L’intelligence artificielle bientôt sous contrôle légal
Alors que le Maroc se dote progressivement d’une vision stratégique pour le développement de l’intelligence artificielle, les premières Assises nationales de l’IA, tenues à Rabat, ont été l’occasion pour la ministre déléguée chargée de la Transition Numérique et de la Réforme de l'Administration, Amal Seghrouchni, d’annoncer l’élaboration d’un projet de loi structurant prévu pour 2026.
Mounia Kabiri KettaniEn ouverture des travaux, la ministre déléguée chargée de la Transition Numérique et de la Réforme de l'Administration, Amal Seghrouchni, a annoncé qu’un projet de loi encadrant l’usage de l’intelligence artificielle est en cours de finalisation. Porté par le ministère en collaboration avec la CNDP, la DGSSI, la DGSN et l’ADD, « ce texte vise à renforcer la transparence, la responsabilité et la sécurité des systèmes d’IA utilisés au Maroc », a-t-elle précisé.
La ministre a noté que « l’IA peut aujourd’hui suggérer ou prendre des décisions. Il devient essentiel que les citoyens comprennent les critères derrière ces choix, qu’ils puissent demander des explications, et qu’un cadre clair garantisse leurs droits » ajoutant que « le gouvernement ambitionne de soumettre le texte au Parlement dès la rentrée législative prochaine ».
Au cœur du projet : la protection des données personnelles, l’explicabilité des algorithmes et la création de garde-fous juridiques et éthiques. L’objectif affiché est de permettre un développement maîtrisé de l’IA, tout en favorisant son adoption dans des domaines sensibles comme la santé, l’éducation ou la cybersécurité.
La ministre a insisté sur la nécessité d’« encadrer les usages » pour éviter les dérives : « L’IA peut être un levier puissant, mais aussi un risque si elle est mal utilisée. Il faut agir maintenant, avec clarté et responsabilité. »
Une feuille de route en préparation
Ces premières Assises nationales ont rassemblé plus de 2 000 participants pour réfléchir à une feuille de route nationale en matière d’IA. Des panels sectoriels ont illustré comment les ministères de l’Énergie, de l’Emploi et de l’Éducation commencent déjà à intégrer les technologies d’IA dans leurs stratégies.
« À l’issue de ces deux journées, nous formulerons un plan d’action concret pour structurer l’écosystème IA du Maroc, à travers l’investissement, la formation et l’innovation locale », a promis Seghrouchni.
Un panel ministériel a permis d’illustrer l’ancrage progressif de l’IA dans plusieurs politiques publiques. Le ministère de la Transition énergétique a mis en avant le rôle des data centers dans la gestion intelligente de l’énergie. L’Éducation explore déjà l’IA pour adapter ses méthodes pédagogiques, tandis que le ministère de l’Emploi évoque les mutations à venir sur le marché du travail.
La CGEM, par la voix de son président, a appelé à une intégration pragmatique de l’IA dans les entreprises marocaines, en soulignant les besoins d’investissement et de formation.
Vers une IA souveraine, éthique et inclusive
Les débats ont convergé sur trois piliers : la montée en compétence des talents nationaux, le développement des infrastructures technologiques (data centers, supercalculateurs), et l’instauration d’un cadre éthique adapté aux réalités marocaines.
En mettant en avant un projet de loi ambitieux et en mobilisant l’ensemble des acteurs publics et privés, le Maroc veut éviter un développement anarchique de l’IA et en faire un levier de transformation responsable et souverain.