Sous le choc, des millions de Marocains ont suivi en live samedi soir, la ruée d’un grand nombre de citoyens vers les rues de Tanger, Fès, Tétouan et Salé. Bravant les consignes strictes du confinement sanitaire, ils sont sortis de leurs domiciles pour « implorer » Dieu en groupe. Derrière ce pas imprudent, des appels lancés sur les réseaux sociaux par des prêcheurs et des « ra9i » pour manifester en cette soirée afin de conjurer le sort.
« Je pense que derrière ces agissements, il y a des meneurs mal-attentionnés qui ont détecté la détresse de la population en ces temps de crise et ont joué sur la corde de la religion pour les enrôler et les inciter à sortir dans la rue. Ceci au détriment de toutes les consignes de prévention et de confinement sanitaire lancées par les autorités », s’insurge Dr Mostapha Massid, psychothérapeute. D’après le praticien, cette foule a été profondément influencée par les discours faussement apaisants de ces « conspirateurs ». Le psychologue n’hésite d’ailleurs pas à utiliser le mot « conspiration contre les Marocains et le Maroc » quand il qualifie ce qui est arrivé samedi soir.
Analysant la situation, Dr Massid décrit une foule constituée d’individus vulnérables trainant un passé traumatique dont résulte des personnalités fragilisées et hautement influençables. « Ce sont des adultes fragiles qui, à cause de la souffrance liée aux conditions actuelles, deviennent manipulables. Ces meneurs ont pu les toucher profondément en instrumentalisant la religion. Ils ont utilisé le discours religieux car c’est une corde très sensible en temps de grande crise chez les individus désorientés et en mal d’assurance », analyse le psychothérapeute. D’après Dr Massid, ces personnes qui se sont aventurées samedi dans la rue, ne sont nullement courageuses comme serait tentés de le croire certains, « Leur comportement est la preuve d’une grande panique, d’une peur démente. Ils se sont précipités dans la rue dans un élan de survie » rajoute le psychologue.
Ce dernier évoque une forme d’hystérie religieuse qui s’est rajouté à une réaction « naturelle » liée à l’inconscient collectif. Explication ? « Lorsque samedi soir, quelques individus se sont aventurés dans la rue, d’autres les ont rejoint et ont suivi « automatiquement ». C’est un mécanisme lié à l’inconscient collectif. Dans ce cas, la foule représente pour eux, la sécurité et l’assurance », nous explique Mostapha Massid. Une fausse sensation de sécurité d’ailleurs car les agissements irresponsables de ce samedi soir ont été d’une imprudence inouïe. Les réactions des internautes dimanche matin en disaient long sur l’ampleur du choc et les craintes exacerbées par rapport à une éventuelle contamination à grande échelle entre les « manifestants imprudents ». De multiples appels ont été lancés pour dénoncer ces incidents et pour appliquer en urgence la loi portant sur l’insubordination et spécialement en temps de confinement sanitaire.