Chaque visite royale officielle, en dehors du Maroc, est porteuse de messages. Celle du Mali ne déroge pas à la règle. Le Maroc contribue à la lutte contre le terrorisme et il est normal qu’il soit engagé dans le processus qui a permis au Mali de sortir d’une crise qui aurait pu lui être fatale, avec des risques pour toute la région. L’investiture du nouveau président est le signal de la reconstruction d’un Etat démocratique. Le Maroc y a contribué et y apporte son soutien. Cette visite intervient au moment où Al Qaïda a cru bon de diffuser une vidéo portant des menaces sous forme d’appel au terrorisme sur le territoire national. Il n’y a là dedans rien de nouveau. Le terrorisme international vise le Maroc depuis toujours. Notre pays s’est doté d’un projet national qui est la hantise des Jihadistes.
Nos choix, la modernité, la démocratie, le développement sont ce qu’ils haïssent le plus, nous avons choisi de célébrer la vie, de chercher à ce qu’elle soit meilleure pour tous. Ils préfèrent la mort et la destruction. Le Maroc est aussi une puissance régionale, résolument engagée dans la lutte contre leurs projets criminels. Dès 2006, les services marocains ont attiré l’attention sur la situation au Sahel et la constitution de groupes liés à Al Qaïda dans cette région. D’autres pays n’ont pas eu la même attitude. L’Algérie par exemple, contente de voir les terroristes du GIA émigrer vers d’autres cieux, a trainé les pieds en essayant de minimiser le phénomène. Aujourd’hui, malgré le succès de la reconquête du Mali, les risques se sont accrus. Le vaste territoire libyen est incontrôlé, alors que l’arsenal de la guerre menée contre Kaddafi y est en vente libre. La Tunisie et l’Algérie ont déjà eu affaire à des incursions venant de ce pays.
L’engagement du Maroc contre le terrorisme est plus lié à la nature du projet national, à des convictions profondes qu’à des considérations diplomatiques limitées.
Les risques d’instabilité sont toujours là et ils profitent au terrorisme international. Croire que la réussite militaire de l’opération française au Mali a réglé le problème serait suicidaire. Le Maroc a toujours plaidé opur une lutte multiforme. Sécuritaire bien sûr et plusieurs pays ont loué la collaboration des services marocains pour éviter des attentats. Mais dans la vision de Rabat, il faut assurer la paix, résoudre les conflits, renforcer la démocratie, encourager les initiatives de développement, pour éradiquer le phénomène. Cette vision marocaine n’est pas une simple posture. L’engagement contre le terrorisme est plus lié à la nature du projet national, à des convictions profondes qu’à des considérations diplomatiques limitées. Ce n’est pas pour plaire aux occidentaux, mais pour défendre une certaine idée de la nation et du monde que le Maroc joue le rôle qui est le sien. Incarnant la nation, le Roi le signifie en se rendant à Bamako.