
«L’Algérie c’est ma mère, la France c’est mon père ». C’est ainsi que s’est exprimé un franco-algérien, devant les caméras, à l’issue de la qualification de l’Algérie au second tour de la coupe du monde. Ce n’est pas parce que l’extrême droite s’en saisit que cette vision de la double nationalité n’est pas problématique. Elle l'est à plusieurs titres. Il est d’abord impossible de se réclamer de deux patries, aux destinées très différentes. Ce qui n’est pas la même chose quand il s’agit de culture, la double culture étant une richesse. Cette vision de la double nationalité est d’abord la preuve éclatante de l’échec de l’intégration. Que plusieurs générations après, les migrants, qui ont acquis la nationalité et sont donc là pour toujours, se réclament à moitié français est un échec. Les Portugais, les Espagnoles, les Polonais et les Italiens se sont fondus dans la société. Certes, ils gardent des liens nostalgiques avec le pays d’origine, mais se considèrent totalement français. Parce qu’il y a eu Vichy et ses lois scélérates, la communauté juive est israélienne. Chaque année, des milliers de jeunes français effectuent leur service militaire en Israël, acte nécessaire pour avoir la citoyenneté de l’Etat hébreu. « Bi-national » est une anomalie. Elle cache des réalités très diverses. Il y a ceux pour qui le passeport français n’est qu’une facilité administrative. Contrairement à ce que l’extrême droite affirme, ceux-ci sont minoritaires. En majorité, les migrants, dès la seconde génération, savent que leur avenir est définitivement français. Plus leur effort d’intégration est contrarié, plus ils s’accrochent au pays d’origine. N’en déplaise à certains, il est réellement choquant de voir la marseillaise sifflée au stade de France. Nul ne sait ce que se serait passé, si la belle équipe algérienne avait éliminé l’Allemagne. C’est un autre visage des difficultés d’intégration en France. Les Turcs Allemands ont une propension plus grande à se revendiquer du pays de Goethe et non plus de celui d’Atatürk. Mais le problème, le phénomène de la double nationalité est universel. Les pays émetteurs le vivent en sens inverse. Ils sont heureux de l’attachement des migrants, parce qu’ils constituent un apport important en devises, par le biais du soutien familial essentiellement. Mais est-il normal qu’un ministre ou des commis de l’Etat soient citoyens d’une puissance étrangère, comme c’est souvent le cas en Afrique ? Au risque de déplaire encore, il nous parait impossible d’avoir deux patries. Parce que le lien patriotique est trop fort, trop complexe pour être vécu de la même manière doublement. Au cours de la deuxième guerre mondiale, les USA ont installé les Américains d’origine nippone dans des camps, par peur d’avoir une cinquième colonne. C’est un vrai crime de la part de Washington, mais il démontre la difficulté à gérer une double allégeance, dans des situations paroxystiques. Ce qui est normal, c’est ce que ceux qui ont acquis une nouvelle nationalité, s’y investissent totalement en gardant leur spécificité culturelle. Ce choix personnel assumé a un nom : l’intégration. Quand elle est réelle, celle-ci enrichit le pays concerné. C’est son échec qui fait des flux migratoires un problème ❚