
Ce que Casablanca a vécu mardi dernier est d’abord un événement politique, d’une portée très importante. C’est la consécration d’une diplomatie Royale basée sur la coopération triangulaire. Il n’est pas anodin de voir les Emirats Arabes Unies, le Koweït, le Qatar et l’Arabie Saoudite participer, à parts égales, dans le plus grand fonds des fonds de l’Afrique, à travers des fonds souverains, alors que la tension diplomatique est au paroxysme entre ces pays. En effet, les Emirats et l’Arabie Saoudite ont retiré leurs ambassadeurs à Doha. Le Maroc, subtilement, dans une confidentialité absolue, travaille à la reprise des relations. Il le fait d’autant plus aisément que toutes les monarchies du Golfe lui reconnaissent un statut particulier, au point d’envisager l’adhésion du Maroc à l’ensemble régional du CCG. C’est un événement politique, parce que c’est la consécration d’une vision du développement. Les fonds souverains des pays du Golfe, les institutions de Bretton-Woods au travers de la Banque Mondiale, la Banque européenne d’investissement, la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement et l’Etat marocain sont associés à un projet de développement de l’une des villes les plus emblématiques d’Afrique. C’est une vision du co-développement qui est consacrée. Le projet est porteur de valeurs à la fois écologiques, culturelles, de développement humain. Ce n’est pas un simple investissement aux retombées financières, mais un vrai projet de rénovation d’une cité, de son recentrage, en vue d’en faire une métropole agréable à vivre, offrant des emplois, mais aussi de la culture, un environnement propice à la promotion des valeurs humaines. Les montants dont on parle sont importants. Trois milliards et demi en investissements en fonds propres, c’est unique dans les annales. Le projet vise tout simplement à reconfigurer la grande métropole. Le réaménagement du port, en revitalisant les chantiers navals, en offrant un espace aux plaisanciers, en structurant la pêche côtière, constitue un point important. Mais au-delà, c’est la cohérence du projet qui ressort. La revitalisation de l’ancienne Médina est un fait social, culturel important. Trois cent millions de dirhams seront réservés à cette action. Mais en même temps, tout le centre-ville accueillera des investissements tendant à changer la configuration actuelle, tout en respectant le patrimoine et en le valorisant. C’est donc un projet intégré, cohérent, qui fait la part belle à la promotion du patrimoine. L’histoire de Casablanca connaît un point de bascule. Il s’inscrit dans une vision stratégique énoncée depuis 10 ans. La cohérence finit par payer .
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