Energie Le solaire est une grande tarte planétaire. Ne pourra avoir sa part que celui qui aura bien conçu une véritable stratégie. Tous les gouvernements le savent et au Maroc, les industriels qui ne manquent pas d’esprit d’initiative ont besoin d’un grand coup de main. Pour le pays, il s’agira de capter une part de cette valeur ajoutée générée par la filière solaire.
Par : Hakim Arif
L’énergie solaire n’est pas un projet seulement énergétique. Pour Mustapha Bakkoury, le président du directoire de Masen, le solaire peut constituer une véritable rampe de lancement pour un ensemble d’industries. C’est pourquoi les deux ministres de l’énergie et de l’industrie se sont associés à Masen pour présenter aux industriels marocains les différentes possibilités offertes par cette source d’énergie. Un grand débat a eu lieu le 21 janvier à Skhirat. La question était de savoir comment promouvoir la filière solaire. Pour le ministre de l’industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Abdelkader Amara, il s’agit de donner de la visibilité aux investisseurs du moment que la filière recèle un nombre important d’opportunités. L’essor des investissements au niveau international donne de l’espoir au tissu industriel marocain, en 2011, 257 milliards de dollars ont été consacrés aux technologies solaires. Bien entendu, pour que les industriels marocains soient intéressés, il faudrait mettre en place les conditions nécessaires et notamment le cadre réglementaire adéquat ainsi que les conditions techniques et financières. Une étude est déjà en cours pour cerner les aspects juridiques et plus particulièrement la question de la compensation a annoncé Abdelkader Amara. Côté financement, l’Etat est aux petits soins. Une aide de 20 millions de dirhams pourra être accordée à tout projet par le Fonds de développement de l’énergie. Elle pourra être cumulée avec les prises de participation de la Société d’investissement en énergie. Ces deux outils constituent les principales incitations pour les industriels, 7 milliards de dirhams ayant été mobilisés rien que pour la première tranche, a souligné Fouad Douiri, le ministre de l’énergie, des mines, de l’environnement et de l’eau. Autre ingrédient majeur, nécessaire au développement de la filière, la formation. Les trois centres de formation à Ouarzazat, Tanger et Oujda devraient en principe fournir les compétences nécessaires au développement de la filière. A Ouarzazat, une zone industrielle est spécialement dédiée aux technologies énergétiques. L’énergie solaire, ce n’est pas uniquement les grandes centrales comme celle de Ouarzazat. Un très grand potentiel existe dans le solaire résidentiel par exemple. Un projet de fabrication de chauffe-eau devrait être lancé avant fin 2013 a annoncé Fouad Douiri. Ce sont par ailleurs des projets qui peuvent facilement être adaptés aux tailles des PME/PMI qui constituent le plus gros des effectifs du tissu industriel marocain. Un long chemin reste à parcourir, dira Mustapha Bakkoury qui reste confiant puisque, dit-il, « les réalisations atteintes jusqu’à présent, nous confortent dans nos ambitions ». Ambitions légitimes puisque le développement des énergies renouvelables, solaire et éolien réunis, pourrait faire économiser au pays des milliards de dollars engloutis par la facture des énergies fossiles. A l’horizon 2020, le Maroc devrait disposer d’une capacité installée en énergie solaire de 2000 MW, ce qui représente une production annuelle de 4500 GW, soit 14% de la capacité électrique totale. Avec cette production, le Maroc diminuera ses importations d’un million de tonnes équivalent pétrole. Les écologistes seront heureux de savoir que cette performance évitera d’émettre 3,7 millions de tonne de CO2.