A beau mentir qui vient du rideau de fer
Où peut-on trouver un exemple de mensonge stupide? Cherchons en premier lieu dans la sphère des relations internationales. Justement, nous avons un cas aujourd’hui. Le président du Rwanda Paul Kagame a effectué une visite à Alger, à l’issue de laquelle il a donné une conférence de presse avec le président algérois Abdelmajid Tebboun.
Connaissant ce dernier, on voit bien qu’on a déjà compris. Mais voici les détails. Le président d’Alger a déclaré qu’il avait discuté de la question du Sahara marocain avec Paul Kagame et qu’ils étaient tous deux d’accord sur la solution du référendum d’autodétermination. C’est ce que l’Algérie oppose au plan d’autonomie du Maroc qui bénéficie d’un très large soutien international.
Dans son discours, par contre, le président rwandais n’a pas eu un mot pour le Sahara marocain.
Le président Tebboun avait un objectif: faire relayer par les médias de son régime sa version, même si elle n’est pas validée par Paul Kagame. L’essentiel c’est que le Polisario sache qu’il travaille bien pour lui. A ce titre, on ne peut pas comprendre l’attitude des Algérois si on n’a pas en tête la main mise du Polisario sur le régime. La preuve? Pour avoir une promotion, une nomination à un poste important, il faut montrer son soutien au Polisario et à sa haute au Maroc. On peut le prouver.
Plus tard, le président rwandais, comprenant qu’il a été trompé, a publié son discours dans son intégralité pour que tout le monde sache que le président algérien avait pris trop de libertés avec l’événement.
Parce que, il faut le préciser, si le Rwanda adopte la position algérienne, il aura du mal à maintenir ses bonnes relations avec le Maroc. Même si le pays reconnaît, depuis 1976, la prétendue république du Sahara, dans les provinces du sud du Maroc, il n’a jamais été, vraiment actif. Paul Kagame n’était pas encore aux affaires.
C’est plutôt un héritage du passé. Le président de l’époque était Juvénal Habyarimana, auteur d’un coup d’Etat en 1973 contre le président Grégoire Kayibanda. Sa présidence a duré 21 ans, de 1973 à 1994. Le génocide rwandais c’est lui. En 1976, il est utile de le mentionner aussi, le Rwanda était soutenu par la France de Valéry Giscard d’Estaing. C’est important de le rappeler pour ne pas oublier le rôle de la France dans les conflits africains.
Néanmoins, entre 1976 et 2025, le monde a beaucoup changé. La désintégration du bloc soviétique a laissé quelques orphelins, très peu en fait, parce que la majorité a compris où était son intérêt. Parmi ces orphelins, Cuba, l’Algérie entre autres. Des pays toujours gérés par la génération de l’ère soviétique et qui vivent sur les ruines d’un système désuet dont ils gardent certains aspects, notamment, les longues files devant les magasins de lait, de farine, d’huile ou devant les stations-service.
Revenons, après cette brève digression à nos moutons... roumains. Les mensonges en politiques ça peut être utile à condition que celui qui les invente soit intelligent. Il ne faut dire par exemple que le système de santé algérien est le meilleur en Afrique et mieux que certains pays européens. Ça va se voir. Les réseaux sociaux d’aujourd’hui révèlent l’étendue du malheur sanitaire algérien. Il ne faut pas non plus dire qu’on est une puissance militaire régionale quand on n’a gagné aucune guerre.
On peut mentir, c’est accepté, mais attention, le mensonge est un révélateur du degré d’intelligence. C’est plus rigoureux que les mathématiques. Il faut être sûr que le mensonge si on lui applique n’importe quelle opération, division, soustraction, addition, multiplication, il reste indétectable.
A vos ardoises donc!