Société
Rentrée scolaire: Le niqab afghan d’une collégienne à Chefchaou fait polémique
Mohammed Zainabi
La rentrée scolaire divise. Entre présentiel et distanciel, le débat n’est pas encore tranché. S’y ajoute désormais la question des normes vestimentaires des élèves. Le niqab d’une collégienne à Chefchaouen impose réflexion, voire réglementation.
Mohammed Zainabi
De retour à l’école, une collégienne, de 12 ans, est arrivée récemment au collège Hassan 1er de Chefchaouen en niqab afghan. Des bruits ont couru sur son renvoi par le directeur de cet établissement scolaire à cause de son accoutrement. Aussitôt, une vive polémique a éclaté sur les réseaux sociaux.
La plupart des commentateurs défendent la fillette, estimant qu’elle a la liberté de s’habiller comme elle l’entend. Les défenseurs du niqab s’acharnent sur le directeur, estimant qu’il n’avait pas le droit de renvoyer la fille.
D’autres font savoir que l’habit islamiste de la fillette a dû lui être imposé par ses parents. Leur principal argument est qu’à son âge, cette élève ne pourrait pas prendre d’elle-même une décision aussi radicale.
Contacté par nos confrères de Kifache.com, le directeur du collège Hassan 1er de Chefchaouen a rétabli la vérité. «En voyant l’habit de la jeune élève, je ne l’ai absolument pas renvoyée et ne lui ai même parlé. J’ai appelé plutôt ses parents, leur ai expliqué les gênes que provoque le niqab pour leur fille et qui risquent de perturber sa scolarité», affirme-t-il.
Par gênes, l’éducateur en chef souligne qu’il entend la difficulté pour la fillette de porter le masque obligatoire avec le niqab, de donner la possibilité à son enseignant de voir les expressions de son visage qui révèlent le degré de son attention et de sa réactivité, de montrer sa façon d’articuler dans les cours de lecture…
Le directeur révèle que les parents de la fillette ont bien accueilli ses observations et l’élève suit normalement ses cours en portant un voile ordinaire
Pédagogue, ce directeur se dit être dans l’impossibilité de déterminer si l’habit initial de la fillette était réglementaire ou pas. La seule norme qu’il dit connaître est que les habits des élèves ne doivent pas attenter à la pudeur.
Plutôt que de mettre la poussière sous le tapis et de faire comme si de rien n’était, cette polémique autour du niqab au sein de l’école marocaine est un vrai sujet. Comment auraient réagi les parents si le directeur avait effectivement renvoyé leur fille alors qu’eux avaient tenu à l’habit ultra islamiste ? Qu’aurait pu faire le directeur si les parents avaient rejeté ses explications et défendu la sacralité le niqab ?
A l’évidence, il y a un vide à combler pour aider enseignants et responsables de l’éducation nationale et de l’enseignement en général à prendre des décisions bien fondées... L’ijtihad peut certes résoudre parfois des conflits, mais le plus souvent il les complique.
