À l'intérieur de "l’Opération Narnia" : comment le renseignement israélien a ciblé des scientifiques nucléaires iraniens de premier plan
Israël a lancé l’Opération « Lion Ascendant » vendredi dernier, marquant une frappe initiale puissante dans sa guerre contre l’Iran. L’opération a permis d’éliminer de nombreux hauts responsables du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (IRGC) ainsi que des figures clés impliquées dans le programme nucléaire iranien.
Les responsables du renseignement israélien ont classé les scientifiques nucléaires iraniens en quatre niveaux de priorité d’élimination, allant du plus au moins urgent. Les scientifiques dotés de la plus grande expertise militaire et les plus difficiles à remplacer figuraient en haut de la liste. Israël a ensuite établi une liste d’élimination prête à l’exécution sur ordre, avec les scientifiques les plus dangereux en tête.
La réussite de la frappe, qui a également visé ces scientifiques, a été rendue possible grâce aux renseignements extrêmement précis de la Direction du renseignement militaire israélien. Les scientifiques tués étaient des figures centrales du programme nucléaire iranien, cumulant des décennies d’expérience dans le développement d’armes nucléaires. Beaucoup étaient des successeurs directs de Mohsen Fakhrizadeh, considéré comme le père du programme nucléaire iranien.
Scientifiques clés éliminés lors de la frappe
Parmi les scientifiques nucléaires de haut rang éliminés lors de l’opération figuraient :
- Fereydoun Abbasi, expert en ingénierie nucléaire
- Mohammad Mahdi Tehranchi, expert en physique
- Akbar Matlali Zadeh, expert en ingénierie chimique
- Saeed Beraji, expert en ingénierie des matériaux
- Amir Hassan Faqahi, expert en physique
- Abd al-Hamid Minushahr, expert en physique des réacteurs
- Mansour Asgari, expert en physique
- Ahmad Reza Davalparki Daryani, expert en ingénierie nucléaire
- Ali Bakhayi Kathehremi, expert en mécanique
En coulisses : la planification de l’opération
Un haut responsable de Tsahal (IDF) a donné un aperçu de la planification :
« 120 personnes issues du renseignement militaire et de l’armée de l’air ont été rassemblées dans une installation de l’Unité 8200 pour planifier l’opération. En janvier, la pression montait car aucune solution n’avait encore été trouvée. Le consensus était clair : nous devions développer des solutions pour neutraliser les systèmes de défense aérienne. »
Il a ajouté :
« Au cours de l’année écoulée, nous avons commencé à construire une banque de cibles, et la percée a eu lieu lorsque nous avons découvert une base de renseignement et une base aérienne. Cependant, cette banque de cibles ne comptait pas encore suffisamment d’objectifs. Chaque équipe avait sa mission : éliminer les scientifiques nucléaires, neutraliser les centres de commandement et les systèmes radar. C’est ainsi qu’a commencé l’Opération 'Lion Ascendant'. »
Guerre psychologique : la nouvelle approche d’Israël
De manière inattendue, Israël a également adopté une stratégie de guerre psychologique, une méthode généralement associée aux régimes autoritaires, mais que l’État hébreu avait jusqu’ici largement évitée. Mercredi, un message en persan a été publié sur le compte X/Twitter de Tsahal, appelant les citoyens iraniens à contacter le Mossad. Le message laissait entendre que certains membres du régime suppliaient Israël de ne pas transformer l’Iran en une nouvelle Gaza ou Liban. Le message, en persan, disait :
« Nous comprenons que vous vivez une situation difficile sous les conditions imposées par le régime. Ces derniers jours, nous avons reçu des messages de nos proches, inquiets face à un avenir incertain. »
Le message poursuivait :
« Même des membres des institutions sécuritaires du régime expriment de la peur, du désespoir et de la colère face à ce qui se passe en Iran, et nous demandent de contacter les autorités israéliennes — afin d’éviter le même sort que Gaza et le Liban. Cependant, nous devons préciser que nous ne sommes pas l’interlocuteur pour ce genre de demandes, et nous vous orientons vers le Mossad. Peut-être y trouverez-vous un moyen d’améliorer votre situation. »
Un lien vers le Mossad était fourni, accompagné d’un avertissement : utiliser une connexion sécurisée et chiffrée (VPN).
Le Mossad a répondu à ce message par un tweet ironique :
« L’Iran affirme avoir attaqué un bâtiment du Mossad avec des frappes de missiles. Heureusement, il n’y avait personne... tout le monde est en Iran. »