L’un des leaders mondiaux du transfert d’argent, MoneyGram, renforce sa présence africaine en ouvrant un bureau régional à Casablanca. Ce bureau devient aussi le 20 000e point de vente en Afrique, et le 6 000e au Maroc, mais surtout le hub pour toute la région de l’Afrique.
Par : Mounia Kabiri Kettani
Le marché marocain de transfert rapide d’argent est aujourd’hui estimé à près de 7 milliards de DH. Deux géants américains se partagent le gâteau : Western Union et MoneyGram. Ce dernier veut renforcer à la fois sa présence au Maroc et en Afrique en ouvrant son 20 000e point de vente sur le continent. À travers cette nouvelle représentation, la 6 000e au Maroc, MoneyGram envisage de servir le continent africain dans son ensemble. « En tant que capitale économique du Maroc, Casablanca constitue aujourd’hui le pont entre l’Europe et l’Afrique de par sa position géostratégique. Il est donc devenu essentiel pour notre croissance de renforcer notre présence en Afrique avec ce nouveau bureau à Casablanca, venu s’ajouter à ceux de Lagos et Johannesburg » a annoncé Hervé Chomel, vice-président Afrique de MoneyGram, lors d’une rencontre avec les partenaires et la presse la semaine dernière.
Vers la conquête de l’Afrique
Au cours des deux dernières années, le rythme d’ouverture sur le continent s’est accéléré pour le groupe, grâce à un réseau de partenaires comme Ecobank Nigeria et First National Bank en Afrique du Sud. Ce sont presque 3 000 nouveaux points de vente de plus. « Actuellement, nous visons l’augmentation du nombre de points de vente partout en Afrique, afin de rendre nos services toujours plus pratiques et accessibles au plus grand nombre », précise Carl Scheible, vice-président exécutif Europe et Afrique de MoneyGram. Le potentiel est là, surtout que les transferts de fonds vers l’Afrique étaient estimés à 38,6 milliards de dollars en 2010 par la Banque mondiale. Au niveau international, dans un marché en régression, le groupe se vante d’afficher une solidité et une croissance financière estimée à 13% contre 7% pour le secteur et ce, en dépit de la crise qui touche un certain nombre de pays émetteurs. Les responsables restent confiants face au développement du marché marocain. « MoneyGram gagne des parts de marché au Maroc. Les derniers résultats le prouvent. Nous gagnons de plus en plus de parts de marché. Notre concurrent a annoncé, lui, des chiffres en déclin et déclaré qu’il continuerait à se retirer. On le remercie, il nous laissera un peu plus de place », se réjouit Chomel.
Entretien avec Hervé Chomel, vice-président Afrique de MoneyGram.
Aujourd’hui, MoneyGram ouvre un bureau à Casablanca qui sera le centre de gestion de toute l’Afrique. Pourquoi le Maroc ?
Il est important pour notre groupe, dans le cadre de sa croissance dans la région, d’avoir une présence physique. L’importance économique du Maroc et de Casa au niveau de l’Afrique et son dynamisme se révèlent des facteurs encourageants quant à l’installation d’un bureau. Selon la Banque mondiale, le Maroc a été classé au troisième rang dans la région MENA en terme de réception de fonds, d’où notre choix du Royaume pour être le hub de tout le continent africain. De plus, c’est un marché prometteur pour le développement de nos activités.
Cette installation aura-t-elle un impact concret sur votre stratégie de développement au Maroc ?
Notre objectif c’est d’être plus proche de nos clients et de nos partenaires pour mieux comprendre leurs besoins. Par ailleurs, nous comptons nous développer dans d’autres canaux tels que le GAB et les mobiles. Ceci aura certainement un impact sur nos chiffres, déjà en croissance au Maroc. Mais notre ambition aujourd’hui est de grignoter plus de parts de marchés et de devenir ainsi N°1.
Comment se porte le marché des transferts aujourd’hui dans un contexte de crise ?
Le secteur des transferts est en ralentissement passager, mais pas en crise. Nous ne sommes pas inquiets quant à la baisse des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), notamment ceux en provenance de l’Europe. Cette érosion temporaire est compensée par les transferts en provenance des USA, du Moyen-Orient ou encore de l’Afrique. Le montant annuel des transferts de fonds des diasporas vers l’Afrique est estimé à plus de 40 milliards de dollars dont 21 milliards pour le seul Nigeria (160 millions d’habitants). C’est la raison pour laquelle nous misons sur l’Afrique aujourd’hui. Notre développement passe par la conquête de cette terre.