Startups marocaines. Un seuil historique
Selon le rapport « UM6P Morocco Startup Ecosystem », le Maroc a franchi un seuil historique en 2024, avec un total de 94,2 millions de dollars levés par ses startups.
Lilia Habboul
Le montant record de 94,2 millions de dollars levés par les startups marocaines, en forte progression par rapport aux 33,3 millions récoltés en 2023, propulse le Royaume au 6ᵉ rang des écosystèmes technologiques africains, derrière le Nigéria, l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Kenya, mais devant des marchés comme le Ghana ou la Tanzanie.
40 jeunes entreprises ont bouclé des levées de fonds aux stades pré-seed, seed ou pré-série A. Trois d’entre elles concentrent toutefois près de 65 % du total levé, à l’image de Nuitée, une startup TravelTech qui a réussi une série A exceptionnelle de 48 millions de dollars.
Toutefois, le rapport pointe des faiblesses structurelles qui freinent la montée en puissance de l’écosystème, notamment le manque de financements en séries A et B, crucial pour le passage à l’échelle. Les tickets de 5 à 10 millions de dollars restent rares, limitant la capacité des startups à croître au-delà du stade initial.
Par ailleurs, l’absence d’un véritable marché de sortie reste un frein majeur. En trois ans, seules quatre sorties significatives ont été enregistrées au Maroc, contre plus de 20 en Égypte. L’absence de marché secondaire et de mécanismes d’ «acqui-hire » limite les possibilités de liquidités pour les investisseurs.
« Le Maroc n’est plus en marge, c’est désormais un hub émergent en Afrique du Nord », affirme Yassine Laghzioui, directeur général d’UM6P Ventures, estimant toutefois que l’écosystème n’a « pas encore atteint sa pleine maturité », la dynamique étant largement tirée par l’amorçage et le soutien d’incubateurs et d’investisseurs étrangers (Y Combinator, Flat6Labs...), sans relais nationaux solides pour soutenir les phases de croissance.
Le rapport recommande trois leviers d’action : renforcer les financements via le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, mettre en place une stratégie nationale de fusions-acquisitions, et miser sur des secteurs d’avenir comme l’intelligence artificielle, la climate tech ou la deeptech. Il appelle également à une meilleure représentation des femmes dans l’écosystème, encore largement sous-représentées dans les levées majeures.
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