Il n’y a pas mieux qu’un Big Boss comme l’Américain Jeff Hoffman pour parler de l’entrepreneuriat. Ses avis valent leur pesant d’or.
Entretien réalisé par Mohammed Zainabi
L’Observateur du Maroc et d’Afrique : De nombreux jeunes sont venus vous demander conseil à l’occasion de la conférence annuelle de CEED Maroc. Que leur répondez-vous ?
Jeff Hoffman : Le principal conseil que je donne aux jeunes marocains voulant réussir dans le business est d’essayer de se concentrer sur une bonne idée et une seule ; celle qui apporterait réponse à une problématique clairement définie. Il faut savoir qu’on ne peut réussir que dans ce qu’on connaît le mieux. Donc la dispersion des idées et des forces est à éviter absolument. Beaucoup de gens pensent aujourd’hui qu’il leur faudrait créer quelque chose qui serait de la taille de Facebook et qui aurait du succès partout dans le monde. Or, cette bonne idée n’apporte rien de précis aux Marocains.
Que faire face au blocage que représente la peur de l’échec ?
Si vous avez vraiment peur d’échouer, c’est que vous n’avez pas l’âme d’un entrepreneur et que vous ne pourrez pas le devenir. Les vrais entrepreneurs ont plus peur de ne pas essayer que d’échouer.
Mais n’aviez-vous, vous-mêmes, aucune peur quand vous aviez débuté dans le monde des affaires ?
Pas vraiment.J’avais surtout peur d’avoir une vie ennuyeuse, une vie qui ne mériterait pas qu’on s’y intéresse. Je me suis donc dit qu’il vaudrait mieux essayer quelque chose quitte à échouer par la suite. Je me disais que cela serait toujours plus intéressant que de ne rien tenter. Bien sûr que nous avons tous peur de perdre et d’échouer, mais je n’ai jamais laissé cette peur m’habiter.
Vous êtes conseiller du Président Obama, quel est le principal conseil que vous lui répétez le plus ?
Que le gouvernement peut beaucoup aider les entrepreneurs et ce, de différentes manières. Il peut améliorer les lois fiscales et celles liées à la facilitation de l’investissement. Il peut aussi améliorer les lois concernant l’emploi. Il y a beaucoup de changements que le gouvernement peut impulser pour aider les entrepreneurs et c’est sur cela que j’insiste le plus.
Vous diriez la même chose au gouvernement marocain ?
Absolument, j’ai passé la soirée d’hier avec un groupe d’entrepreneurs marocains et nous avons longuement parlé du gouvernement. J’en conclus qu’effectivement, le gouvernement marocain peut faire la même chose. Vous savez, c’est difficile de virer une personne au Maroc parce que vous aurez à lui payer énormément d’argent. Cela peut freiner l’élan d’une startup. Par conséquent, il faudrait, par exemple, créer une réglementation dédiée à ce genre d’entreprises. En somme, il y a de nombreuses lois qui ont besoin d’être améliorées en faveur des entrepreneurs.
Nous vivons dans un monde de crises. Que vous inspirent-t-elles ?
Sûrement pas la peur. Une crise n’est qu’une raison de plus pour être ou devenir un entrepreneur. C’est dans de pareilles conjonctures qu’on peut proposer des solutions inédites afin de rééquilibrer les balances déviantes plus rapidement et à moindre coût. C’est dans les moments de crise qu’on a le plus besoin d’entrepreneurs novateurs.
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Carte de visite
Jeff Hoffman est un «serial entrepreneur» américain. Il est notamment le fondateur du très célèbre site marchand «priceline.com». Son succès est tel qu’il lui a valu la confiance du Président Obama qui l’a fait conseiller. Il était à Casablanca où il est revenu, au mois de septembre dernier, participer à la version marocaine de CEED Annual Conference.