Economie informelle. L’alerte du HCP
Le HCP met en lumière l’ampleur et l’évolution du secteur informel au Maroc, dominé par de très petites unités actives dans le commerce, les services et le BTP. Malgré une forte création d’emplois, ce secteur reste peu structuré, faiblement bancarisé et marginalement intégré au tissu économique formel. Sa contribution relative à l’économie nationale est en recul.
Mounia Kabiri Kettani
Le chiffre d’affaires du secteur informel atteint 526,9 milliards de dirhams en 2023, en progression de 28,7 % depuis 2014.
Plus de deux millions d’unités, près de 2,5 millions d’emplois, plus de 500 milliards de dirhams de chiffre d’affaires : l’économie informelle reste une force massive, diffuse, et complexe au Maroc. Mais derrière ces chiffres, l’enquête nationale 2023/2024 de l’Haut-Commissariat au Plan (HCP) dévoile aussi un secteur aux fragilités structurelles persistantes.
Un secteur dominé par le commerce et les services
Le tissu informel marocain s’est étoffé de plus de 350 000 unités en neuf ans, atteignant 2,03 millions d’unités de production informelles (UPI). Celles-ci sont massivement ancrées en milieu urbain (77,3 %), avec une concentration record dans la région Casablanca-Settat (22,7 %).
Le commerce reste le socle historique du secteur, représentant encore 47 % des UPI, mais il cède du terrain aux services (28,3 %) et au BTP (11,6 %), reflets de la diversification progressive du tissu informel. Autre caractéristique majeure : l’écrasante majorité des unités sont des micro-structures, souvent unipersonnelles (85,5 %), fonctionnant sans local fixe (55,3 %), parfois même depuis le domicile (4,6 %).
Invisibilité juridique
Si la précarité physique de ces structures saute aux yeux, leur invisibilité administrative reste préoccupante. Moins de 15 % des UPI sont inscrites à la taxe professionnelle, et seuls 1,7 % bénéficient du statut d’auto-entrepreneur. Cette informalité assumée s’explique autant par les contraintes économiques que par la nature même des activités exercées. Dans le BTP, par exemple, 90 % des unités n’ont aucun local et opèrent directement chez le client.
Même celles disposant d’un local professionnel accèdent difficilement aux infrastructures de base : l’électricité est relativement bien répandue (94 %), mais l’eau potable (46 %), l’assainissement (43 %) et Internet (41 %) restent très inégalement accessibles.
Le financement, talon d’Achille du secteur
Le secteur informel vit quasi exclusivement en autarcie financière. L’autofinancement est la norme (72 % à la création, 91 % au quotidien), et l’accès au crédit bancaire demeure marginal, voire inexistant : seuls 2,1 % des chefs d’UPI possèdent un compte bancaire dédié, et 98 % n’ont jamais sollicité de prêt bancaire.
Les raisons sont multiples : volonté d’éviter l’endettement (57 %), mais aussi obstacles structurels comme le manque de garanties (20 %) ou un statut juridique inadapté.
Des profils de dirigeants en mutation
L’enquête révèle que l’âge moyen des chefs d’UPI est désormais de 45 ans. Le niveau d’instruction s’améliore : en 2023, moins de 19 % sont sans instruction, contre 34 % en 2014. Mais la part des femmes dirigeant une UPI régresse légèrement, passant de 8,8 % à 7,6 %.
Pour les femmes, l’informel est souvent une issue de secours plutôt qu’un choix : 72 % y entrent par nécessité, contre 65 % chez les hommes. Elles sont aussi trois fois plus nombreuses à déclarer des difficultés à concilier vie professionnelle et familiale.
Un poids économique en recul
En valeur absolue, le chiffre d’affaires du secteur informel atteint 526,9 milliards de dirhams en 2023, en progression de 28,7 % depuis 2014. La valeur ajoutée générée grimpe à près de 139 milliards de dirhams (+34,5 %), mais sa contribution relative à l’économie diminue : elle ne représente plus que 13,6 % de la valeur ajoutée nationale hors agriculture et administration publique, contre 16,6 % en 2014.
