à 44 millions de quintaux, soit une hausse de 41 % par rapport à l’an passé. Une embellie inattendue, nourrie par les précipitations providentielles de mars et d’avril, qui ont redonné vie aux cultures d’automne dans les régions les plus fertiles du Royaume.
« Ce chiffre, ce n’est pas seulement un indicateur. C’est un signal fort de résilience », a insisté El Bouari. Portée par une meilleure tenue des cultures de printemps, une reconstitution du cheptel en cours et un regain de dynamisme dans les autres filières, la croissance agricole pour 2024-2025 est attendue à +5,1 %, contre -4,8 % l’an dernier. Une inversion de tendance saluée par les professionnels présents.
Une stratégie hydrique tous azimuts

En marge de la cérémonie d’ouverture su SIAM, deux conventions majeures ont été signées pour renforcer la résilience hydrique et climatique du Maroc.
Mais cette reprise reste fragile, conditionnée à une gestion avisée de l’eau, martèlent les responsables. El Bouari a ainsi mis l’accent sur un système d’irrigation d’urgence en préparation pour l’été, en étroite coordination avec son collègue Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau. Ce dispositif intégrera un soutien ciblé aux agriculteurs et aux éleveurs, dont certains pans de l’activité restent en convalescence.
La décision royale d’éviter le sacrifice de l’Aïd Al-Adha, jugée courageuse mais salutaire, a également été soulignée. « Ce geste garantira le repeuplement progressif du cheptel national et nous permettra de revenir aux niveaux d’avant 2020 », a affirmé El Bouari.
Dans les couloirs du SIAM, les discussions sur le climat alternaient avec celles sur les financements, les techniques de goutte-à-goutte, ou encore les panneaux solaires pour pompes agricoles. Une prise de conscience semble désormais partagée : l’agriculture du futur se fera avec moins d’eau, mais plus d’intelligence.
Stress hydrique. La riposte marocaine
À son tour, Nizar Baraka a pris la parole pour détailler les grands chantiers hydriques du Royaume. « Aujourd’hui, 19 barrages sont en construction. D’ici 2030, nous visons une capacité de stockage de 20 milliards de mètres cubes », a-t-il énuméré. Le Maroc mise également sur une montée en puissance du dessalement de l’eau de mer, avec une capacité qui passera de 140 millions à 1 milliard de mètres cubes d’ici cinq ans.
Parmi les projets-phares, la station de dessalement de Dakhla, attendue d’ici fin 2025, fournira 300.000 m³ d’eau destinés exclusivement à l’agriculture. Celle de Casablanca injectera autant d’eau, dont 150.000 m³ pour l’irrigation de 8.000 hectares. L’objectif ? Soulager les nappes phréatiques, sécuriser les récoltes et garantir un accès équitable à l’eau, y compris pour les zones rurales enclavées.
Dans l’arrière-plan des discours, une autre dynamique était à l’œuvre : celle de la coopération Sud-Sud. Baraka a insisté sur l’importance du SIAM comme plateforme de dialogue et d’échange d’expériences. « C’est dans cette solidarité régionale que se joue aussi l’avenir de nos agricultures », a-t-il lancé, appelant à mutualiser les savoir-faire pour « préserver l’eau au profit de nos nations ».
Lors de cette édition, la France est le pays partenaire d’honneur. Le pays a été représenté par le ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des affaires Etrangères, chargé de l’Europe. Dans son discours, Benjamin Haddad a mis l’accent sur la profondeur du partenariat bilatéral, renforcé récemment par l’honneur accordé au Maroc lors du Salon de l’Agriculture de Paris. La coopération franco-marocaine, déjà exemplaire dans des domaines comme l’irrigation de précision, le dessalement ou l’innovation agricole, est appelée à se renforcer. Le représentant français a plaidé pour des stratégies d’adaptation ancrées dans les territoires, salué les efforts marocains, et appelé à une action européenne ambitieuse en Méditerranée.
Deux conventions signées

En marge du SIAM, une convention a été signée portant sur la gestion durable et participative de la nappe phréatique du Saïs, ressource stratégique pour la région de Fès-Meknè
En marge de la cérémonie d’ouverture su SIAM, deux conventions majeures ont été signées pour renforcer la résilience hydrique et climatique du Maroc. La première, conclue entre le ministère de l’équipement et de l’eau et celui de l’agriculture, vise à intégrer les services climatiques dans les politiques agricoles, à travers le partage de données météorologiques, la recherche appliquée, la formation et l’appui à la stratégie nationale du secteur. La seconde porte sur la gestion durable et participative de la nappe phréatique du Saïs, ressource stratégique pour la région de Fès-Meknès. Ce contrat innovant prévoit la régulation des prélèvements ainsi que la promotion de pratiques agricoles durables.