NABIL AYOUCH REÇOIT UN PRESTIGIEUX PRIX AU 65E FESTIVAL FRANÇAIS SECTION «UN CERTAIN REGARD», APRÈS CHAHINE ENTRE AUTRES. GRÂCE À «CHEVAUX DE DIEUX»
Ce Marocain d’origine marocaine vient de remporter avec un film marocain un prix qui a récompensé une oeuvre marocaine. Le trophée décerné à ce Marocain a consacré le Maroc. Et nous voilà ravis que ce soit un film marocain, représentant le Maroc qui ait arraché cette reconnaissance qui flatte cette année le Maroc. La joie est, forcément, marocaine. Et pas seulement. Avons-nous pensé à tous ces expatriés, Marocains de naissance ou d’essence ? Ils sont tous, aujourd’hui, émus de savoir que c’est un Marocain du Maroc qui a pu s’octroyer un grand geste venu du pays des Lumière.
Car, sans forcer le trait soulignant la compétence, les avis sont - jurons-le - convergents. Car, sans mener un sondage, ces mêmes avis sont fermes. Car Nabil Ayouch a mérité son prix, IPSOS facto. Et puis, un Marocain du Maroc qui rentre dans son pays - Le Maroc- en lui offrant un plébiscite, ne peut s’ériger qu’en créateur pensant à servir son pays - Le Maroc- en lui ramenant un objet déterminant de sens. Le Maroc est un pays que nous semons tous.
Parfois à tort, souvent à raison, avec nos travers. Mais l’amour est toujours de mise. Ayouch vient de le confirmer avec un long métrage qui pointe le mal, qui s’indigne et qui met à plat les raisons d’un dérapage. Et comme l’explique l’association François Chalais qui lui a décerné le Prix du même nom : «Le réalisateur présente ici un film courageux qui dénonce la misère des bidonvilles en ce qu’elle génère les pires actes de désespoir.» Et voilà ce maudit 16 mai 2003 immortalisé sur grand écran.
Une toile scénarisée par Jamal Belmahi et basée sur le roman «Les Etoiles de Sidi Moumen» de Mahi Binebine. Quant au Prix, il a été créé en 1997, un an après la disparition de François Chalais, critique français de cinéma. Il récompense, chaque année, des oeuvres traduisant «la réalité du monde». Et quels chauvins sommesnous ! On a failli oublier la Palme d’or. Elle est revenue à l’Autrichien Michael Haneke pour «Amour». Mais bon, il n’est pas Marocain.