Le minerai de fer représente, à lui seul, 30 % des recettes budgétaires et 50 % des exportations de la Mauritanie. On ne peut donc pas toucher à la colonne vertébrale de l’économie du pays. Le minerai est extrait dans la région de Zouérate et effectue un parcours long de 650 Km avant de prendre la mer au terminal portuaire de Cansado à Nouadhibou.
Les convois de 17.000 tonnes qui parcourent le désert doivent être sécurisés cela va de soi. C’est ainsi en tout cas que certains analystes expliquent les dernières manoeuvres de l’armée mauritanienne dans la région. Un exercice habituel, certes, mais cette fois on pense que des forces vont rester sur place.
Ce chemin de fer est l’infrastructure la plus stratégique de Mauritanie. Le fait qu’il longe parfaitement la frontière avec les provinces du Sud du Maroc est une assurance de sécurité et de pérennité. Par contre la proximité avec l’Algérie et le Mali pose problème. L’Algérie abrite la bande du Polisario qui rêve d’établir un Etat dans les provinces marocaines.
Personne ne peut imaginer les conséquences si se rêve venait à se réaliser. La menace sur l’infrastructure ferroviaire, si importante pour l’économie du pays n’est pas une vue de l’esprit, on sait que le Polisario, logé et nourri par l’Algérie, constitue un facteur grave d’instabilité dans la zone.
Ajoutons-y les menaces des groupes terroristes qui opèrent au Mali et on peut mesurer l’ampleur du drame.
A quoi tout cela va nous mener? A la conclusion que le projet de gazoduc Nigéria-Maroc est une aubaine pour la Mauritanie. Ce serpent de près de 4.000 Km de longueur bénéficiera aux 15 pays qu’il va traverser et exigera une stratégie de sécurisation qui profitera également aux installations minières et ferroviaires de la Mauritanie.
On comprend alors pourquoi l’Algérie essaie de faire pression sur la Mauritanie, employant tous les moyens pour que ce pays n’adhère pas au projet de gazoduc. Oui, mais elle offre quoi en échange, sachant que le gazoduc qu’elle propose ne passe pas par la Mauritanie? Elle n’offre rien et ne bouderait pas le plaisir de voir la Mauritanie toujours sous la menace du Polisario, donc sous sa menace, puisque le Polisario n’est que son outil de déstabilisation régionale.
Ce qu’il faut retenir aujourd’hui c’est le fait que l’Algérie qui n’a plus de diplomatie depuis que le bloc de l’Est est tombé et surtout après le retour du Maroc à l’Union africaine, avec le succès qu’on connaît, recourt aux voies non diplomatiques pour réaliser ses rêves sur le terrain. Les voix non diplomatiques on sait ce que sait, le Polisario et les faux groupes terroristes qui écument le désert.