Le commerce continue de peser lourd (38,9 % de la valeur ajoutée), mais les services (25,6 %) et le BTP (14,8 %) gagnent du terrain. L’industrie, elle, recule doucement.
En termes d’emplois, le secteur informel absorbe encore 33,1 % de l’emploi non agricole, soit 2,53 millions de personnes. Le commerce reste le premier pourvoyeur d’emplois (44 %), devant les services (29 %) et l’industrie (15 %). Le salariat y est marginal (10 %), souvent informel lui aussi, sans contrat ni protection sociale.
Un secteur dominé par le commerce et les services
Le tissu informel marocain s’est étoffé de plus de 350 000 unités en neuf ans, atteignant 2,03 millions d’unités de production informelles (UPI). Celles-ci sont massivement ancrées en milieu urbain (77,3 %), avec une concentration record dans la région Casablanca-Settat (22,7 %).
Le commerce reste le socle historique du secteur, représentant encore 47 % des UPI, mais il cède du terrain aux services (28,3 %) et au BTP (11,6 %), reflets de la diversification progressive du tissu informel. Autre caractéristique majeure : l’écrasante majorité des unités sont des micro-structures, souvent unipersonnelles (85,5 %), fonctionnant sans local fixe (55,3 %), parfois même depuis le domicile (4,6 %).
Invisibilité juridique
Si la précarité physique de ces structures saute aux yeux, leur invisibilité administrative reste préoccupante. Moins de 15 % des UPI sont inscrites à la taxe professionnelle, et seuls 1,7 % bénéficient du statut d’auto-entrepreneur. Cette informalité assumée s’explique autant par les contraintes économiques que par la nature même des activités exercées. Dans le BTP, par exemple, 90 % des unités n’ont aucun local et opèrent directement chez le client.
Même celles disposant d’un local professionnel accèdent difficilement aux infrastructures de base : l’électricité est relativement bien répandue (94 %), mais l’eau potable (46 %), l’assainissement (43 %) et Internet (41 %) restent très inégalement accessibles.
Le financement, talon d’Achille du secteur
Le secteur informel vit quasi exclusivement en autarcie financière. L’autofinancement est la norme (72 % à la création, 91 % au quotidien), et l’accès au crédit bancaire demeure marginal, voire inexistant : seuls 2,1 % des chefs d’UPI possèdent un compte bancaire dédié, et 98 % n’ont jamais sollicité de prêt bancaire.
Les raisons sont multiples : volonté d’éviter l’endettement (57 %), mais aussi obstacles structurels comme le manque de garanties (20 %) ou un statut juridique inadapté.
Des profils de dirigeants en mutation
L’enquête révèle que l’âge moyen des chefs d’UPI est désormais de 45 ans. Le niveau d’instruction s’améliore : en 2023, moins de 19 % sont sans instruction, contre 34 % en 2014. Mais la part des femmes dirigeant une UPI régresse légèrement, passant de 8,8 % à 7,6 %.
Pour les femmes, l’informel est souvent une issue de secours plutôt qu’un choix : 72 % y entrent par nécessité, contre 65 % chez les hommes. Elles sont aussi trois fois plus nombreuses à déclarer des difficultés à concilier vie professionnelle et familiale.
Un poids économique en recul
En valeur absolue, le chiffre d’affaires du secteur informel atteint 526,9 milliards de dirhams en 2023, en progression de 28,7 % depuis 2014. La valeur ajoutée générée grimpe à près de 139 milliards de dirhams (+34,5 %), mais sa contribution relative à l’économie diminue : elle ne représente plus que 13,6 % de la valeur ajoutée nationale hors agriculture et administration publique, contre 16,6 % en 2014.
Le commerce continue de peser lourd (38,9 % de la valeur ajoutée), mais les services (25,6 %) et le BTP (14,8 %) gagnent du terrain. L’industrie, elle, recule doucement.
En termes d’emplois, le secteur informel absorbe encore 33,1 % de l’emploi non agricole, soit 2,53 millions de personnes. Le commerce reste le premier pourvoyeur d’emplois (44 %), devant les services (29 %) et l’industrie (15 %). Le salariat y est marginal (10 %), souvent informel lui aussi, sans contrat ni protection sociale.